
Un conflit ouvert entre Rama Sithanen et Gérard Sanspeur secoue la Banque de Maurice. Face à cette crise, le Premier ministre Navin Ramgoolam promet un dénouement rapide pour préserver la confiance et la sérénité de l’institution.
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Une crise inédite secoue la Banque de Maurice (BoM) : le gouverneur Rama Sithanen et le Second Deputy Governor Gérard Sanspeur sont en conflit ouvert. Un règlement rapide est attendu pour éviter que cette tension ne fragilise davantage l’institution.
Dans une déclaration au Défi Media Group, mardi en fin d’après-midi, le Premier ministre Navin Ramgoolam a exprimé son profond mécontentement face à cette situation « inacceptable » qui « fait du tort » à l’institution et au pays. « Il est inacceptable que le numéro 1 et le numéro 3 de la Banque de Maurice soient en guerre ouverte. J’espère pouvoir régler ce problème d’ici la fin de la semaine. J’essaie de le faire aussi vite que possible », a-t-il martelé.
Navin Ramgoolam, qui a regagné le pays dimanche après un déplacement au Japon, a expliqué être aux prises avec une grippe qui l’a affaibli. « Je me sentais mieux et suis parti au bureau, mais j’ai fait une petite rechute », a-t-il confié au Défi Media Group. Malgré cet état de santé, il a assuré que la résolution de la crise à la BoM reste une priorité absolue.
Le conflit entre Rama Sithanen et Gérard Sanspeur s’enracine dans plusieurs dossiers épineux. L’un des points de discorde concerne la suspension de Chidanand Rughoobar, président de la Bank of Mauritius Employees Union (BOMEU). Interrogé par le Défi Media Group en début de semaine, Gérard Sanspeur a déploré que cette décision ait été prise sans consultation préalable. « Une telle décision ne pourrait être prise sans consultation entre le gouverneur, le Premier Deputy Governor et moi-même », a-t-il affirmé. Cette absence de concertation a exacerbé les tensions et mis en lumière des failles dans la gouvernance interne de l’institution. Lors d’une conférence de presse le 13 août, Rama Sithanen a reconnu, sans entrer dans les détails, l’existence de désaccords au sein de la direction, confirmant ainsi la gravité de la situation.
Un autre sujet de controverse réside dans le cumul des fonctions de Rama Sithanen, qui occupe simultanément les postes de gouverneur de la BoM et de président de la Financial Services Commission (FSC).
Cette double casquette, déjà critiquée par le passé, a refait surface dans le débat public.
Un proche du dossier concède qu’« idéalement, il aurait fallu deux personnes différentes ». Mais il existe une crainte qu’avec un président de la FSC travaillant en isolation, il puisse y avoir un nouveau problème comme celui d’Alvaro Sobrinho en 2018. Pour rappel, l’affaire Sobrinho concerne l’octroi controversé de licences bancaires par la FSC à l’homme d’affaires angolais, malgré des enquêtes pour blanchiment d’argent au Portugal. Des soupçons d’usurpation d’identité et de non-respect des procédures de due diligence ont ensuite conduit la FSC à suspendre les licences et à saisir la police. Cette affaire a éclaboussé le gouvernement d’alors, entraînant des enquêtes et la démission de la présidente Ameenah Gurib-Fakim.
Quid de Sushil Khushiram ?
Le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, s’est exprimé sur la situation lors d’une conférence de presse le 12 août. Tout en réaffirmant que « jusqu’à preuve du contraire, Rama Sithanen est gouverneur de la Banque de Maurice », il a reconnu que la situation actuelle était intenable. « J’en ai discuté plusieurs fois avec Navin Ramgoolam », a-t-il déclaré, rappelant qu’il avait lui-même conseillé de nommer Rama Sithanen à la tête de la BoM après les élections générales, dans un contexte de « panique » et de « flottement » économique. « Rama Sithanen a bien aidé le pays à un moment difficile, mais le temps a passé », a-t-il ajouté, laissant entendre qu’un changement de leadership pourrait être envisagé pour apaiser les tensions et restaurer la sérénité au sein de l’institution.
Depuis lundi, des rumeurs persistantes évoquent la possible nomination de Sushil Khushiram, ancien ministre des Services financiers et responsable du département de recherche de la Banque de Maurice. Ces spéculations ont toutefois été catégoriquement démenties par son entourage ainsi qu’au sein du gouvernement, qui affirment qu’il n’a aucune ambition de briguer un tel poste. Malgré un lobbying intense pour écarter Rama Sithanen, il nous revient de source sûre qu’aucun candidat ne s’est clairement positionné pour prendre les rênes de la BoM en cas de vacance du poste.
La Banque de Maurice joue un rôle central dans la régulation du système financier et la conduite de la politique monétaire du pays. Les tensions actuelles, si elles ne sont pas rapidement résorbées, risquent d’ébranler la confiance des investisseurs et des partenaires internationaux. Navin Ramgoolam, ainsi que Paul Bérenger, conscients de ces enjeux, veulent trouver une solution dans les plus brefs délais.
La crise à la Banque de Maurice intervient à un moment où le pays fait face à des défis économiques complexes. Les prochains jours seront décisifs pour apaiser les tensions, clarifier les responsabilités au sein de la BoM et garantir une gouvernance stable et transparente. En attendant, l’incertitude persiste, et la pression s’accentue sur le Premier ministre pour apporter une réponse rapide et efficace à cette crise institutionnelle.

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