- Un proche : « Où en est-on avec le dossier ? »
Il y a eu des pleurs, des cris, une enquête policière, des arrestations et même une enquête judiciaire. Mais rien n’y a fait. L’énigmatique drame de Bassin-Blanc garde ses secrets. Vingt ans après, les circonstances autour du décès de Tagoresing Sandooram et de Hansee Ittoo demeurent un mystère. L’unique espoir des proches : que de nouveaux éléments viennent relancer l’enquête.
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Vingt ans se sont écoulés et le mystère autour du drame survenu à Bassin-Blanc en 2002 reste entier. Nul ne sait ce qui a bien pu arriver à Tagoresing Sandooram et Hansee Ittoo, dont les cadavres ont été trouvés dans le cratère le jeudi 14 novembre 2002. L’affaire a fini par être classée au fil du temps. Seuls de nouveaux éléments pourraient relancer l’enquête policière. Au cas contraire, les proches des défunts n’obtiendront jamais de réponses à leurs multiples interrogations.
C’est ce que redoute Gowtamsing Sandooram, le père de Tagoresing Sandooram. « Ziska zordi pann tann nanien. Où en est-on avec le dossier ? Ki zot inn fer ? » demande-t-il désespérément dans une déclaration téléphonique accordée au Dimanche/L’Hebdo.
Pourtant, souligne-t-il, la magistrate ayant présidé l’enquête judiciaire avait fait ressortir que l’enquête policière devait reprendre afin de trouver les coupables. « Depuis l’institution de l’enquête judiciaire, nous n’avons rien entendu en ce sens », déplore-t-il.
Rétrospective
L’affaire, qui figure parmi les cold cases de la police, avait choqué toute la population en 2002. Le 11 novembre 2002, la police avait été informée de la disparition de Tagoresing (Ramesh) Sandooram et Hansee Ittoo. L’habitant de Quartier-Militaire, marié et père d’une fillette, avait 38 ans. La jeune habitante de Palma, qui était étudiante, avait 17 ans. Tous deux étaient amants.
Trois jours plus tard, soit le 14 novembre, leurs cadavres avaient été retrouvés flottant dans le lac de Bassin-Blanc. Tagoresing Sandooram avait toutefois fait trois appels de détresse à son ami Sachin Padaruth lui demandant de les rejoindre car il avait des problèmes avec deux individus.
Mais lorsque l’ami était arrivé sur place en compagnie d’autres connaissances, il n’y avait personne. Tout ce qu’ils avaient vu c’est le tout-terrain de Tagoresing Sandooram que ce dernier venait d’acheter un mois plus tôt avec son cousin Kishan Hazareesing.
Ramifications
Que s’est-il réellement passé ? Comment les cadavres se sont-ils retrouvés dans le cratère de Bassin-Blanc ? S’agit-il d’un suicide ? Ou est-ce un crime ? Où en est-on avec les investigations ? Dans le milieu, on indique qu’il y a « de fortes probabilités qu’il n’y ait pas de suite à l’enquête ».
Il est vrai qu’elle peut être rouverte si de nouveaux éléments sont versés au dossier. « Une enquête policière n’est pas bouclée tant que l’accusé n’a pas encore arrêté », disent des enquêteurs sous le couvert de l’anonymat. Ils pensent que le mystère qui plane sur cette affaire viendrait du fait qu’elle comporte d’importantes ramifications.
Au niveau de la Major Crime Investigation Team (MCIT), on est d’avis que ce drame pourrait bien être un suicide. « Combien de personnes aurait-il fallu pour balancer les corps au fond du lac ? Mathématiquement parlant, il aurait fallu plus de 20 minutes à un individu pour déposer un cadavre au fond du cratère pour ensuite remonter. C’est un suicide, mais un suicide hors de l’ordinaire », avance-t-on à la MCIT avant d’ajouter : « Les faits démontrent à quel point Tagoresing Sandooram était amoureux de Hansee Ittoo. Il ne voulait pas la perdre, même jusque dans la mort. »
Dr Satish Boolell : « Il aurait dû y avoir une enquête plus approfondie »
Le Dr Satish Boolell, ex-médecin légiste de la police, confirme qu’une enquête judiciaire a remis ses conclusions au Directeur des poursuites publiques. Il déplore toutefois le fait qu’elles n’aient pas été dévoilées.
Le système judiciaire et la population a le droit de savoir ce que contient le rapport. « Au cours de l’enquête judiciaire, alors que je témoignais, j’étais convaincu, a tort ou à raison, que c’était un meurtre. Il aurait dû y avoir une enquête plus approfondie », explique Satish Boolell.
Il trouve malheureux que certains enquêteurs, comme le surintendant de police Prem Raddhoa, soient déjà décédés. « Mais j’ai l’impression que l’enquête est toujours en cours. D’ailleurs, je me suis permis de consacrer un chapitre à cette affaire dans mon premier ouvrage intitulé ‘Forensics in paradise’ », dit-il.
Quelles sont les pistes que la police devrait exploiter davantage ? « Mon expérience en tant que médecin légiste me permet de raisonner comme un enquêteur. D’habitude, je me restreins à mon mandat. Je remets mes conclusions à la police et je passe à une autre affaire », répond le Dr Satish Boolell.
Dates clés
- Découverte : Jeudi 14 novembre 2002. Les deux cadavres sont trouvés dans le cratère du Bassin-Blanc. Les autopsies concluent à une hémorragie cérébrale. Mais le Dr Satish Boolell, médecin légiste, met en exergue l’absence d’eau dans les poumons.
- Enquête judiciaire : Novembre 2005. Une enquête judiciaire, présidée par la magistrate Razia Jannoo-Jaunboccus, est instituée. Elle se déroule au tribunal de Souillac. Le Directeur des poursuites publiques assigne 58 témoins à comparaître. Parmi : des membres des deux familles, le Dr Satish Boolell et les enquêteurs, entre autres.
- Thèse du « foul play » : Fin 2010. Les conclusions de l’enquête judiciaire tombent. La thèse du « foul play » est retenue. La police est appelée à approfondir son enquête.
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