Cybersécurité : apprendre à naviguer sans tomber dans le piège

Dans un monde où le numérique s’impose dans tous les aspects de la vie, savoir utiliser un ordinateur ou un smartphone ne suffit plus. Didier Samfat, expert en cybersécurité, le rappelle : « Après avoir acquis une formation analogique solide – savoir lire, écrire, analyser, raisonner –, il devient essentiel d’initier les enfants comme les seniors aux bases de la cybersécurité. Sinon, on forme des usagers capables d’utiliser des outils numériques, mais vulnérables aux risques qui y sont liés. »

La sensibilisation à la cybersécurité peut s’intégrer très tôt dans les programmes d’alphabétisation numérique, avec des modules simples et progressifs. L’Union européenne, via son Digital Education Action Plan (2021-2027), recommande d’enseigner dès le primaire non seulement la navigation en ligne, mais aussi les comportements sûrs. L’UNESCO et l’OCDE vont dans le même sens : l’éducation numérique doit inclure un volet critique et éthique.

Avant tout, il faut savoir identifier les dangers : phishing, arnaques en ligne, usurpation d’identité, logiciels malveillants. Didier Samfat insiste : « Même avec des jeux éducatifs pour enfants ou des mises en situation simples pour adultes, il est crucial de comprendre ces menaces pour ne pas devenir un maillon faible dans le monde numérique. »

Créer des mots de passe robustes, ne pas les réutiliser, activer l’authentification à deux facteurs… Ce sont des gestes simples mais vitaux. « Il ne s’agit pas de former des experts, mais de donner à chacun une trousse de survie numérique. Sinon, c’est comme apprendre à conduire sans expliquer les règles de sécurité routière. »

Développer la culture du doute est aussi fondamental : avant de cliquer ou de partager une information, il faut se demander d’où elle vient et si elle est crédible. Savoir protéger sa vie privée, régler ses paramètres de confidentialité et comprendre l’impact de ses données est un autre volet indispensable.

D’ici dix ans, l’alphabétisation numérique ne se limitera plus à savoir utiliser des applications. Selon Didier Samfat, les compétences clés seront : comprendre les algorithmes, cultiver la résilience cognitive face à la surcharge d’informations, maîtriser la gestion de ses données personnelles et savoir coopérer dans des environnements hybrides. Des modèles existent déjà : en Estonie, la cybersécurité est enseignée dès le primaire ; en Finlande, elle fait partie de l’éducation aux médias. La société mauricienne pourrait s’en inspirer pour préparer ses citoyens à un futur numérique sûr et responsable.