L’industrie touristique peine à subsister avec la fermeture des frontières. Certains secteurs tentent de garder la tête hors de l’eau, mais péniblement. Tous espèrent qu’à l’issue de la campagne de vaccination, l’industrie pourra redémarrer le plus vite possible.
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60% de la population, soit 750 000 personnes, doivent être vaccinés pour atteindre l’immunité collective. À ce jour, le pari est loin d’être gagné. Un peu plus de 7 000 frontliners ont été vaccinés au mercredi 24 février, a affirmé le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal. C’était lors du lancement du Empowerment Programme for Housewives on Nutrition, Healthy Lifestyle and Physical Activity, le jeudi 25 février, au centre sportif de Côte-d’Or. Les opérateurs touristiques se désolent que les choses n’avancent pas plus vite et espèrent que la cadence des vaccinations va s’accélérer.
Manque d’engouement
La sensibilisation de la population sur l’importance de se faire vacciner contre la Covid-19. C’est ce qu’espèrent Bissoon Mungroo, président de l’Association des petits et moyens hôtels, et Ajay Jhurry, président de l’Association of Tourists Operators. Selon eux, un regain d’intérêt pour se faire vacciner pourrait faire décoller la campagne de vaccination. Mais pour l’heure, c’est un manque d’engouement et un manque d’informations qui sont ressentis.
« Il est difficile d’expliquer pourquoi les Mauriciens ne veulent pas se faire vacciner alors qu’ils attendaient tous cela », concède Bissoon Mungroo. Il avance, cependant, plusieurs hypothèses par rapport à cette réticence : la peur, la pression des proches et le « feel good factor » du fait que Maurice est « Covid-safe ». En outre, certains semblent se complaire au fait de ne pas avoir à travailler tout en étant payé selon le programme d’assistance financière mis en place par le gouvernement. « Ils ne réalisent pas que quand les frontières seront ouvertes, ils pourraient être en contact avec une personne infectée malgré toutes les dispositions mises en place pour que cela n’arrive pas. En se faisant vacciner, ils vont se protéger et protéger leurs proches », souligne-t-il.
Économie en berne
Le nombre limité de vols vers Maurice, qui a succédé à la fermeture des frontières de mars à octobre 2020, a entraîné une chute libre dans les arrivées touristiques. Aujourd’hui, toute l’industrie touristique est en berne et avec elle, notre économie. Dans le milieu concerné, on compte sur la campagne de vaccination contre la Covid-19 afin de pouvoir remonter la pente, car elle sera synonyme de la réouverture de nos frontières. Ce qui va permettre au pays d’accueillir un plus grand nombre de touristes, sans pour autant mettre en péril la sécurité sanitaire du pays.
Mais force est de constater que d’un côté, il y a certains qui ne veulent pas se faire vacciner dans l’immédiat et préfèrent attendre. De l’autre côté, il y a ceux qui veulent se faire vacciner mais qui ne savent pas, de par leur condition de santé, s’ils peuvent le faire, explique Ajay Jhurry. Il espère ainsi plus d’informations à propos de la campagne de vaccination afin que ceux qui sont éligibles puissent s’inscrire. « Plus il y aura un grand nombre de personnes vaccinées, plus ce sera à l’avantage du pays, d’où l’importance de la sensibilisation », insiste-t-il. Selon lui, le rythme de la vaccination va dépendre de cela, mais aussi de la disponibilité des doses de vaccins.
Accélération
Les choses devraient évoluer à partir de la semaine prochaine, à en croire le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal. Cela, avec la deuxième phase de la campagne de vaccination qui va s’étendre aux individus de plus de 60 ans et ceux qui souffrent de comorbidités (Voir encadré). Le ministre de la Santé a également annoncé une grande campagne de sensibilisation autour de la vaccination contre la Covid-19 qui devrait commencer ce vendredi 26 février.
Bissoon Mungroo et Ajay Jhurry souhaitent, pour leur part, que l’ouverture se fasse progressivement et que le pays soit sélectif en accueillant des passagers en provenance des pays les moins à risque au départ.
50 % de désistement
« Plus de 50 % du personnel se sont désistés à la dernière minute alors qu’ils étaient sur la liste pour se faire vacciner ». C’est ce que déplore Bissoon Mungroo. « Si un employé n’est pas vacciné, je ne pourrais pas le reprendre pour le travail. La balle est dans son camp. Il devra assumer ses responsabilités », avertit-il. Il avance que son devoir c’est de respecter le protocole sanitaire du ministère de la Santé et qu’il ne pourra pas faire autrement. Cette situation est très problématique pour lui pour le moment. Il espère qu’à travers les campagnes de sensibilisation des autorités, ils seront plus nombreux à vouloir se faire vacciner.
Impact divers
Le secteur touristique est impacté différemment, selon Ajay Jhurry. Certains hôtels ont pu ouvrir leur porte à la clientèle locale, par exemple, mais d’autres secteurs n’ont pas fonctionné, comme ceux engagés dans la location de voitures, explique-t-il. Il espère qu’avec la réouverture des frontières, qu’il souhaite va arriver le plus tôt possible, que le marché touristique sera partagé équitablement entre les différents opérateurs, afin que chacun y trouve son compte. Pour la reprise, des campagnes promotionnelles devraient être lancées sur la destination.
Nouvelles restrictions sur les arrivées touristiques
La liste des pays pour la provenance des passagers a été revue par les autorités. Sur le site de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), il est indiqué que ceux qui ont été en transit durant les 15 derniers jours en Afrique du Sud, au Japon et au Brésil ne pourront pas entrer sur le territoire mauricien. Cette mesure sera en vigueur jusqu’au 31 mars 2021. Par contre, les passagers en provenance de la Grande-Bretagne seront de nouveau autorisés à partir du 1er mars 2021.
La MTPA souligne que toutes les mesures de précaution sanitaire sont prises pour protéger les résidents et les autres passagers. L’organisme précise également que la période de quarantaine imposée à chaque passager qui débarque à Maurice a été étendue du 31 mars au 31 mai 2021.
Vers un nouveau protocole d’entrée au pays
Comme c’est le cas pour certains pays, est-ce que le certificat de vaccination sera gage de laissez-passer pour entrer sur notre territoire ? Cette question est en tout cas à l’étude par les autorités en ce qu’il s’agit de la Covid-19. « Nous sommes en train de plancher sur quelle suite donner à notre campagne de vaccination », nous a expliqué le Dr Zouberr Joomaye à la question si les passagers devront être vaccinés avant de pouvoir entrer au pays. « Aux États-Unis, ils sont en train de réfléchir à un nouveau protocole par rapport aux personnes qui ont été vaccinées. Nous travaillons dessus et nous allons communiquer en temps et lieu par rapport aux personnes vaccinées et les mesures qu’elles doivent observer », a-t-il fait comprendre. Et de préciser que pour le moment, rien ne change. « À partir du moment où nous aurons vacciné un certain nombre de personnes à Maurice, nous allons voir comment adapter cette nouvelle donne par rapport à notre protocole », a-t-il fait savoir.
Selon le Dr Zouberr Joomaye, président du National Covid-19 Vaccination Committee, aucune date n’a été arrêtée quant à la réouverture des frontières. « C’est une décision du gouvernement qui sera communiquée au moment opportun », ajoute-t-il. Il souligne qu’il ne peut pas dire si le gouvernement va attendre la fin de la campagne de vaccination avant la réouverture des frontières. « Rien n’a été décidé », selon lui. Il fait ressortir que tout a été mis en œuvre pour atteindre l’immunité collective, avec 60 % de la population vaccinés. Un objectif que les autorités espèrent atteindre d’ici trois ou quatre mois, affirme-t-il. Le Dr Joomaye précise que la réouverture des frontières se fera également par rapport à la situation de l’évolution de la pandémie et le contexte international.
Le vaccin pour ceux ayant plus de 60 ans
La campagne de vaccination contre la Covid-19 devrait connaître une accélération à partir du lundi 1er mars. C’est ce qu’a annoncé le ministre Kailesh Jagutpal lors du lancement du Empowerment Programme for Housewives on Nutrition, Healthy Lifestyle and Physical Activity, le jeudi 25 février, au centre sportif de Côte-d’Or. Après les frontliners, il a soutenu que la vaccination va maintenant s’étendre aux personnes de plus de 60 ans et celles qui, à cause de certaines pathologies (diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires, cancer), ont une faible immunité.
Il a expliqué que cette décision a été prise suite à la réunion du High Power Committee qui s’est tenue le mercredi 24 février. « Nous avons décidé de passer à une deuxième étape de notre campagne de vaccination et nous allons l’étendre à toutes les personnes qui ont plus de 60 ans et celles qui ont des comorbidités et qui sont sous traitement. Nous allons entamer des vaccinations à domicile », a-t-il annoncé.
Il a aussi expliqué que le ministère de la Santé travaille sur un programme. Actuellement, cinq centres de vaccination opèrent de 9 heures à 15h30 les jours de semaine dans les hôpitaux. Nous allons aussi les ouvrir les samedis de 9 heures à midi, pour permettre à plus de personnes de se présenter dans ces centres. La campagne de vaccination contre la Covid-19 sera calquée sur celle contre la grippe, comme cela a été le cas lors du confinement. Des caravanes mobiles vont ainsi sillonner le pays, a-t-il informé. Le calendrier de vaccination qui sera fait par région, sera annoncé à travers les médias, a-t-il souligné.
Un total de 400 000 doses de vaccins jusqu’à avril
Le pays disposait de 100 000 doses, desquelles nous avons utilisé 7 000. 100 000 autres doses ont été reçues le samedi 20 février, et 200 000 doses de plus sont attendues (100 000 en mars et 100 000 en avril). Le calendrier de livraison des vaccins commandés sous la Covax Facility devrait bientôt être connu, ce qui va permettre de vacciner 20 % de la population, a expliqué le ministre Jagutpal.
La STC réclame Rs 500 M à la Santé
À travers son service d’audit, la State Trading Corporation (STC) réclame Rs 500 millions au ministère de la Santé. Mais cette dernière ne l’entend pas de cette oreille. Dans une déclaration à la presse, le ministre de tutelle Kailesh Jagutpal a fait comprendre que le paiement ne sera pas effectué aussi longtemps que le ministère n’aura pas satisfaction quant à la qualité des produits demandés. « Nous n’avons pas obtenu ce que nous avions demandé et n’avons pu utiliser les appareils en question. Nous ne paierons pas », a-t-il soutenu. Il a affirmé que le ministère de la Santé suit des procédures bien établies en ce qu’il s’agit des paiements à effectuer. « Si le département des finances note des irrégularités, aucun paiement ne sera fait. Il y a des procédures et nous les suivrons à la lettre », a ajouté le ministre Jagutpal.
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