Live News

Covid-19 : télétravail avec les enfants à la maison 

Publicité

Depuis le 9 novembre dernier, les écoles sont fermées. Cela suite à la pandémie de Covid-19 qui fait des ravages dans le pays, surtout avec la virulence du variant Delta. Trois jours plus tard, le gouvernement a imposé de nouvelles restrictions sanitaires pour limiter le mouvement de la population. Comme le télétravail est recommandé par les autorités, comment s’organisent les parents avec les enfants à la maison. Tour d’horizon. 


Aurélie Catherine : « Cette situation est loin d’être facile »

Elle s’occupe de sa fille Louisa.
Elle s’occupe de sa fille Louisa.

Âgée de 29 ans, Aurélie Catherine habite à Trou-d’Eau-Douce. Dans le passé, elle travaillait comme guide touristique, puis elle s’est reconvertie en décoratrice évènementielle. Mais avec l’impact de la pandémie de Covid-19 sur ce secteur, désormais elle travaille à son propre compte. Avec le port du masque devenu obligatoire, elle s’est lancée dans la création de masques personnalisés pour gagner sa vie. Les commandes ont afflué et elle est même parvenue à développer son réseau de clients en ligne. Usant de ses talents d’artiste-peintre, elle a ensuite lancé sa propre marque : Art mo lamain. En ce moment, elle est la seule personne au pays à proposer des t-shirts avec des œuvres d’art peintes à la main. Après l’installation de son atelier à la maison, elle ouvrira un pop-up store dans une semaine.

Vu que son lieu de travail est sa maison, le télétravail n’est pas une chose nouvelle pour Aurélie. Toutefois, ses journées sont plus longues depuis que ses enfants restent avec elle. En plus de ses commandes, elle s’occupe de sa fille Louisa qui est en pré-primaire. « Ses classes se font en ligne, mais elle n’est pas fan des écrans. Pour meubler son temps à la maison, c’est un retour à l’ancienne », dit-elle dans un éclat de rire. Ainsi, Louisa fait de la pâte à modeler, cuisine avec des feuilles, joue avec sa chienne Prune ou avec les canards dans le jardin. Elle fait aussi pas mal d’activités avec sa grand-mère. Cela permet à sa mère de travailler pendant la journée. « Cette situation est loin d’être facile, entre les caprices de Louisa et les commandes en ligne. Mais, j’essaie de planifier mon temps pour que ma fille et moi puissions faire des choses ensemble », ajoute-t-elle. Ainsi, elle se réveille une heure plus tôt et se couche vers minuit tous les jours pour pouvoir tout faire.


Samir Khatri : « C’est un peu compliqué de travailler avec les enfants à la maison »

Samir Khatri et ses enfants.
Samir Khatri et ses enfants.

Samir Khatri est un expert-comptable qui travaille à son propre compte. Cet habitant de Coromandel a deux enfants âgés respectivement de 8 et 10 ans. Ils sont scolarisés au Hampstead Junior School. Sa femme, Kamila travaille dans une agence de pub. « Comme, elle doit se rendre au bureau, c’est moi qui m’occupe de nos enfants qui sont à la maison », relate-t-il. Pour assurer, c’est toute une organisation à mettre en place, fait-il ressortir. « C’est un peu compliqué de travailler avec les enfants à la maison, surtout en termes de logistiques. Parfois, quand je dois me rendre à mon bureau, je les emmène avec moi.

Mais il faut que  je trouve des activités pour eux afin que je puisse travailler en même temps », renchérit-il. Mais il ne se plaint pas, car il estime que la fermeture des écoles était la meilleure des options. « Au vu de ce qui se passe au pays par rapport à la pandémie, c’est nettement plus rassurant de les avoir à la maison », soutient-il. Samir ajoute que le télétravail le permet aussi de passer plus de temps avec sa famille. 


Natacha François : « Mes enfants m’aident dans la cuisine »

Natacha François et ses enfants qui etudient à domicile.
Natacha François et ses enfants qui etudient à domicile.

Natacha François est la directrice d’une compagnie qui propose des aides-soignantes à domicile. À l’heure actuelle, c’est sa voiture qui leur sert de bureau. En effet, après les formalités d’enregistrement en ligne, elle doit se rendre sur place pour rencontrer les familles qui retiennent ses services. De ce fait, elle alterne entre télé-travail et les visites. 

Depuis quelques semaines, cette habitante de Flic-en-Flac donne des cours de Basic Healthcare en ligne. Cette activité lui permet de s’occuper de ses deux enfants qui font les classes à domicile suite à la fermeture des écoles. Son fils est en Grade 12 alors que sa fille est en Grade 5. « Comme chacun a son ordinateur portable, mes enfants font leurs classes en ligne et moi je peux travailler en toute quiétude à la maison », dit-elle. 

Tout se passe bien, car elle maintient les routines de ses enfants comme lorsqu’ils vont à l’école. Ainsi, tout le monde est debout vers les 7 heures pour prendre le petit déjeuner ensemble. « Ils ont un emploi du temps précis. En temps normal, mon fils fait de l’équitation et joue au foot, alors que ma fille fait de la natation et de la danse. Mais avec la fermeture des écoles, ils s’inventent des trucs et jouent dans la cour. Comme, nous ne sortons plus pour aller au restaurant, nous privilégions les repas sains à la maison et ils m’aident aussi dans la cuisine. Pour nous occuper d’eux, tout en travaillant, mon compagnon et moi, nous nous entraidons », conclut-elle. 


Akhilesh Sooroojebally : « C’est éreintant de travailler et avoir un regard sur les enfants »

Akhilesh fait du Work from home et ses enfants suivent  les cours en ligne.
Akhilesh fait du Work from home et ses enfants suivent les cours en ligne.

Akhilesh Sooroojebally, un habitant de Quatre-Bornes, est père d’un enfant de 6 ans et d’une autre âgée de 8 ans. Ce Head of Projects & Compliance  travaille à domicile depuis huit mois grâce aux dispositions prises par sa compagnie en raison de la Covid-19. Bien qu’il préfère travailler en présentiel, il s’adapte en ce moment pour gérer à distance son équipe constituée d’une trentaine d’employés. Sa femme est scientifique dans un corps paraétatique. Comme elle doit se rendre physiquement au travail, il s’occupe des enfants à la maison depuis que les écoles sont fermées. « Avec la situation sanitaire qui prévaut dans le pays, c’est rassurant de les avoir à la maison. Mais je ne vous cache pas le fait que c’est éreintant de travailler tout en assurant que mes enfants suivent leurs cours correctement », indique le jeune père de famille. Bien que le télétravail a ses avantages en termes de flexibilité, Akhilesh Sooroojebally indique que cela comporte aussi des désavantages. « Les journées sont plus longues. De plus, parfois, c’est la galère pour arranger les rendez-vous pour le travail. Non seulement je dois m’assurer que les enfants font leurs classes en ligne, mais je dois voir s’ils ont leurs repas et qu’ils ont des choses à faire. Pour que je puisse travailler tout en gardant un œil sur eux, nous partageons la même pièce », indique-t-il.

Les caprices de ses enfants et les bruits que l’entourent ne sont pas faciles à gérer lors de ses rendez-vous professionnels en ligne. Ainsi, il ne nie pas qu’avoir les enfants à la maison tout en faisant son travail, a une incidence sur sa productivité quotidienne. Mais, il essaie de se rattraper en passant plus d’heures à compléter son travail. « Lorsque ma femme rentre du boulot, elle s’occupe des enfants et cela me permet de souffler un peu et rattraper un quelconque retard dans mon travail. Vu que je ne perds pas deux heures dans le trajet, j’utilise ce temps économisé avec le télétravail pour marcher avec mes enfants ou encore à préparer le déjeuner et le goûter », relate Akhilesh.

Pour gérer le tout efficacement, il planifie ses journées. « Chaque soir avant de les coucher, je leur demande ce qu’ils veulent faire ou manger le lendemain. Cela me permet de m’organiser à l’avance », dit-il. Vu que ses journées passent très vite, il se réveille plus tôt, voire vers les 5h30 pour aller courir à la plage. « Ce moment à moi me permet tous les jours de me vider l’esprit et de mieux attaquer mes responsabilités pour le télétravail avec les enfants à la maison. J’essaie aussi de maintenir mes routines comme en temps normal afin d’éviter que je bascule dans un mode léthargique qu’induit le télétravail », conclut-il.


Dev Ramano, avocat spécialisé en droit du travail : « Il faut réfléchir sur l’amélioration des conditions du télétravail »

dev ramano

Que disent les lois du travail sur le « work from home » ?
Cette réalité de travail existait déjà avant  et à un certain degré avancé dans d’autres juridictions bien avant la Covid-19. A Maurice, c’est la pandémie qui a accéléré les choses. L’autorité mauricienne est venue avec des règlements spécifiques le 24 septembre 2020, effectif à partir du 1er septembre 2020 pour donner un cadre juridique au travail à domicile (« work from home ») pour répondre à la nouvelle normalité pandémique.  Pour rappel, sous le Workers’ Rights Act 2019,  il y a la section 124 permettant au ministre de tutelle de venir avec des « Regulations » pour donner un cadre juridique plus ample en relation avec des provisions spécifiques de la loi. Ici il est question du télétravail.

Cependant, il est pertinent de souligner qu’il n’y a pas un grand nombre de personnes ou des secteurs de travail qui sont concernés par la loi réglementant le télétravail. Je suis d’avis qu’à Maurice, seuls 35 % des secteurs peuvent aller de l’avant avec ce mode de travail, car tout dépend de leur nature. 

Quel est ce cadre juridique ?
La Covid-19 (Miscelllaneous Provisions) Act 2020 a inséré la nouvelle provision 17(A), la « Work from Home » dans le Workers’ Rights Act 2019. De là, émane la Work From Home ‘Regulations’- Workers Rights Act (Work From Home) Regulations 2020. Toutes les conditions pour le télétravail sont réglementées.

Quelle est la nature du télétravail comme définie par les nouvelles provisions ?
 Tout d’abord le Workers Rights Act (Work From Home) Regulations 2020 définit le domicile (home) en relation avec le travail. Le « Home » est la résidence de l’employé, mais cela peut être un autre lieu désigné par l’employé pour le travail, agréé par l’employeur. Ensuite, le télétravail peut être sur une base permanente ou temporaire. Le télétravail peut aussi se partager entre la maison, le site de travail ou aller à la rencontre des clients. Remarquez que la provision 17 9A) (1) stipule ceci : « An employer may require any worker to work from home provided a notice of at least 48 hours is given to the worker ».

Quid des rémunérations, des heures de travail et des autres conditions ?
La loi parle aussi du paiement des employés qui peut être à l’heure, par semaine, par quinzaine, par mois ou par tâche. Si un employeur souhaite que son employé commence le télétravail, il faut une notification d’au moins 48 heures et c’est obligatoire que l’employé le fasse. Si c’est l’employé qui fait une requête pour travailler à domicile, c’est à la discrétion de l’employeur. Bien évidemment, il faut donner tous les outils de travail à l’employé. Pour les conditions (horaires, salaire et autres) de télétravail, un accord doit être conclu entre les deux parties. Il doit préciser si le télétravail est de durée déterminée ou indéterminée. Par ailleurs, les heures de travail sont définies. Si un employé travaille huit heures sur son lieu de travail, l’employeur ne peut lui demander ou forcer à travailler plus (pas plus de 45 heures par semaine). 

Qu’en est-il de l’intimité de la résidence ou du foyer de l’employé et de sa vie sociale avec cette nouvelle réalité ?
L’employeur ne peut pas communiquer avec l’employé en dehors des heures du travail, sauf si les deux parties tombent d’accord. L’employeur ou son préposé ne peut avoir accès au domicile de l’employé qu’avec le consentement de ce dernier. Si l’employé doit travailler au-delà de ce qu’il est supposé faire en termes d’heures, l’employeur doit lui payer un « overtime ». Si l’employé doit aller chercher les équipements le matin et les retourner dans l’après-midi, les heures passées à cette tâche font partie des heures de travail. Si un responsable a des consignes à donner à l’employé pour qu’il puisse effectuer sa tâche et si le responsable tarde à le faire, encore une fois, cela fait partie des heures de travail. De plus, si à cause de ce retard, l’employé tarde à commencer sa tâche, ce n’est pas de sa faute et on ne peut pas lui reprocher de ne pas travailler à cause des retards encourus. L’employé ne peut être contraint à être à la disposition de l’employeur à des « unsocial hours », c’est-à-dire à partir de 13 h 00 les samedis allant jusqu’au lundi suivant à 6 h 00. Si l’employeur souhaite que l’employé travaille durant ces heures anormales, il faut lui payer une « disturbance allowance ». 

Que dit la loi en ce qui concerne le traitement d’information en relation avec le télétravail, la sécurité et la santé de l’employé dans ce cadre de travail ?
Comme sur le site de travail, l’employé ne doit pas divulguer des informations confidentielles ou utiliser des outils de travail à d’autres fins. En passant, il faut faire ressortir que si l’employeur souhaite mettre fin au télétravail et rappeler l’employé au site de l’entreprise, il peut le faire.  Il est à noter que les normes de « Health and Safety » sont de rigueur. L’employeur doit s’assurer que l’employé travaille dans un environnement sain. Il doit s’acquitter des frais, notamment pour l’électricité, le téléphone, la maintenance des équipements (par exemple si un employé utilise son laptop personnel), le paiement du transport si l’employé a des déplacements à faire dans le cadre de son travail. Et à chaque étape, la sécurité est de mise.

 Y a-t-il des manquements ?
Selon moi, le cadre juridique est présent. Maintenant, y a-t-il un cadre administratif pour veiller à ce que les conditions du télétravail soient respectées, c’est une autre histoire. Disons qu’à titre d’exemple, c’est facile pour des officiers du ministère du Travail de faire des vérifications sur un lieu de travail où il y a 100 employés, mais le contraire est difficile. 

Pour moi, c’est à ce niveau qu’il y a des manquements, surtout du côté de la santé et de la sécurité au travail. Or, le concept du travail décent l’exige. Comment s’assurer que les employés disposent de tous les équipements appropriés et que les employeurs permettent de faire prévaloir les autres conditions de santé et de sécurité ? C’est difficile.

Ensuite, il y a l’isolation à laquelle les employés font face. Cette situation réduit la solidarité collective qui affecte le rapport de force entre les employés, le syndicat et l’employeur. C’est un aspect sur lequel doivent se pencher les syndicats.

Faut-il des amendements ? 
Il faut réfléchir sur les provisions de la loi existante, débattre et venir avec des propositions qui puissent améliorer les conditions de télétravail. Les lois actuelles sont déjà explicites, mais comme dit plus haut, il y a un manque d’encadrement administratif  du côté des autorités, c’est-à-dire le ministère du Travail pour transcrire dans la réalité les provisions légales. Il y a ainsi une réflexion à faire avec tous les acteurs concernés pour améliorer les conditions de télétravail à ce niveau. 


Areff Salauroo : « C’est l’avenir du travail »

Avec la nouvelle vague de la Covid-19, le télétravail (Work from home) a fait son retour. Pour Areff Salauroo, le président de l'Association of Human Ressource Professionals of Mauritius, c’est « la solution » en période de crise et par ricochet « the future of work. ». 

« S’il n’y avait pas de télétravail, de nombreuses compagnies seraient à l’arrêt ou paralysées. C’est ce mode de travail qui a empêché la paralysie permettant ainsi à l’économie de tourner. Depuis, c’est devenu un mode de travail qui convient aux employés et employeurs », explique Areff Salauroo. Il précise que l’association avait prédit que le télétravail serait le mode de travail de l’avenir à partir de 2026-27 mais avec la pandémie, cette tendance s’est accélérée. Selon lui, « aujourd’hui, il est possible de travailler n’importe où et n’importe quand si on a les outils nécessaires. » 

Selon lui, le télétravail comporte de nombreux avantages. « L’employé peut gérer son temps et n’a pas à faire le déplacement de son domicile à son lieu de travail le matin et le même trajet après les heures de travail. Cela a démontré un gain de productivité et une amélioration de la qualité du travail. Le plus important est ce que l’employé a toujours recherché. Soit le work life balance », souligne Areff Salauroo. 
Pour l’employeur aussi, le télétravail est avantageux. « L’employeur n’a pas à organiser le transport s’il offre cette facilité à ses employés. Sinon, il ne doit pas débourser de l’argent pour le transport des employés. L’espace sur le site du travail pour être utilisé à d’autres fins », pense ce dernier. 

Areff Salauroo pense que ce mode de travail sera là pendant un bon bout de temps, même après la pandémie. Mais est-ce que ce n’est pas difficile pour les directeurs des ressources humaines de gérer le personnel ? « Non, il y a l’élément de confiance qui s’installe. N’ayant personne qui soit sur son dos pour le surveiller, l’employé gagne en autonomie », avance-t-il. 

Areff Salauroo fait toutefois ressortir que c’est la responsabilité des directeurs des ressources humaines de veiller que les employés soient « safe » et disposent des outils nécessaires pour effectuer leurs tâches. « Le management doivent rembourser les frais additionnels (utilités, téléphone, etc.) encourus par les employés en télétravail. Ou alors, il faut offrir une allocation à ces employés pour qu’ils puissent s’acquitter des frais additionnels », précise notre interlocuteur. 

Il met aussi l’accent sur l’importance que le management démontre aux employés qu’il leur fait confiance et les encourage à poursuivre sur la bonne voie. « Il ne faut pas qu’il y ait un sentiment d’isolation. L’employé doit se sentir soutenu par le management », lance-t-il. 


Soodesh Callichurn : « Il faut d’abord un accord entre l’employeur et l’employé »

Le ministre du Travail, Soodesh Callichurn constate que le télétravail a pris de l’ampleur depuis le premier confinement. Depuis, des employés et des employeurs ont trouvé qu’il s’agit d’une « bonne formule », permettant surtout aux employés de concilier leur vie professionnelle et familiale alors que pour les employeurs, il y a une diminution dans les coûts. 

« C’est une ‘win-win situation’. D’ailleurs, nous encourageons le télétravail dans les secteurs où c’est possible surtout avec les restrictions sanitaires en place en ce moment », déclare le ministre du Travail. Ce dernier avance qu’une lettre a été envoyée à Business Mauritius pour conscientiser ses membres (près de 1 200), qui emploient trois quarts des salariés du secteur privé. « 25 à 85 % des salariés de différentes compagnies travaillent de chez eux », dit-il. Cela s’applique aussi au secteur public.

Le ministre du Travail revient sur la loi (Work From Home Regulations 2020), où il y a des paramètres à respecter. « Il faut d’abord un accord entre l’employeur et l’employé. Les conditions sont définies en vertu de la Workers’ Rights Act. Si un employé travaillait 40h sur son site de travail, l’employeur ne peut lui demander de travailler plus. Si tel est le cas, il faut lui payer un overtime. L’employeur doit aussi s’assurer que l’employé dispose de tous les équipements nécessaires », souligne-t-il, ajoutant que pour le secteur public, une autre formule est applicable et que le Pay Research Bureau aborde le télétravail. 

Comment est-ce que le ministère veille que les employeurs respectent les conditions de travail comme stipulé dans la Work From Home Regulations 2020 ? A quoi Soodesh Callichurn indique qu’il faut que « des employés portent plainte ». « Nos officiers ne peuvent entrer dans une maison sans le consentement d’un employé. Il faut que ce dernier porte plainte et donne son autorisation pour qu’on vienne faire une visite des lieux pour prendre note des conditions de travail », soutient-il. Il ajoute qu’à ce jour, aucune plainte n’a été enregistrée. 


Le véritable enjeu : opter pour une méthode hybride

Le travail à domicile a permis à de nombreuses entreprises de poursuivre leurs opérations alors que la pandémie a resurgi dans le pays. Cela revêt cependant d’un véritable défi tant pour les employeurs que pour les salariés.  

Jennifer Webb de Comarmond.
Jennifer Webb de Comarmond.

Contraintes d’assurer la continuité des opérations, de nombreuses entreprises ont opté pour le télétravail lors du premier confinement. Un mode de travail qui serait toujours d’actualité chez certaines entreprises. Cependant, Jennifer Webb de Comarmond, directrice de Proactive Talent Solutions concède que les entreprises ne sont pas 100 % prêtes pour le télétravail. Si le télétravail comporte l’avantage indéniable pour les sociétés de maintenir leurs opérations, certains axes de difficultés se préciseraient aujourd’hui. Ceux-ci concernent les parents-salariés avec les cours en ligne pour les étudiants en raison de la fermeture des écoles. Jennifer Webb de Comarmond évoque la nécessité d’avoir la présence des parents ou de l’un d’entre eux à la maison afin d’accompagner les enfants dans leur cour. La directrice de Proactive Talent Solutions souligne que c’est là un enjeu de taille. « Les conditions actuelles de home schooling vont évoluer. Les circonstances autour des raisons pour le travail à domicile sont en constante évolution », explique-t-elle. Le challenge est d’avoir l’agilité pour s’adapter à toutes les réalités qui viennent se greffer au-delà du fait du télétravail de manière normale.   

La volonté des employeurs

Le télétravail requiert un aménagement approprié afin de mettre l’employé dans les meilleures conditions. Au niveau de Travaylakaz.mu, l’on observe que certaines entreprises ont entrepris des efforts pour équiper leurs employés, en termes de mobilier, de chaises et de bureau pour mieux travailler à domicile. Jennifer Webb de Comarmond affirme qu’il y a une volonté des employeurs. La demande importante pour la formation concernant le travail à distance traduirait également cette démarche. « Force est de constater que les entreprises et les équipes ont pris conscience de l’importance d’apprendre les compétences nécessaires pour le télétravail », poursuit Jennifer Webb de Comarmond. 

Parallèlement, le télétravail ne serait pas sans conséquence sur le lien social au sein des équipes dans les entreprises. Il aurait une incidence sur la connexion humaine. La directrice de Proactive Talent Solutions fait observer que cela a affecté les liens fondamentaux qui font que des équipes fonctionnent. Ainsi, le véritable enjeu aujourd’hui n’est pas uniquement de se positionner dans le télétravail permanent, mais d’opter pour une méthode hybride. Un moyen, explique Jennifer Webb de Comarmond, qui permet de garder les liens qui sont au centre des équipes qui fonctionnent et qui sont productives. Elle est d’avis que les entreprises doivent trouver cet équilibre afin de garder les relations sociales tout en s’adaptant dans le contexte actuel.  

Point noir 

Le travail à domicile comporte également des enjeux importants sur le plan opérationnel pour les entreprises, car ce modèle ne s’applique pas à toutes les activités et les industries. En vigueur pour les activités en ‘back office’, le télétravail n’est pas applicable pour les activités en front line ou commerciales. « Travailler sur des outils informatiques comme Team ou Zoom pour avancer sur des projets commerciaux ou le service-client vient avec des enjeux », indique la directrice de Proactive Talent Solutions. 

Une économie de Rs 1,5 M par an pour 10 employés

La plateforme Travaylakaz.mu a été lancée en mai 2020. L’objectif est de sauver le maximum d’emplois à Maurice à travers un ‘Work from Home Scheme’. Le concept qui comporte des aspects écologique et social, consiste en un programme de travail à domicile s’adressant aux entrepreneurs, PME, travailleurs indépendants mais aussi aux grandes entreprises. Selon Jennifer Webb de Comarmond, Travaylakaz.mu permettra aux entreprises d’économiser de l’argent, avec une réduction des frais de voyage et de carburant et des coûts d'allocation d'espace. « Au total cela devrait être une économie d’environ Rs 1,5 millions à 2 millions par an pour 10 employés travaillant à distance partiellement. Le projet peut permettre d'économiser Rs 7,5 milliards si nous atteignons l'objectif de 50 000 employés », précise-t-elle.

Travail à domicile : 20 % de l'emploi total à Maurice

Selon l'industriel et chef d'entreprise, François de Grivel, le travail à domicile représenterait 20 % de l'emploi total à Maurice. 

Avantages du télétravail

  • réduction des coûts opérationnels pour l'entreprise
  • assurer la continuité des opérations
  • réduire la chaine de transmission de l'épidémie

Inconvénients du travail à domicile

  • disponibilité d'espace approprié
  • organisation pour concilier vie professionnelle et familiale
  • assurer la relation permanente avec les correspondants

Secteur où le télétravail est d'actualité

  • secteur des services
  • assurance
  • back office
  • informatique
  • technologie

Activités qui ne sont pas favorables au télétravail

  • le secteur manufacturier
  • le secteur de la production
  • la construction
  • l'hôtellerie 

 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !