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Construction : ces maux qui rongent les entrepreneurs

Les membres de la Plateforme commune du secteur de la construction.

Les représentants de la Plateforme commune du secteur de la construction, fraîchement créée, tirent la sonnette d’alarme. Face aux nombreuses difficultés actuelles, aucune entreprise de ce secteur n’est à l’abri d’une fermeture brutale et définitive, soutiennent-ils.

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Faire entendre la voix de tous les acteurs du secteur de la construction, c’est l’ambition de la plateforme constituée par la Building and Civil Engineering Contractors Association (BACECA), l’Association des contracteurs (ACS), la Building Materials Manufacturers Association (BMMA) et la Mechanical and Electrical Engineering Contractors Association (MEECA). Comme le souligne le président de la BACECA, Ravi Gutty, aucun entrepreneur, petit ou grand, n’est épargné par les vagues de turbulence frappant ce secteur qui compte 46 900 emplois directs et autant, voire plus, d’emplois indirects.

Coûts élevés des matériaux 

Jamais les prix des matériaux de construction n’ont été aussi élevés depuis la crise économique de 2007-2009. Cette année, Le bitume (+81 %), l’acier (+77,4 %) et le bois (+55 %), entre autres, ont connu des majorations énormes. Et les prix pourraient encore grimper, craint Ravi Gutty. 

De plus, fait-il ressortir, la hausse de 30 % des prix des carburants, en l’espace de seulement trois mois, a résulté en une augmentation des prix des intrants. « La situation est tellement volatile que les entreprises ne peuvent pas anticiper. Les tarifs évoluent au jour le jour », dit-il. Et pour ajouter aux problèmes des entrepreneurs, il évoque une pénurie des matières premières qui s’accentue avec la crise de l’énergie. « Si les prix de l’énergie restent élevés, les prix des matériaux qui nécessitent de l’énergie pour être produits le seront aussi. »

Manque de main-d’œuvre

Le secteur de la construction est aussi confronté à un manque de main-d’œuvre. « Étant donné que c’est un domaine très manuel, notre industrie a besoin de beaucoup de bras pour son bon fonctionnement. Malheureusement, toutes les entreprises font face à une grave pénurie de main-d’oeuvre sur les chantiers », dit Ravi Gutty.  

Pour pallier ce manque de main-d’oeuvre « qui pourrait avoir des conséquences désastreuses », il explique que la solution réside dans le recours, à court terme, aux travailleurs étrangers. Il plaide donc auprès des autorités pour la mise en place d’un « fast-tract » pour accélérer l’octroi des permis de travail. Il aussi réclame une révision à la baisse des Work Permit Fees pour les aligner sur ceux du secteur manufacturier.

Parallèlement, le président de la BACECA souhaite la création d’une chambre de métiers pour assurer la formation des jeunes Mauriciens dans les différents métiers de la construction. Il trouve également important que les qualifications soient réglementées et exigées pour l’exercice de certaines professions du secteur qui seraient ainsi revalorisées.

Clauses contractuelles

Autre contrainte pour les entrepreneurs de la construction, selon Ravi Gutty : « la modification excessive des clauses contractuelles supprimées partiellement ou complètement ». Ce qui rend le contrat déséquilibré pour convenir uniquement au client, au promoteur ou à l’employeur. « Avec de telles conditions, les entrepreneurs assument seuls la plupart des risques du projet alors que le contrat devrait favoriser un partage raisonnable des responsabilités », argue-t-il. Pour lui, de tels contrats pourraient avoir de graves répercussions sur les constructeurs et même en amener certains à fermer leur entreprise. 

Il explique qu’un des problèmes actuels est la non-viabilité des contrats à prix fixe. « Une fois signé, un contrat ne peut pas être revu même si les prix des matériaux ont augmenté sur le marché. Or, il est quasiment impossible de garantir, sans risque, le prix sur toute la durée d’un projet, généralement de 6 à 24 mois, voire 48 mois. Ce sont alors les contracteurs qui supportent les coûts supplémentaires. »

Il se trouve, poursuit Ravi Gutty, que pour l’obtention d’un contrat, les contracteurs sont les seuls à devoir soumettre plusieurs garanties. « Quand le contrat a été conclu, ils doivent engager leurs propres fonds et facilités bancaires pour l’achat des matériaux et autres équipements. Souvent, ils se retrouvent donc avec un problème de trésorerie pour mener à bien leurs opérations. » Ils font aussi face à des difficultés au niveau des devises pour importer des matériaux de construction. 

Les autres membres de la Plateforme commune du secteur de la construction, à savoir Vidianand Toofany de l’ACS, Anil Rambarun de la BMMA et Paul Ah Leung de la MEECA, évoquent plus ou moins les mêmes problèmes.

Les propositions

  • Raccourcir les délais de paiement des contrats et revoir les avances, le quantum et la formule de rétention, dans le contexte actuel, pour sauver des entreprises de construction.
  • Un comité de règlement de différends pour faciliter la résolution de conflit ou de désaccord contractuel à moindre coût.
  • Que tous les contrats de construction d’une durée supérieure à six mois soient systématiquement soumis à des clauses de fluctuation de prix jusqu’à ce que la situation économique se stabilise. 
  • Les promoteurs doivent fournir une certaine forme de garantie de paiement.
  • Une révision à la baisse des frais de licence pour les contracteurs enregistrés auprès du Construction Industry Development Board.
  • La mise en place d’un mécanisme pour permettre à l’industrie de la construction d’avoir un accès prioritaire à des devises à un taux de change préférentiel au même titre que l’industrie manufacturière.
  • Protéger et promouvoir les entreprises locales. 
 

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