La virulente sortie, le mois dernier, du Gouverneur de la Banque de Maurice face aux banques commerciales qui s’adonneraient au jeu malsain des spéculations sur le marché des changes avait surpris plus d’un. La situation s’est-elle améliorée depuis ? Le point.
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Obtenir des devises à des fins d’importation était un véritable casse-tête pour les opérateurs durant les deux années marquées par la pandémie. Face à la pénurie de devises qui perdurait sur le marché en dépit de la reprise économique, la Banque de Maurice a pris des actions fortes. Huit banques ont été sanctionnées alors que le régulateur bancaire en a averti quatre autres en raison de spéculations sur le marché des devises. Yusuf Sambon, directeur de Lolo Hypermarket, concède que la disponibilité des devises s’est améliorée. « À vrai dire, nous constatons que la situation est mieux depuis l’année dernière. Nous avons effectué la demande auprès d’une banque commerciale le 11 avril pour le paiement de quatre conteneurs dont deux en euros et les autres en dollars. Nous avons pu obtenir le montant total d’un seul trait », soutient-il.
Les actions prises par la Banque centrale portent-elles leurs fruits ? On apprend que les sanctions infligées aux huit banques commerciales ne sont pas similaires. Cela a été effectué au cas par cas. Un banquier affirme que la disponibilité des devises auprès des banques se passe mieux. « S’il y a eu des sanctions, c’est qu’il y a eu violation de la loi, que ce soit intentionnellement ou pas. Nous voyons qu’il y a plus de devises sur le marché et par conséquent moins de pénurie. La roupie s’est appréciée. Notre monnaie locale se raffermit toutes les semaines », explique un opérateur bancaire.
Intervention de la BoM
Pour Siv Potayya, avocat à Wortels Lexus, les banques commerciales se retrouvent avec une épée de Damoclès sur la tête. « Si les banques obtempèrent aux menaces de la Banque centrale, cela signifie qu’elles étaient dans l’irrégularité. Cela va entacher l’intégrité et la crédibilité des banques », fait-il observer. Or, dans le milieu bancaire, on soutient que c’est compliqué d’entrer en bataille avec le régulateur et de contester les sanctions. Cela dit, Siv Potayya argue que les banques doivent suivre les directives du régulateur. Cependant, poursuit-il, cette obéissance est limitée dans le cas où il y a des écarts. « La relation entre les banques commerciales et la Banque de Maurice est normative », argumente l’avocat.
Il convient également de faire ressortir que les interventions de la Banque de Maurice sur le marché intérieur des changes influencent le marché. La dernière injection de la Banque centrale remonte au 7 avril. Elle avait vendu un montant 10 millions de dollars au taux de Rs 45,25 par dollar. Ce qui pousse Siv Potayya à dire que le taux roupie-dollar n’est pas le résultat d’une rectification de tir par les banques commerciales, mais bien des interventions de la Banque de Maurice sur le marché. Toutefois, cela ne semble pas être bénéfique à tous les importateurs. Un opérateur engagé dans l’importation de barre de fer déplore le fait de devoir faire la demande pour des devises trois semaines en avance auprès des banques. « J’avais besoin de 300 000 dollars pour payer mon fournisseur. Nous n’avons pu obtenir toute la somme le même jour. La situation est toujours le même pour nous », soutient l’opérateur.
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