Sheikha et Noor Manuwoollah, comme Rahul et Khushi Beeharry, vivent une passion hors norme : les chevaux, maîtres de patience, d’équilibre et de connexion profonde avec l’humain.
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Les sabots frappent le sable humide, réguliers comme un métronome. Sheikha Nabeelah Manuwoollah retient son souffle, ajuste sa posture, et sent le galop résonner dans sa poitrine. À cheval ou dans son gym, tout est question d’équilibre pour cette coach sportive et nutritionniste : corps, esprit… et cœur. Son époux Noor Manuwoollah partage cette même obsession pour la maîtrise et la concentration. Et tous deux vivent une passion qui les transcende : les chevaux.
« Le cheval, c’est un miroir, dit Sheikha. Si tu es nerveux, il s’agite. Si tu es calme, il se détend. Il te renvoie exactement ce que tu ressens. »
Cette fascination remonte à l’enfance. Petite fille, Sheikha suivait son père sur les plages de Flic-en-Flac. Le bruit des sabots dans le sable humide, le souffle des animaux, les premières leçons d’équitation… tout cela l’a marquée. « Je me souviens du sable collant sous mes pieds, du parfum de la mer et de la crinière qui me frôlait les mains, révèle-t-elle. Les premières fois où je montais seule, j’avais peur, mais une excitation douce me parcourait tout le corps. Ce n’était pas un sport pour moi, c’était une émotion. »
Elle raconte les matins glacials passés à préparer les chevaux avant l’entraînement, la crainte de la chute, la satisfaction d’un galop parfaitement synchronisé et le sentiment unique d’accompagner une monture qui la comprend. Ce lien avec les chevaux a traversé les années, malgré les études, les responsabilités et la vie citadine.
Le destin a voulu que Noor et Sheikha se croisent à la salle de gym. Noor, déjà coach sportif, remarque la régularité et l’énergie de Sheikha. Rapidement, ils découvrent un point commun rare : les chevaux. De fil en aiguille, leur complicité devient évidente. Ce qui n’était qu’une rencontre professionnelle se transforme en aventure sentimentale. Entre deux discussions sur la nutrition et le développement physique, ils échangent anecdotes, souvenirs d’enfance et secrets liés aux écuries qu’ils fréquentaient.
Leur mariage, le 7 février 2021, survient à peine une semaine après l’ouverture de leur gym, Just Lift Gym, dans un contexte tendu : le confinement frappe Maurice. « Tout s’est arrêté d’un coup, raconte Sheikha. On venait à peine d’ouvrir, on avait peur. Les clients ne venaient plus, les courses alimentaires étaient limitées, le pays entier retenait son souffle. » Noor, pragmatique, ajoute : « En sport comme dans la vie, la chute fait partie du parcours. L’important, c’est de se relever. »
Aujourd’hui, Just Lift Gym est devenu une référence locale. Discipline, bienveillance et passion cohabitent. Entre deux séances, le couple s’échappe pour monter à cheval. Le bruissement des crins, l’odeur de la paille fraîchement distribuée et le froissement des sabots dans le sable rythment ces instants. « Quand tu es sur un cheval, tu ne penses plus à rien, dit Sheikha. Tu es obligé d’être dans le moment présent. » Pour eux, l’animal est un rappel constant de patience et de confiance, dans la vie comme dans le couple.
Un dialogue silencieux
À plus de dix mille kilomètres de Maurice, à Timaru en Nouvelle-Zélande, Rahul Beeharry suit le même rythme, mais avec d’autres contraintes : jockey de métier, il vit au rythme des chevaux. Son enfance à Belle-Vue-Maurel a façonné cette passion. Là où d’autres enfants jouaient au ballon, lui observait les cavaliers, fasciné par la maîtrise et la grâce de l’animal. Il se souvient des matins brumeux où il suivait les courses d’entraînement, du souffle court des chevaux et du parfum de foin humide qui embaumait l’écurie.
Après des débuts prometteurs comme track rider à Maurice, il s’envole pour la Nouvelle-Zélande. Là-bas, il apprend l’exigence du métier : se lever à l’aube, braver le froid, se confronter à la peur et à la chute. « Être jockey, ce n’est pas seulement monter, c’est comprendre. Tu dois sentir ton cheval, anticiper sa respiration, son rythme. C’est un dialogue silencieux, confie Rahul. Il faut créer une relation de confiance. »
Sa passion pour les équidés séduit Khushi Jhoree, danseuse et enseignante originaire de Terre-Rouge, rencontrée grâce à un ami commun dans sa terre d’adoption. « Je n’avais jamais rencontré quelqu’un qui parlait des chevaux avec autant d’amour, raconte Khushi. Il vivait pour eux. On aurait dit qu’il comprenait leur langage. »
Le 24 août 2025, ils se marient à Maurice. Fidèle à son lien avec les chevaux, Rahul décide d’arriver… à cheval. L’image impressionne : le bai brun avance lentement, les invités s’arrêtent, les enfants tendent la main pour caresser l’animal, certains hurlent d’excitation, d’autres pleurent d’émerveillement. Le vent soulève doucement la crinière, les sabots frappent le sol avec un rythme presque musical, et le soleil glisse sur les couleurs chaudes de l’animal.
« C’était symbolique, dit Rahul. Le cheval a toujours fait partie de ma vie, il fallait qu’il soit là. » Khushi, émue, se souvient encore : « Je n’en croyais pas mes yeux. C’était majestueux, presque irréel. »
Depuis, leur vie à deux se poursuit à Timaru, où le cheval continue d’occuper une place centrale. Le matin, Rahul part très tôt pour l’entraînement. Les chevaux l’attendent dans le brouillard ; il les prépare, les monte, les soigne. Chaque jour, il redécouvre cette connexion qui l’anime depuis toujours. « Je ne peux pas passer une journée sans eux. »
Le professeur silencieux
Khushi l’observe souvent lorsqu’il rentre couvert de poussière, le regard encore plongé dans la course : « Il a ce calme des cavaliers. Rien ne le trouble longtemps. Peut-être que les chevaux lui ont appris ça. »
Pour les Manuwoollah comme pour les Beeharry, le cheval n’est pas seulement un loisir : c’est un professeur silencieux. Il enseigne patience, équilibre, observation et respect. Le lien entre l’humain et l’animal façonne leur quotidien, influence leur manière d’aimer et de gérer les épreuves.
Leur philosophie est simple : chaque geste compte, chaque moment partagé est précieux. Dans un monde qui va trop vite, les chevaux imposent le rythme. Et ceux qui les aiment en sortent transformés : plus attentifs, plus patients, plus humains.
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