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Décoration à titre posthume : Gaurav Dabeesingh nageait à contre-courant

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Gaurav Dabeesingh

Le « President’s Badge of Honour » a été décerné à Gaurav Dabeesingh (Anish) à titre posthume, à l’occasion de la célébration des 50 ans de l’indépendance de Maurice. Le 12 mars, il a été récompensé pour sa contribution à la préservation de l’environnement, plus particulièrement au reboisement des mangroves.

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Il avait à peine 23 ans et il effectuait sa première année d’études en ingénierie mécanique à l’université de North Eastern à Boston, lorsqu’il est décédé des suites d’un rare cancer (cholangiocarcinome). La mère de Gaurav Dabeesingh, Madhavi, directrice d’entreprise à Quatre-Bornes, a retracé son parcours. Le 12 mars dernier, elle n’a pu retenir ses larmes en entendant à la radio le nom de son fils qui figurait dans la liste des décorés de la République.

Madhavi Dabeesingh soutient qu’elle avait pour conviction que la contribution de son fils Anish pour l’environnement à Maurice ne serait pas enfouie au fond d’un tiroir. « Mon fils mérite amplement cette récompense pour ce qu’il a accompli à son jeune âge. Il aimait son pays. Son initiative pour le reboisement des mangroves à Maurice était un projet qui lui tenait vraiment à cœur. Je l’ai perdu mais cette décoration en sa mémoire est importante pour moi », dit-elle.

Elle affirme que désormais elle est encore plus motivée à l’idée de continuer la mission de son fils. Et pour maintenir la mémoire d’Anish, elle a récemment ouvert « Mangrove Store », une boutique inspirée du projet de son fils. Un des objectifs de cette boutique est de sensibiliser les gens à l’importance des mangroves pour notre écosystème, interpellant ainsi chaque visiteur du magasin. Les produits commercialisés par « Mangrove Store » sont une collection unique et variée de meubles de décoration d’intérieur pour maisons ou bureaux, de vêtements eco-friendly en pur coton et en soie ainsi que des accessoires tendances, originaires de la Grande péninsule.

Ne pas être capable de réaliser des choses est ce qui me tue le plus, maman. » Gaurav Dabeesingh ( 4 novembre 1992 - 30 Septembre 2015)

En outre, il s’avère qu’une partie des recettes  de la vente des produits est reversée aux patients atteints de cancer qu’elle soutient à titre personnel. Pour Madhavi Dabeesingh, le mangrove symbolise son fils Anish, c’est un hommage à sa ténacité et sa générosité.

Sensibiliser le plus de personnes

Madhavi Dabeesingh.

À Maurice, les mangroves sont détruites au fil des années pour faire du bois de feu, pour construire des infrastructures ou encore pour le passage de bateaux de loisirs. Le reboisement était pour Anish une façon de contribuer en tant que jeune Mauricien aimant son île natale à la lutte contre l’effet de serre. Ainsi, avec le soutien de ses parents et une équipe de volontaires, Gaurav Dabeesingh a planté quelque 12 000 propagules de mangroves à Bois-des-Amourettes, Bambous Virieux, Providence et Anse Jonchée.

Le Mauritius Mangrove Restoration Project a été mis en place en juin 2012 sous la supervision d’un représentant du ministère de la Pêche. Il a été lancé et était financé par son fils Anish, âgé alors de 19 ans. « À travers cette initiative, mon enfant voulait absolument sensibiliser un maximum de personnes sur les avantages des palétuviers, plus précisément des mangroves. Le projet nécessitait un travail de terrain de longue haleine mais le goût de l’effort a permis à Anish de préserver des barrières naturelles de mangroves, qui sont des réservoirs immenses en matière de biodiversité », exprime Madhavi Dabeesingh.

Gaurav Dabeesingh était aussi un adepte de la plongée, nous dit sa mère. Et c’est lors de ses sorties en mer qu’il a eu l’idée du reboisement des mangroves. Cela après avoir constaté la dégradation de la biodiversité marine. « C’était pour Anish une étape essentielle pour la prévention de l’érosion des plages et de la préservation du lagon face aux sédiments », dit Madhavi Dabeesingh.

Sachant que beaucoup de personnes

dépendent toujours de la pêche pour gagner leur vie, Gaurav Dabeesingh estimait de son vivant que l’absence de ces plantes dans le lagon était la cause de la diminution considérable du rendement des poissons et autres crustacés. C’est ce qui l’avait encouragé à aller de l’avant avec le Mauritius Mangrove Restoration Project, explique Madhavi Dabeesingh.

Et de rappeler que son fils a aussi apporté sa contribution au Coral Farming Project en collaboration avec l’institut de l’Océanographie de Maurice. « Le projet a même eu une subvention de 50 000 dollars avec les Nations-unies en 2015. Il a aussi collaboré avec ‘Leal Communications & Informatics’ pour un programme enseignant les bases de l‘électronique aux enfants démunis, afin qu’ils puissent créer leurs propres ‘DIY Solar Panels’ », conclut-elle.

Ses derniers jours

Gaurav Dabeesingh (Anish) ne discutait pas de son départ avec ses parents mais discutait de sa tristesse profonde de les quitter avec certains proches. Il est rentré au pays pour vivre ses derniers jours avec sa famille, car c’était son souhait après que les médecins de la « Harvard Medical School » ont déclaré le cancer était au stade terminal. Il a suivi des traitements palliatifs pendant trois mois, notamment à base de comprimés et d’injections de morphine contre des douleurs atroces. Il s’est écoulé 16 mois entre le diagnostic et son départ de ce monde.

 

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