Dr Catherine Gaud : «Il faut vacciner 60 % de la population pour protéger le pays»

Comme c’est le cas pour l’immunité collective, 60 à 70 % de la population doivent être vaccinés contre la Covid-19 pour que le pays soit protégé. C’est ce qu’explique le Dr Catherine Gaud, Senior Advisor au ministère de la Santé. Pour l’heure, Maurice a déjà payé pour 240 000 vaccins. Le reste de la population n’est pas oublié. Des négociations sont en cours. 

Différents laboratoires se sont positionnés en potentiels distributeurs du prochain vaccin contre la Covid-19. Différents types de vaccins ont été proposés. Qui va l’emporter, selon vous ?
Il est impossible de répondre, car nous n’avons aucune donnée scientifique ni aucune publication scientifique à ce sujet. Pour l’instant, nous n’avons que des communiqués de presse qui ne sont pas des articles scientifiques.  

On sait par exemple quel est le pourcentage d’efficacité de certains vaccins, mais on ne sait même pas si c’est pour empêcher d’attraper la maladie ou si c’est pour faire en sorte que la maladie soit atténuée. On retrouve ces deux possibilités dans un vaccin. Nous ne savons pas non plus le nombre d’injections qu’il faut faire. Idem pour les effets secondaires immédiats et tardifs qui nous sont inconnus. Nous ne connaissons pas le coût... Nous ne disposons pas d’informations non plus sur la conservation. Bref, nous n’avons pas assez d’informations pour pouvoir les comparer.

La Grande-Bretagne a déjà fait son choix sur un type de vaccin sans attendre les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pensez-vous que Maurice peut lui emboîter le pas ?
Maurice a déjà adhéré au mécanisme Covax (Ndlr : mécanisme pour un accès mondial aux vaccins contre la Covid-19).  Il y a un vaccin réservé pour le pays. La République de Maurice a déjà payé pour 20 % de la population, soit environ 240 000 vaccins qui iront d’abord aux frontliners, aux personnes âgées et aux personnes à risque, qui présentent des pathologies graves. Le reste de la population n’est pas oublié. Des contacts fermes ont été établis. On avance prudemment dans la mesure où on ne connaît pas les résultats définitifs. Le gouvernement ne s’est pas intéressé uniquement à l’initiative Covax.

Avez-vous une idée du coût de ces 240 000 vaccins ?
Je suis désolée, je l’ignore.

Les personnes à risque ont intérêt à se faire vacciner, car la pathologie est mortelle pour elles.»

Est-ce que le vaccin contre la Covid-19 sera obligatoire pour tous les groupes ciblés ? Quand sera-t-il disponible pour l’ensemble de la population ?
Je ne sais quelles sont les intentions à Maurice. Je ne peux répondre à cela. Je sais en tout cas que les personnes à risque ont intérêt à se faire vacciner, car la pathologie est mortelle pour elles.

Est-ce que Maurice dispose de moyens pour l’entreposage des vaccins qui seront reçus ?
Cela dépend du type qui sera choisi. Comparer les vaccins sur leur efficacité, c’est une chose, mais il faut prendre en compte le circuit de conservation. Si nous avons des vaccins traditionnels qui se maintiennent à la température du réfrigérateur ou à -20oC, il n’y a aucun problème, car nous sommes habitués à cela, nous savons les stocker. Mais, si c’est un vaccin qui se conserve à -80oC qui est choisi, ce sera plus compliqué. Alors, il faudra s’équiper de congélateurs adéquats.

La vaccination de la population aura-t-elle un impact sur l’ouverture des frontières ?
Je ne peux répondre à cette question, car elle n’a pas été débattue.

Quel taux de la population doit être vacciné pour que l’ensemble soit protégé ?
C’est la même chose que pour l’immunité collective, c’est-à-dire 60 % à 70 % de la population.

Il y a la crainte des effets que pourrait avoir un vaccin préparé à la hâte. Quelle assurance peut-on avoir que  le vaccin ne posera pas de problème ?
C’est pour cela qu’il faut bien étudier les différentes recherches et le nombre de personnes qui y ont participé et qui ont été testées. En phase 3, c’est entre 30 000 et 70 000 personnes et on regardera la taille des échantillons et son ancienneté. Il faut voir si cela n’entraîne pas des effets secondaires. Se précipiter à choisir n’est pas raisonnable.