Economie

Coopératives : à l’ère de l’innovation

La Journée  internationale des Coopératives  a été observée le 1er juillet dernier.  Comme à l’accoutumée, diverses activités ont été organisées, y compris la tenue d’une foire pour promouvoir les produits et services des sociétés coopératives. Tour d'horizon du secteur.

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Environ 1 143 sociétés coopératives à Maurice et à Rodrigues, engagées dans plus de 40 activités, génèrent des chiffres d’affaires de Rs 5,5 milliards. Si dans le passé, les sociétés coopératives n’étaient actives que dans le domaine agricole, soit la canne à sucre, la culture des légumes et l’élevage, aujourd’hui, elles ont pénétré d’autres secteurs productifs, à l’instar des services financiers, le crédit, la grande distribution ou encore les énergies renouvelables. Selon les chiffres officiels, près de 65 % de la production d’oignons, 45 % de celle des pommes de terre et 70 % des légumes sont assurées par les sociétés coopératives. Les opérateurs d’autobus individuels sont, eux-aussi, regroupés au sein des sociétés coopératives.

Le pays compte environ 160 ‘Cooperative Credit Unions’ regroupant plus de 75 000 membres et gérant un portefeuille de fonds en forme de prêts de l’ordre de Rs 2 milliards. Par ailleurs, il y a 100 sociétés coopératives gérées par des femmes. Tout n’est pas rose dans le secteur coopératif. Dans beaucoup de cas, l’esprit coopératif n’existe pas, car chaque membre au sein de la société opère individuellement et indépendamment des autres. Ainsi, les bienfaits d’une société coopérative ne sont pas optimisés. Par exemple, il n’y a jamais de décision collective ou de projet ou investissement commun. Cet état des choses affecte la rentabilité de tous les membres et a un impact sur la viabilité même de la société.  On ne peut arriver à des économies d’échelle par exemple. Le ‘strategic planning’ fait défaut, beaucoup de sociétés demeurant stagnantes et dépendant entièrement sur les autorités pour leur survie au lieu d’innover et d’évoluer. Des sociétés coopératives sont lourdement endettées et plusieurs sont en liquidation.

Mesures incitatives

Les sociétés coopératives sont exemptées de la ‘stamp duty’ ainsi que des frais d’enregistrement, sauf sur les véhicules.  Les dividendes payés par une société coopérative sont exemptés de l’impôt. Des facilités hors-taxes sur les véhicules utilitaires sont aussi accordées aux coopératives engagées dans la pêche. Les bénéfices générés par les sociétés engagées dans le secteur sucre ne sont pas taxables. Elles sont également exemptées de l’impôt sur leurs revenus non-sucres.

Les sociétés coopératives ont un énorme potentiel économique à Maurice, bien que cette forme d’entreprise n’attire pas les jeunes. D’ailleurs, c’est dans cette optique que le ministère des Coopératives veut mettre sut pied un ‘Cooperative College’ à Bois-Marchand, là où se trouve le National Institute of Cooperative Entrepreneurship (NICE). Cette institution aura pour objectif de former les jeunes et mieux encadrer les sociétés coopératives.  L’initiative donnera un nouveau boost au mouvement coopératif.

Longtemps engagées dans les secteurs traditionnels, les sociétés coopératives sont maintenant de plus en plus encouragées à pénétrer les secteurs émergents. En ce moment, les autorités sont en train de promouvoir les énergies renouvelables parmi les sociétés coopératives et plusieurs mesures incitatives sont offertes.  

La People’s Cooperative Renewable Energy Society a un projet énergétique à Balaclava. C’est une ferme solaire de 500 KW qui sera étendue à d’autres endroits.  Un autre projet d’énergie verte par une société coopérative est celui de la Long Mountain Cooperative Credit Union, qui profite du ‘Green Energy Scheme for Cooperatives’ lancé par le ministère des Coopératives.

En vertu de ce plan, le gouvernement offre une subvention de Rs 10 000 par KW à la société productrice d’énergie verte, sujette à un plafond de Rs 50 000.  La Long Mountain Cooperative Credit Union compte plus de 2 000 membres et gère un fonds annuel de Rs 20 millions. Elle a fait installer 11 panneaux photovoltaïques d'une capacité de 2,9 KW/h, au coût de Rs 210 000. D’autres sociétés coopératives qui veulent participer sous ce ‘Scheme’ sont : Ministry of Health Cooperative Credit Union, Paradise Integrated Farming Cooperative Society, Al-Barakah Multi-Purpose Cooperative Society, Primary Aided Employees Cooperative Credit Union, Vacoas Popular Multi-Purpose Cooperative Society, United Development Cooperative Credit Union Ltd et Railway Agro-Mechanical Cooperative Society Ltd.

Les  sociétés coopératives s'intéressent aux énergies renouvelables.  

Top 100 coopératives

Le secteur des coopératives à Maurice a son ‘Top 100’. C’est désormais une publication annuelle du ministère des Coopératives qui répertorie les 100 meilleures sociétés, afin de donner plus de visibilité à ce secteur important de l’économie.

National Award

Le ministère de tutelle organise chaque année un ‘National Award for Cooperatives’, un événement auparavant connu comme « Excellence Awards. » Ceux intéressés à participer ont jusqu’au 31 août pour s’inscrire. Etalé sur trois ans, le National Award prendra en considération les initiatives prises par les sociétés coopératives durant cette période pour atteindre l’excellence. Les critères déterminants pour choisir le gagnant sont le leadership, la vision, la créativité et l’innovation. L’‘Award Night’ aura lieu le 10 novembre prochain. Chaque gagnant des 12 différents secteurs sera récompensé d’un prix de Rs 25 000. Nous avons sondé quelques sociétés coopératives et beaucoup déplorent que le prix dérisoire n’attire pas la participation massive des coopérateurs, car se préparer pour la participation même coûtera plus de Rs 25 000.

Fairtrade

Le label ‘Fairtrade’ est octroyé par ‘Fairtrade International’, qui aide les producteurs certifiés à vendre à un prix équitable, ce qui les protège de l’instabilité des marchés. En plus du prix minimum, les fermiers et les travailleurs de Fairtrade reçoivent aussi la Prime de Fairtrade, qu’ils investissent dans des projets socioéconomiques et environnementaux. À Maurice, la ‘Mauritius Fairtrade Cooperative Federation’ regroupe une trentaine de sociétés coopératives.


Adil Sohawon : «Les services agricoles n’innovent pas»

Adil Sohawon, le président de la Cow Breeders Cooperative Society, basée à Nouvelle-Découverte, explique que l’esprit coopératif est souvent absent au sein des sociétés coopératives. « Les membres opèrent individuellement, mais dans une certaine mesure, cela est considéré comme positif, car il est difficile d’aligner tous les membres autour d’une stratégie commune. » Au niveau des services du ministère des Coopératives, Adil Sohawon dit que le ministère est très performant et innovant, tout en améliorant constamment ses services. « Nous accueillons les démarches du nouveau ministre Sunil Bolah, qui s’efforce de relancer le mouvement coopératif. Mais nous déplorons les services du ministère de l’Agriculture. Nos problèmes restent entiers. Par exemple, il y a des gens qui veulent se lancer dans l’élevage, mais il y a un manque d’animaux. »

Rajdeo Kissoonah : «Le mouvement coopératif est en train de prospérer»

Rajdeo Kissoonah

Rajdeo Kissoonah, président de la Mauritius Cooperative Alliance, est d’avis que les sociétés coopératives peuvent contribuer énormément à l’économie. Concernant les sociétés qui font face à des difficultés, il dit que cela est le résultat de la mauvaise gestion et un manque de transparence.

« Si les sociétés respectent les règlements, elles ne devront pas avoir de difficultés. » Il explique qu’elles sont une poignée à se retrouver en difficulté, alors que la grande majorité prospère. Rajdeo Kissoonah se réjouit que le mouvement coopératif commence à attirer de plus en plus de jeunes.

« Je note, ces derniers temps, que de plus en plus de jeunes veulent intégrer le mouvement coopératif, surtout dans le secteur de l’élevage. Nous voyons un véritable dynamisme de la part du ministre des Coopératives pour faire bouger le secteur, et nous sommes satisfaits des diverses mesures prises par le ministère. Cependant, je propose que les autorités revoient la politique de distribution de terres agricoles afin de pouvoir offrir aux jeunes entrepreneurs, qui veulent se lancer dans l’élevage, un lopin de terre convenable. »

 

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