Cette semaine, la tension entre Port-Louis et Londres est montée d’un cran, après une certaine accalmie, à la suite d’une proposition anglaise de compensation aux Chagossiens. L’archipel des Chagos est au centre d’une guerre des nerfs entre les deux capitales.
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La proposition « indécente »
Mercredi dernier, annonce est faite au Parlement britannique que le gouvernement anglais refuse aux Chagossiens le droit de retourner vivre sur l’archipel des Chagos. Ces derniers avaient été expulsés, avec force, de leur terre natale entre 1968 et 1973. Londres laisse entendre, par la même occasion, que le gouvernement britannique serait prêt à débourser 40 millions de livres, soit environ Rs 1,9 milliard, sur une période de dix ans pour des programmes d’aide sociale et éducatifs en faveur des Chagossiens et leurs descendants.
Et d’exprimer ses « regrets pour la manière dont les natifs ont été exilés ». Il ajoute, dans le même souffle, que le bail accordé aux Américains par le Royaume-Uni sur Diego Garcia, où ses derniers ont une base militaire, sera renouvelé automatiquement le 31 décembre, et ce jusqu’en 2036.
La riposte
La proposition britannique provoque la colère mauricienne. Jeudi, dans un communiqué officiel, le gouvernement mauricien exprime son profond mécontentement et son irritation. « Alors qu’une compensation financière pourrait soulager les Mauriciens d’origine chagossienne, aucune somme et aucune excuse publique de la Grande-Bretagne ne pourrait rendre légal ce qui est illégal », précise le texte.
Le gouvernement maintient avec force que l’archipel des Chagos a toujours fait partie intégrante du territoire mauricien. Il « ne reconnaît donc pas la légalité des actions entreprises par le Royaume-Uni par rapport au Chagos, car elles sont en violation du droit international ». Le gouvernement mauricien souligne que les décisions annoncées mercredi ont été prises « de manière unilatérale ». Port-Louis digère mal la décision britannique de ne pas l’impliquer dans les discussions sur le renouvellement du bail sur les Chagos.
La réaction chagossienne
Olivier Bancoult, leader du Groupe Refugiés Chagos, est déçu, en colère, amer, mais déterminé à se lancer dans une nouvelle bataille en justice pour le droit au retour des Chagossiens sur l’archipel. « Notre dignité n’est pas à vendre et les Anglais ne l’ont toujours pas compris », déclare-t-il sur Radio Plus, jeudi. Et de préciser que sa communauté ne refusera pas la compensation, car « c’est un droit acquis ». Il est, toutefois, hors de question de céder au chantage. Les Chagossiens et leurs descendants sont environ 10 000, répartis principalement entre Maurice, les Seychelles et la Grande-Bretagne.
La contre-attaque
Jeudi, en début de soirée, le gouvernement britannique hausse le ton vis-à-vis de Maurice. Il affirme être « déçu que Maurice sollicite l’Assemblée générale des Nations unies pour aller devant la Cour internationale de justice pour un avis consultatif sur la souveraineté du British Indian Ocean Territory ». Le Royaume-Uni pense que c’est « un usage inapproprié du mécanisme de la Cour internationale de justice ». Et de préciser que « nous ne sommes pas d’accord avec l’affirmation de Maurice que l’archipel des Chagos, que le Royaume-Uni administre comme le British Indian Ocean Territory (BIOT), fait partie de Maurice ». Le second round des discussions entre Maurice et le Royaume-Uni, programmé pour la mi-décembre à Londres, semble mal engagé.
Les jeunes divisés quant au retour
Pour Jeff Mandarin, 24 ans, c’est un combat perdu d’avance que de se battre pour des terres perdues depuis une cinquantaine d’années. « J’ai bâti mon univers à Maurice. Je me vois mal aller tout recommencer aux Chagos », lâche-t-il.
Même si le droit de retour avait été accordé à la communauté chagossienne, il n’aurait pas fait le voyage pour s’y établir.
Charlène Armoogum, 21 ans, est d’un tout autre avis. Bien qu’elle ne connaisse les Chagos qu’à travers les photos et vidéos qu’elle a pu visionner, elle espérait visiter la terre de ses aînés. Révoltée et triste par la décision de la Grande-Bretagne, elle affirme que si le droit de retour leur avait été accordé, elle aurait pu s’adapter à la nouvelle vie là-bas.
Mais les aménagements nécessaires pour rendre les îles de nouveau habitables devraient être
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