Nous sommes à une semaine du début de la Conférence de Madrid sur le climat (COP 25). Déjà, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) parle de taux record de Co2 dans l’atmosphère. De quoi donner le ton pour les prochaines discussions.
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Le taux de dioxyde de carbone (Co2) associé aux activités humaines a atteint un nouveau record de concentration, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Les scientifiques s’accordent à dire que le taux est de 407,8 parties par million (ppm) ce qui représente une hausse de 147 % en comparaison à la période préindustrielle de 1750.
Lundi, l’OMM a déclaré que la concentration de Co2 a atteint un taux record en 2018. Le taux a été supérieur à la moyenne sur les dix dernières années. L’OMM parle, d’ailleurs, du dipôle de l’océan Indien, ce phénomène a lieu lorsque l’ouest de l’océan Indien est plus chaud que l’est occasionnant des effets climatiques qui affectent les pays se trouvant dans cette zone. C’est lié au réchauffement de l’atmosphère. L’OMM parle de capacités d’adaptation dans des secteurs sensibles au climat tels que l’agriculture, la santé, l’énergie et la gestion de l’eau. D’ailleurs, la station météorologique de Vacoas devait prévoir que le mois d’octobre serait 115 % plus humide que la normale et que le mois de décembre sera légèrement plus arrosé qu’en temps normal, alors que la température ne cessera d’excéder la moyenne saisonnière.
Subiraj Sok Appadu, ancien directeur de la station météorologique de Vacoas, souligne que l’augmentation du taux de concentration de Co2 dans l’atmosphère aura des répercussions désastreuses sur Maurice. « Depuis les années 1950, la concentration de particules de Co2 dans l’atmosphère a augmenté par presque 300 ppm. Aujourd’hui, elle avoisine les 400 ppm alors que le point de non-retour est situé autour de 375 ppm », explique-t-il.
Le taux élevé de gaz à effet de serre provoque un réchauffement de l’air et une mutation de la composition de l’air. « Dans la majeure partie des cas, c’est la formation excessive de vapeur d’eau et la formation de nuages. » C’est la cause des grosses averses subites dans des endroits précis ou des super cyclones. C’est pour cette raison que Maurice sera frappé par de plus en plus d’averses localisées et d’inondations, explique le spécialiste et d’ajouter que les grands cyclones ne nous touchent pas directement, car nous sommes une petite île, « mais ce n’est pas pour ça que nous ne serons pas concernés. »
Avec une hausse dans la concentration de Co2 dans l’atmosphère, les petits États insulaires deviennent les proies d’extreme weather events tels que : les inondations, les sècheresses, les cyclones intenses, le froid excessif ou la canicule. « Pourtant, nous ne voyons rien en ce qu’il s’agit de la politique mondiale. Il n’y a aucune volonté politique de la part des grandes puissances », note notre interlocuteur.
Tous à l’abri
Selon Vassen Kauppaymuthoo, ingénieur en environnement et océanographe, cette nouvelle concentration de Co2 est inquiétante, car avec le réchauffement climatique que cela engendre l’impact peut être des inondations et des cyclones plus puissants, entre autres.
Des mesures urgentes et immédiates doivent être prises même si ce n’est que dans plusieurs années que cela va apporter des changements significatifs. Dans un premier temps, ce ne sera qu’un ralentissement des effets climatiques. Il préconise ainsi un plan directeur sur le long terme sur le changement climatique. Selon Vassen Kauppaymuthoo, même si Maurice est un petit État insulaire et loin des pays les plus polluants de la planète, il n’en demeure pas moins vrai qu’il figure parmi les plus vulnérables.
Il explique que l’émission de Co2 dans l’atmosphère est principalement due à l’activité humaine à travers l’utilisation massive de l’énergie fossile : le charbon et le pétrole. « Ces deux sources d’énergie rejettent du Co2 quand on les utilise pour produire de l’énergie, ce qui fait grimper la température », dit-il. La photosynthèse des plantes qui réduit le Co2 qui y est présent emprisonne la chaleur, ce qui permet d’avoir une température mondiale de 15° Celsius en moyenne. Mais une plus forte concentration du Co2 provoque alors un réchauffement climatique.
Notre interlocuteur souligne qu’il faut aller vers une décarbonation de nos énergies en s’appuyant sur les autres sources d’énergie qui sont encore sous-exploitées : solaire, éolienne et les marées motrices. « Il y a un gros potentiel qui est là, mais qu’on n’utilise pas assez », dit-il. Vassen Kauppaymuthoo déplore que c’est l’économie qui dirige le monde, ce qui fait que les avertissements des écologistes ne sont pas souvent pris en considération. Cela, alors que les effets du changement climatique peuvent paralyser l’économie d’un pays, explique-t-il. Il fait ressortir que Maurice est parmi les pays les plus exposés au changement climatique. Les pluies torrentielles et inondations sont des exemples de catastrophes naturelles auxquelles nous sommes exposés. Les super-cyclones avec des vents à plus de 300 km/h sont aussi à craindre, dit-il.
Risque de cancer du poumon et de la gorge
Même si la qualité de l’air à Maurice est qualifiée de « satisfaisante » par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les émissions de dioxyde de carbone et autres polluants dans l’atmosphère peuvent exacerber les pathologies respiratoires comme l’asthme. C’est ce qu’affirme le Dr Nolwenn Davy, pneumologue à Wellkin Hospital. Ajouté à cela, les orages peuvent favoriser la diffusion de particules de pollen et provoquer des irritations chez les personnes déjà atteintes d’une maladie respiratoire (asthme, bronchite chronique) et augmenter le risque de ce type de pathologie chez d’autres. Cela peut aussi favoriser le risque de cancer du poumon et de la gorge.
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