Dans le cadre de la grande rentrée scolaire de 2025, le nouveau ministre de l’Éducation, le Dr Mahend Gungapersad met l’accent sur les différents défis qu’il entend relever dans l’intérêt des élèves. L’interdiction des portables dans les classes devrait être une réalité cette année.
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En tant que ministre de L’Éducation, quels sont les principaux défis que vous anticipez pour cette rentrée scolaire ?
Le thème choisi est : « L’Éducation, un nouveau départ, un nouvel Espoir. » En tant que ministre de l’Éducation, je reconnais que cette rentrée scolaire s’accompagne de plusieurs défis importants. Tout d’abord, l’une de nos priorités est de garantir que tous les élèves aient accès à leurs manuels scolaires et bénéficient de l’encadrement nécessaire par des enseignants qualifiés.
Il est aussi essentiel de traiter les problèmes de discipline dans nos écoles. Nous devons redonner à l’école son rôle central en tant qu’institution de transmission de savoirs et de valeurs. Il ne suffit pas de délivrer des connaissances, il faut également que l’école soit un lieu de respect, de partage et d’épanouissement. Dans cette optique, je souhaite mettre en place des programmes plus robustes pour combattre la violence, le harcèlement scolaire (« bullying »), ainsi que l’usage de drogues. Le personnel enseignant et non enseignant doit être formé pour devenir des modèles à suivre, des référentiels dans l’éducation morale et civique des jeunes. Un environnement scolaire sain est la base pour une réussite académique durable.
Un autre axe important de l’évolution de notre système éducatif concerne l’amélioration des pratiques pédagogiques. Nous devons réévaluer et réinventer notre approche du teaching and learning. Cela inclut une mise à jour des méthodes d’enseignement pour intégrer les nouvelles technologies, mais aussi une attention particulière portée à l’approfondissement de la pensée critique et de la créativité. Les élèves doivent apprendre à penser par eux-mêmes, à résoudre des problèmes et à s’engager activement dans leur propre apprentissage.
Enfin, un point qui me tient particulièrement à cœur, c’est de redonner à la lecture la place qu’elle mérite. À Maurice, nous avons un déficit de culture de lecture, tant chez les jeunes que chez les adultes. Il est important d’initier les élèves dès le plus jeune âge à la lecture, et de développer des espaces et des moments où cette activité peut être cultivée. Cela passera par des campagnes de sensibilisation, la mise en place de clubs de lecture et l’extension de l’accès aux bibliothèques scolaires. La lecture ne doit pas être vue comme une tâche scolaire, mais comme une source de plaisir, de découverte et d’enrichissement personnel.
Nous avons un défi de taille devant nous. Toutefois, je suis convaincu qu’avec la collaboration de toutes les parties prenantes : enseignants, parents, élèves, et partenaires sociaux, nous pourrons transformer notre système éducatif pour qu’il soit à la hauteur des attentes et des besoins de notre société moderne.
L’une des mesures annoncées est l’interdiction des téléphones portables à l’école. Concrètement, comment cette interdiction sera-t-elle mise en œuvre ?
Effectivement, l’interdiction des portables à l’école fait partie de nos priorités afin de créer un environnement d’apprentissage plus concentré et plus productif. Je suis convaincu que les technologies doivent être au service de l’éducation et non un facteur de distraction ou de nuisance. Les portables, lorsqu’ils ne sont pas utilisés correctement, peuvent perturber l’attention des élèves. Ils peuvent aussi favoriser des comportements inappropriés comme le harcèlement en ligne ou la consommation de contenus nuisibles.
Dans la pratique, cette interdiction ne sera pas une simple règle à appliquer sans réflexion. Elle reposera sur un travail de sensibilisation auprès des élèves, des parents et des enseignants pour expliquer les raisons de cette mesure. Nous comptons sur la collaboration et la bonne foi de chacun. Ce n’est pas une question de répression, mais de responsabilisation collective.
Le but est de permettre aux élèves de se concentrer pleinement sur leurs études pendant les heures de classe, sans être distraits par leurs portables. Nous allons mettre en place des règles claires et compréhensibles, en concertation avec les écoles et les différents acteurs éducatifs. Concrètement, les élèves seront invités à laisser leurs portables dans leur sac ou dans un espace dédié, comme un casier, pendant les heures de cours. Des aménagements pourront être envisagés pour les cas particuliers, comme ceux des élèves ayant des besoins spécifiques (par exemple, pour des raisons médicales ou en cas de nécessité de communication urgente).
En parallèle, il sera important d’accompagner cette interdiction avec une meilleure utilisation des technologies dans l’enseignement. Nous souhaitons que, lorsque cela est pertinent et pédagogique, les écoles puissent intégrer les outils numériques de manière structurée. Les portables pourraient être utilisés de manière encadrée pour des projets de recherche ou des applications éducatives, mais toujours sous la supervision et la direction des enseignants.
Enfin, nous comptons sur les parents pour qu’ils soutiennent cette mesure en expliquant à leurs enfants l’importance de limiter l’usage des téléphones en dehors de la classe également. Cette interdiction ne vise pas à rendre la technologie inaccessible, mais à mieux la contrôler pour qu’elle serve les objectifs éducatifs de manière saine et productive.
Le « Foundation Programme in Literacy, Numeracy and Skills » est tout nouveau. Comment comptez-vous veiller à sa bonne marche ?
Le « Foundation Programme in Literacy, Numeracy and Skills » est une initiative essentielle pour la réussite des élèves, surtout dans un contexte où nous devons nous assurer que tous les enfants, quel que soit leur niveau d’entrée à l’école, bénéficient d’une éducation de qualité. L’objectif est de donner à chaque élève une base solide en termes de compétences fondamentales - en mathématiques, en français, en anglais et en sciences - avant qu’ils ne passent à des niveaux plus avancés de l’enseignement.
C’est une approche préventive, pour éviter les échecs scolaires en aval et permettre à chaque élève de progresser à son propre rythme. Pour assurer sa réussite, plusieurs mesures seront prises. Des programmes de formation continue seront mis en place pour aider les enseignants à adopter des méthodes pédagogiques différenciées, adaptées à chaque élève.
Nous mettrons en place un suivi régulier des élèves avec des outils de gestion de leur progrès, permettant d’identifier rapidement les besoins spécifiques et d’adapter l’enseignement. Les parents seront impliqués dès le début pour suivre les progrès de leurs enfants, et des réunions régulières seront organisées pour les informer et les soutenir. Le programme sera régulièrement évalué pour s’assurer de son efficacité et des ajustements seront faits en fonction des retours des enseignants et des résultats obtenus. Nous développerons des partenariats avec des entreprises et des institutions locales pour aligner davantage l’enseignement avec les besoins du marché du travail. Des stages et des ateliers seront organisés pour exposer les élèves aux réalités professionnelles dès leur jeune âge.
Le succès de ce programme repose sur l’engagement de tous les acteurs : élèves, enseignants, parents et autorités éducatives. Avec un suivi rigoureux et des ressources adéquates, nous avons l’ambition de faire du « Foundation Programme » un levier majeur pour la réussite scolaire des enfants.
Pouvez-vous nous parler des nouvelles initiatives prévues pour améliorer la qualité de l’enseignement ?
Nous mettrons l’accent sur la formation continue pour aider les enseignants à adopter des approches pédagogiques innovantes et adaptées aux besoins actuels des élèves. Cela inclut l’intégration des technologies éducatives, la pédagogie différenciée et le développement de compétences en gestion de classe. Les écoles bénéficieront de manuels actualisés et de ressources numériques modernes. Un programme de digitalisation des contenus éducatifs permettra aux enseignants d’avoir accès à des outils variés pour enrichir leurs cours.
Comment comptez-vous soutenir les enseignants face aux défis de cette nouvelle année scolaire ?
Les enseignants sont au cœur de notre système éducatif. Il est donc essentiel de leur fournir le soutien nécessaire pour qu’ils puissent relever les défis de cette nouvelle année scolaire. Voici nos priorités pour les accompagner :
Nous offrirons des programmes de formation continue adaptés aux besoins actuels. Cela permettra aux enseignants de maîtriser les nouvelles approches pédagogiques, les outils numériques et les stratégies de gestion de classe. Nous introduirons un programme de soutien psychologique pour aider les enseignants à gérer le stress et à maintenir un bon équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle.
Un système de mentorat sera développé, avec des enseignants expérimentés guidant les plus jeunes ou ceux qui rencontrent des difficultés. Cela favorisera l’échange de bonnes pratiques et renforcera la solidarité professionnelle.
En somme, notre objectif est de créer un environnement de travail favorable, où les enseignants se sentent soutenus, valorisés et bien préparés à affronter les défis de l’année scolaire.
Quel est votre plan pour réduire les inégalités éducatives entre les différentes écoles du pays ?
Réduire les inégalités éducatives entre les écoles est une priorité essentielle. Parmi les mesures que nous comptons mettre en place, c’est de concentrer nos efforts sur les écoles situées dans des zones considérées défavorisées. Nous allons augmenter les ressources allouées, améliorer les infrastructures et recruter des enseignants supplémentaires pour ces établissements.
Il est crucial de garantir une répartition équitable des ressources, qu’il s’agisse de matériel pédagogique, de ressources humaines, de technologies ou d’infrastructures. Les écoles les plus démunies bénéficieront d’une aide supplémentaire pour combler les écarts. En outre, des programmes de soutien seront développés pour les élèves en difficulté, avec les Support Teachers, notamment des séances de tutorat, des classes de rattrapage et un suivi individualisé de leur progression.
Pour lutter contre les inégalités sociales, nous mettrons un accent particulier sur l’enseignement technique et professionnel, afin que tous les élèves, quel que soit leur parcours, puissent trouver une voie vers la réussite. Nous mettrons aussi en place des formations identifiées pour les enseignants des écoles moins favorisées, pour qu’ils puissent mieux répondre aux besoins des élèves et aux défis spécifiques des écoles ciblées.
Notre objectif est d’assurer que tous les élèves, quel que soit leur lieu d’origine ou leur milieu socio-économique, aient accès à une éducation de qualité et équitable.
Quelles mesures sont mises en place pour garantir la sécurité des élèves en cas de harcèlement ?
Le harcèlement est un problème sérieux qui affecte non seulement l’environnement scolaire, mais aussi le bien-être et la réussite des élèves. Pour lutter contre ce phénomène et garantir la sécurité des élèves, nous nous appuierons sur quelques mesures. Il est essentiel de sensibiliser les élèves sur les dangers du harcèlement, mais aussi sur les valeurs de respect, de tolérance et de solidarité. Des programmes éducatifs seront intégrés dans le cursus scolaire pour enseigner aux jeunes l’importance du vivre-ensemble et du respect des différences.
Les enseignants auront un rôle clé à jouer. Ils seront formés pour identifier rapidement les signes de harcèlement et intervenir de manière appropriée. La formation continue leur permettra également de mieux gérer les conflits en classe et de favoriser un climat scolaire bienveillant.
Je vais m’assurer que l’équipe de Health and Wellness de mon ministère soit présente sur le terrain. Cette équipe sera chargée de fournir un soutien psychosocial aux élèves victimes de harcèlement. Il faudra aussi accompagner les auteurs de ces comportements pour comprendre les causes sous-jacentes de leur attitude et les aider à changer.
Souvent, le comportement de harcèlement provient de mauvaises habitudes ou de comportements appris dans le cadre familial. Il est donc crucial de mettre en place des programmes de réhabilitation pour les élèves auteurs de harcèlement. Ces programmes incluront des séances de sensibilisation, de réflexion sur les causes de leur comportement et des ateliers pour développer l’empathie et le respect des autres.
Les parents ont un rôle fondamental dans la prévention du harcèlement. Il est important que ces derniers deviennent plus responsables de l’éducation de leurs enfants, en inculquant dès le plus jeune âge des valeurs de respect et de tolérance. Nous allons renforcer la collaboration avec les parents pour qu’ils soient pleinement impliqués dans la lutte contre le harcèlement et qu’ils puissent intervenir rapidement en cas de besoin.
Enfin, des mesures disciplinaires claires et proportionnelles seront appliquées en cas d’incidents de harcèlement, afin de montrer que de tels comportements sont inacceptables et qu’ils auront des conséquences. Cependant, il ne s’agira pas seulement de punir, mais aussi de comprendre et de traiter les causes sous-jacentes de ce comportement.
En résumé, la lutte contre le harcèlement nécessitera un effort collectif : celui des élèves, des enseignants, des parents et des autorités scolaires. Nous devons créer un environnement où chaque élève se sent en sécurité, respecté et écouté.
Comment intégrez-vous les nouvelles technologies dans le curriculum scolaire pour préparer les élèves aux défis futurs, surtout en cas de mauvais temps ?
La question que vous soulevez comporte deux volets importants : d’une part, comment préparer nos élèves à utiliser les nouvelles technologies pour faire face aux défis futurs. D’autre part, comment tirer parti de ces technologies, notamment en cas de mauvais temps ou de circonstances exceptionnelles.
L’un de nos objectifs principaux est de doter les élèves des compétences numériques essentielles pour leur avenir. Les nouvelles technologies ne sont pas seulement un outil pédagogique, mais un levier pour leur ouvrir des portes sur des métiers en constante évolution.
Nous avons déjà entamé plusieurs sessions de travail avec les cadres de mon ministère pour développer une plateforme d’e-learning. Celle-ci permettra aux élèves d’accéder à des ressources éducatives variées, de participer à des cours en ligne et de travailler sur des projets numériques. Cela fera partie intégrante du curriculum scolaire, afin que les élèves puissent maîtriser les outils technologiques dès le plus jeune âge.
Concernant les situations de mauvais temps ou d’autres événements imprévus qui perturbent les cours en présentiel, la plateforme d’e-learning sera un outil clé pour assurer la continuité pédagogique. Les élèves pourront suivre leurs cours en ligne depuis chez eux, participer à des séances interactives et consulter du contenu pédagogique. Ce système permettra de minimiser les perturbations liées aux fermetures d’écoles et assurera une éducation continue. Nous sommes actuellement en pourparlers avec des pays amis pour solliciter leur expertise dans l’intégration des technologies dans l’éducation. Plusieurs partenariats permettront d’apprendre de leurs bonnes pratiques et de les adapter à notre contexte local.
En parallèle, je collabore étroitement avec mon collègue, le ministre de la Technologie Informatique, pour veiller à ce que les infrastructures nécessaires soient en place, notamment en matière de connectivité internet et d’accès aux équipements technologiques dans toutes les écoles.
L’intégration des technologies dans le curriculum scolaire est essentielle pour préparer nos élèves à un monde de plus en plus numérique. Grâce à la plateforme d’e-learning et à des partenariats stratégiques, nous créerons un environnement d’apprentissage flexible et innovant, tout en assurant une continuité pédagogique même en cas de mauvais temps.
Y a-t-il des projets spécifiques pour renforcer l’éducation inclusive pour les élèves ayant des besoins spéciaux ?
L’éducation inclusive est une priorité essentielle pour garantir que chaque élève, quel que soit son profil, puisse avoir accès à une éducation de qualité. Nous avons un engagement ferme envers l’éducation inclusive. Nous mettrons en place des structures de détection et de soutien personnalisé pour chaque élève. En formant les enseignants, nous garantirons à tous une éducation adaptée, favorisant leur épanouissement et la réalisation de leur potentiel.
Comme disait si bien Yves Duteil, c’est « Prendre un enfant par la main. Pour l’emmener vers demain Pour lui donner la confiance en son pas… ».
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