Il n’a pas mâché ses mots à l’encontre du ministre de la Santé. Le député travailliste, le Dr Farhad Aumeer, avance que, « face à un nouveau scandale, le Dr Kailesh Jagutpal doit démissionner ». Le parlementaire rouge était l’invité de Ruth Rajaysur et de Patrick Hilbert dans l’émission Au cœur de l’Info avec pour thème : « Y a-t-il eu maldonne autour de l’achat de Molnupiravir ? »
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Pour le député Aumeer, l’achat du Molnupiravir est « un gros scandale qui éclabousse le système de Procurement, de gestion et de leadership ». « Le Premier ministre a le devoir de dire à son ministre de step down », lance-t-il. Selon lui, il n’y avait aucune urgence pour se procurer de près d’un million de comprimés, de surcroît par voie d’un Emergency Procurement. « Il y a eu le pic avec 3 675 cas positifs en quatre semaines. Disons qu’on avait 4 000 personnes positives. Si la bombe éclatait, on aurait eu besoin de 200 000 comprimés. Pourquoi avoir fait un contrat pour un million de doses. Il n’y avait aucune urgence », affirme l’intervenant, qui pense que « si on est allé aussi vite en besogne, c’est qu’il y a anguille sous roche ».
Le Dr Aumeer pense qu’il est « trop facile de tout mettre sur le dos des fonctionnaires ». « Il y a certains qui sont véreux », dit-il, avant d’aborder l’épisode Pack & Blisters. « Il y a un manque de contrôle. Le ministre Jagutpal doit « pack and go ». C’est trop grave. Seul son ministère est pointé du doigt avec des enquêtes à tout-va ».
Revient sur le statement du ministre Jagutpal qui a dit que c’est le Dr Reesaul qui a évoqué l’urgence de la situation et recommandé l’achat de comprimés, le Dr Aumeer dira : « Je ne pense pas que le médecin a dit qu’il avait besoin de 1,2 million de doses de ce médicament en 96 heures ».
Avec toutes les commandes passées pour le Molnupiravir, on va se retrouver avec près de trois millions de doses. Ce qui équivaut au traitement de 75 000 personnes. « Se préparer ne veut pas dire gaspiller. On aurait pu acheter 400 000 doses, cela aurait été suffisant. Il faut faire de l’Intelligent Forecast, car il s’agit de l’argent public », conseille le député rouge.
Le docteur Aumeer souligne aussi que Merck a donné l’autorisation de produire du Molnupiravir sous licence à huit compagnies seulement en Inde. Il précise que la compagnie Optimus auprès de laquelle le fournisseur mauricien a acheté un million de doses ne figure pas sur la liste. Rien que cet élément sème déjà le doute. Il invite donc le ministère de la Santé a envoyer des échantillons du médicament produit par cette compagnie à Merck pour des vérifications.
Xavier-Luc Duval : «Une fraude à plusieurs niveaux»
Pour le leader de l’opposition, il s’agit « d’une fraude à plusieurs niveaux ». Même si une enquête a été ouverte, il dit « ne pas faire confiance ». « Il y a eu collaboration et complot, dit-il. On ne peut tout mettre sur le dos des fonctionnaires. Le ministre a dû donner son autorisation pour l’Emergency Procurement pour un million de doses. Il y a aussi l’implication du Senior Chief Executive. Pour contourner le Tender Process, c’est le SCE qui décide où acheter et combien acheter. D’un côté, il y a le pouvoir politique, de l’autre, le fonctionnaire et le fournisseur », dira Xavier-Luc Duval, qui maintient sa demande de mise sur pied d’un Select Committee.
« La procédure est bien rodée. On profite des situations urgentes pour passer par l’Emergency Procurement », dénonce Xavier-Luc Duval, précisant avoir envoyé une lettre au Clerk de l’Assemblée nationale avec copie au Premier ministre et au ministre de la Santé qui avait promis de déposer la liste de ceux ayant un permis pour l’importation du Molnupiravir. « C’est à partir de là qu’on saura s’il y avait un manque de ce médicament et s’il y a eu favoritisme pour un fournisseur ».
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