Le cabinet ministériel composé, les nouveaux ministres se retroussent les manches pour attaquer de front les dossiers qu’ils jugent prioritaires. Voici un aperçu de ce qui est urgent…
Administrations régionales : Réforme de la loi et élections municipales
« La priorité est d’organiser des élections municipales et de s’assurer que la démocratie règne dans les conseils municipaux et de district », avance Ranjiv Woochit, nouveau ministre des Administrations régionales.
La dernière fois que les citadins ont été appelés aux urnes était en juin 2015. Alors que les élections municipales devaient avoir lieu en 2021, le précédent gouvernement les a renvoyées à trois reprises. Les raisons mises en avant étaient : la Covid-19 et une réforme majeure de la Local Government Act.
Depuis neuf ans, les mairies sont gérées par des conseillers du Mouvement socialiste militant et du Parti mauricien social démocrate. Le nouveau gouvernement compte mettre fin à cette situation. Il estime que les conseillers municipaux ne sont plus légitimes à cause du triple renvoi des élections municipales. La réflexion est en cours pour les remplacer par des commissaires municipaux, comme la loi le permet. Il s’agira de personnes nommées directement par le gouvernement pour gérer les villes. C’est en attendant une refonte de la loi pour inscrire dans la Constitution l’obligation de tenir des élections municipales dans un délai prescrit.
Les élections municipales auront ensuite lieu selon les nouveaux paramètres. Il est question de permettre aux citadins de voter pour leurs nouveaux représentants en mars ou avril.
Transport : Redresser la situation
Osman Mahomed, nouveau ministre des Transports, s’est mis au travail, samedi, avec une première réunion de plus de trois heures avec l’administration du ministère. « Je leur ai demandé de préparer un constat de la situation qui, à première vue, est catastrophique dans plusieurs secteurs », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Metro Express est le pire. »
Il existe aussi, selon Osman Mahomed, des problèmes sérieux au niveau de la National Land Transport Authority, de la Compagnie nationale de transport et de la Traffic Management & Road Safety Unit. Le transport gratuit pour tous, comme promis durant la campagne électorale, est un autre dossier chaud.
Alain Jeannot, président de l’organisation Prévention routière avant tout : « Une révision en profondeur s’impose »
Alain Jeannot, président de l’organisation Prévention routière avant tout (Prat), tire la sonnette d’alarme sur plusieurs aspects critiques liés à la sécurité routière à Maurice. Selon lui, une révision profonde des infrastructures, des comportements des usagers et des politiques de transport est indispensable pour réduire le nombre d’accidents.
L’état des infrastructures routières constitue un premier enjeu majeur. Alain Jeannot souligne que les marquages au sol, tout comme le mobilier urbain routier, sont souvent mal entretenus. Ces défauts, selon lui, nuisent à la sécurité des usagers. Il plaide également pour une meilleure harmonisation des limitations de vitesse, qui, dans certains cas, semblent incohérentes. La visibilité des panneaux de signalisation, parfois obstrués ou mal positionnés, doit aussi être améliorée pour garantir une conduite plus sécurisée.
Le poids des deux-roues motorisés dans le parc automobile mauricien est un autre point de préoccupation. Ces véhicules représentent 36 % du parc total, soit environ 250 000 unités. « Plus il y a de kilomètres parcourus, plus les risques d’accident augmentent », explique Alain Jeannot. Il propose de réduire cette moyenne kilométrique en encourageant davantage de personnes à utiliser les transports en commun. Cette transition vers un usage accru des transports publics pourrait contribuer à diminuer les risques d’accidents impliquant les deux-roues motorisés.
La question de la formation des usagers de la route est également centrale. Il insiste sur l’importance d’une sensibilisation « pointue, adéquate et systématique » des conducteurs, en particulier des utilisateurs de deux-roues. À cet effet, il préconise une utilisation accrue des plateformes numériques pour atteindre un large public et diffuser des messages éducatifs sur la sécurité routière.
Affaires étrangères : Rétablir les liens diplomatiques
Pour Ritesh Ramful, la priorité est de « collaborer avec les pays amis avec qui nous avons déjà des liens diplomatiques et de voir comment on peut renforcer ces liens ». Le nouveau ministre des Affaires étrangères compte aussi mettre « l’accent sur la politique économique étrangère pour voir comment on pourrait en bénéficier économiquement ». L’intégration régionale est un autre aspect qui nécessite beaucoup d’attention de la part du nouveau ministre.
Le dossier Chagos est la responsabilité du Premier ministre. Dans ce contexte, Navin Ramgoolam a déjà eu des discussions avec sir Geoffrey Cox, parlementaire britannique et King’s Counsel, et d’autres conseillers légaux. Un accord politique a été trouvé avec le Royaume-Uni, le 3 octobre, concernant la restitution de l’archipel à Maurice. Il y a eu de fortes contestations de la part de l’opposition britannique et de forts lobbies exercés auprès du président élu américain Donald Trump pour faire capoter le projet.
Anil Bachoo : « Priorité à la santé des Mauriciens et à la lutte contre la corruption »
Anil Bachoo, nouveau ministre de la Santé, met l’accent sur l’accès universel aux soins et la lutte contre la corruption. Il vise également à améliorer les conditions de travail du personnel et à réduire les prix des médicaments.
En sus de veiller à ce qu’il n’y ait pas de pénurie de médicaments, Anil Bachoo a déclaré qu'il allait privilégier une approche centrée sur le patient. « Le droit à la santé est fondamental et devrait être garanti à tous les Mauriciens. Ne pas leur accorder cela est une offense », dit-il. Le nouveau ministre de la Santé ajoute qu’il fera en sorte d’éliminer tout type de corruption dans l’approvisionnement des médicaments.
De plus, il envisage également de revoir les conditions de travail du personnel, qu’il soit médical ou paramédical. « Nous devons bien les traiter afin qu’ils puissent offrir un meilleur service à la société », déclare-t-il. En effet, le ministre Bachoo soutient que le nécessaire sera fait pour pourvoir les postes vacants et mettre ainsi fin au manque de personnel à différents niveaux dans le secteur de la santé publique. « Nous allons faire en sorte de trouver les moyens de réduire le prix des médicaments qui sont exorbitants, tout en veillant à ce qu’il n’y ait aucune pénurie dans les hôpitaux », affirme le ministre Bachoo. Contrairement à ses prédécesseurs, il indique qu’il est ouvert aux propositions des parties prenantes concernant toute suggestion pour l’amélioration du secteur de la santé.
Ministère des Technologies, Innovation et Communication : la nouvelle carte d’identité
La nouvelle carte d’identité nationale est l’un des plus gros dossiers du ministère des TIC. Baptisée MNIC 3.0, elle se distingue par des fonctionnalités inédites, positionnant le pays comme un leader technologique sur le continent africain. La carte intègre un code-barres permettant à des institutions comme l’Office des passeports et de l’immigration, ou encore la poste d’accéder rapidement aux données civiles des citoyens.
Plus qu’un simple document d’identification, cette carte s’accompagne d’un portefeuille numérique accessible via smartphone, offrant ainsi une interopérabilité complète avec les normes internationales ISO. Cette innovation place Maurice en avance sur l’Afrique, où aucun pays n’a encore déployé un tel système d’identité numérique.
« La décision de Maurice d’adopter des caractéristiques biométriques dans son nouveau système de cartes d’identité a été inspirée par plusieurs facteurs. Tout d’abord, la nécessité d’améliorer la sécurité et de lutter contre la fraude était primordiale. Les données biométriques, comme les empreintes digitales et les éléments faciaux, offrent un niveau de sécurité supérieur en rendant plus difficile l’utilisation frauduleuse d’identités. De plus, la modernisation de l’administration publique et l’amélioration de l’efficacité des services gouvernementaux ont également joué un rôle important. Avec un système d’identité biométrique, les processus d’enregistrement, de vérification et d’accès aux services peuvent être simplifiés, ce qui permet un meilleur service aux citoyens », avance l’expert en cybersécurité Avinash Takoory.
En ce qui concerne l’impact sur la vie quotidienne des citoyens, poursuit-il, plusieurs changements pourraient se produire. « Le public pourra bénéficier d’un accès plus rapide et plus facile à divers services gouvernementaux. Ce sont, entre autres, les soins de santé, les procédures d’immigration et les services financiers. Cela pourrait réduire le temps d’attente et améliorer l’expérience utilisateur. », dit-il.
En revanche, précise l’expert en cybersécurité, il est essentiel de prendre en compte les préoccupations relatives à la confidentialité et à la protection des données. Les autorités, insiste-t-il, doivent garantir que les données biométriques sont stockées de manière sécurisée et que les droits des citoyens sont respectés.
Agro-industrie, pêche et industrie océanique : la priorité est de trouver de la main-d’œuvre
« La plus grosse priorité est la main-d’œuvre », fait observer Arvin Boolell, nouveau ministre de l’Agro-industrie, de la Sécurité alimentaire, de l’Économie bleue et de la Pêche.
Concernant l’économie bleue, le ministre indique que plusieurs rapports avaient été produits avant 2014. « Nous avions, par exemple, fait un énorme travail sur le Land-Based Oceanic Industry. Nous comptons la relancer. Il faut aussi entreprendre le développement portuaire. Avec un port attrayant, on peut attirer beaucoup de trafic vers Maurice. Mais le dernier Container Port Performance Index a montré que la productivité du port est catastrophique. »
Arvin Boolell met également en avant le potentiel important au niveau du ravitaillement et de la réparation des bateaux. « Trente-cinq mille bateaux circulent dans l’océan Indien. Et un millier seulement vient à Maurice. Il y a un potentiel énorme à exploiter », estime-t-il. La main-d’œuvre pose un problème.
Au niveau de la pêche, il identifie aussi des défis majeurs. Il faut lutter contre la pêche illégale par des bateaux étrangers et le développement de la pêche semi-industrielle.
Pour ce qui est de l’agro-industrie, le défi, c’est la main-d’œuvre. « On veut être autosuffisant sur le plan alimentaire, mais nous manquons d’eau et de personnes pour travailler dans ce secteur. C’est la même chose pour la canne. » Il faut freiner l’empiétement sur les terrains agricoles et augmenter la surface de canne à sucre.
Ministère de l’Intégration sociale, de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale : Il n’y a pas que l’argent qui compte
Avec une population vieillissante, le pays se trouve face à un défi de taille. « D’ici 2030, plus de 40 % de la population aura plus de 60 ans », note Jocelyn Chan Low, observateur avisé.
Pour lui, la question de la pension n’est qu’un aspect d’un problème bien plus vaste. « Il n’y a pas que l’argent qui compte », insiste-t-il. Les personnes âgées ont avant tout besoin d’un accompagnement humain, dont de carers pour répondre à leurs besoins quotidiens.
De plus, il relève l’urgence de multiplier les maisons de retraite et de légiférer pour renforcer la protection des personnes en situation de handicap ou en perte d’autonomie. Du côté du ministère de l’Intégration sociale, des efforts sont attendus. Jocelyn Chan Low plaide pour une meilleure formation des travailleurs sociaux, qu’il considère comme des acteurs clés du changement. « Les travailleurs sociaux doivent être formés. Et en parallèle, il faut renforcer le rôle des ONG, capables de mobiliser et de transformer la société », explique-t-il.
Salil Roy, président de la Planters Reform Association : « Il faut une solution au problème de manque de travailleurs »
Salil Roy, président de la Planters Reform Association, est d’avis que le problème du secteur agricole est le grand manque de personnel. « La priorité doit être de trouver une solution à ce problème qui perdure depuis des années. On a eu beaucoup de réunions avec le ministère, sans qu’une solution soit trouvée », déplore-t-il.
Salil Roy souhaite également un changement de mentalité et une prise de responsabilité de la part des Mauriciens. « Nous devons comprendre qu’il faut arrêter de bétonner partout et de recommencer à planter. »
Ressources humaines et optimisation de l’approvisionnement des médicaments
Le Dr Meetheelesh Abeeluck, président de la Government Medical and Dental Officers Association, appelle à une meilleure gestion des ressources humaines. Pour sa part, Siddique Khodabocus, de l’Association des petits et moyens importateurs de produits pharmaceutiques, plaide pour une révision du système d’approvisionnement des médicaments.
Le Dr Meetheelesh Abeeluck plaide pour une gestion optimisée des ressources humaines, notamment par le redéploiement du personnel et le recrutement à tous les niveaux, médicaux et non médicaux. Il estime que le nouveau ministre de la Santé devrait revoir l’organisation des services, à travers la décentralisation et la création de guichets uniques. Il propose une transformation de certains services 24/7 en régimes d’astreinte et de garantir la disponibilité des médicaments en identifiant les failles dans la chaîne d’approvisionnement.
Il souhaite également que le nouveau ministre s’attelle à relancer les transplantations rénales avec une unité dédiée, tout en renforçant les infrastructures, y compris le remplacement des ambulances et des équipements. Il recommande la concrétisation du projet E-Health. Enfin, il souligne l’importance d’audits rigoureux, de la révision du fonctionnement du Medical Council et d’une meilleure collaboration avec les syndicats pour résoudre les problèmes du secteur. Il demande une attention particulière pour le retour à un mois de mission pour les gynécologues à Rodrigues, afin de freiner leur départ du service public.
De son côté, Siddique Khodabocus pense que le nouveau gouvernement autorisera l’importation parallèle, comme mentionné dans son manifeste électoral, pour réduire le prix des médicaments. « C’est l’un des moyens d’obtenir des médicaments de référence à un prix jusqu’à 40 % moins cher que ceux pratiqués actuellement sur le marché », affirme-t-il.
Concernant l’octroi de médicaments gratuits aux personnes âgées, il appelle à des consultations pour déterminer la meilleure façon de mettre en œuvre cette mesure. Selon lui, le système d’approvisionnement des médicaments devrait être réévalué. De plus, il estime qu’une étude est nécessaire pour comprendre pourquoi de nombreux patients refusent les médicaments gratuits proposés par le service public.
Siddique Khodabocus plaide également pour la création d’un laboratoire d’analyse des médicaments commercialisés. « Nous espérons que le ministre prendra le temps d’écouter les parties prenantes et les professionnels du secteur de la santé, plutôt que de se contenter des avis des fonctionnaires qui ne connaissent pas réellement le marché des médicaments », conclut-il.
Force policière : Modernisation, efficacité et proximité
Avec une vision claire et des objectifs définis, le nouveau commissaire de police, Rampersad Sooroojebally, entend poser les bases d’une force policière moderne, efficace et proche des citoyens. Il place la lutte contre la criminalité au sommet de son agenda. Il entend renforcer l’efficacité des opérations, tout en consolidant les valeurs fondamentales de la police : intégrité, respect et professionnalisme. « Chaque action entreprise visera à améliorer le service à la population », dit le commissaire. Rampersad Sooroojbally souhaite aussi développer des partenariats solides avec les citoyens. Et il appelle à une collaboration active entre les forces de l’ordre et les communautés locales pour créer un environnement plus sûr : « Toutes les décisions prises viseront à renforcer la confiance du public et à faire de notre force policière un modèle d’intégrité. »
L’observateur Jocelyn Chan Low n’hésite pas à pointer du doigt un problème structurel persistant. « La police donne encore l’impression d’être au service du gouvernement du jour. Il faut rétablir la confiance et la discipline », avance-t-il. Il insiste sur le fait que « la modernisation de la police est évoquée depuis des années, mais que les résultats tardent à convaincre ». Jocelyn Chan Low plaide pour des investissements dans les nouvelles technologies. « La police scientifique, par exemple, joue un rôle crucial dans la recherche de preuves. Mais sans outils modernes, son efficacité est limitée », fait-il observer. Au-delà de la technologie, la formation des policiers est un enjeu clé. Pour l’observateur, le pays a besoin d’une force modernisée, capable de répondre aux défis contemporains avec professionnalisme. « Une police moderne est synonyme d’efficacité. Ce qui devrait être une évidence dans un État qui aspire à l’excellence », conclut-il.
Ministère du Commerce : Baisse du prix des carburants et des denrées alimentaires
Le ministre du Commerce, Michael Sik Yuen, a confirmé à Le Dimanche/L’Hebdo qu’il préparait des mesures pour alléger la pression sur le coût de la vie. En tête de ses priorités : la baisse des prix des carburants et l’exemption de taxes sur certains produits alimentaires essentiels. Alors que l’inflation continue de peser sur les foyers, ces annonces traduisent la volonté du ministre de répondre rapidement à l’urgence sociale.
« Dès le début de la semaine prochaine, je présenterai une liste comprenant une dizaine de produits alimentaires de base. Nous mettrons en place un mécanisme pour exempter ces produits de la taxe », a-t-il annoncé.
Ces denrées devraient bénéficier de mesures fiscales favorables afin de réduire leur coût pour les consommateurs. Parallèlement, Michael Sik Yuen travaille sur une proposition pour revoir le prix des carburants. Ce double dispositif sera proposé au conseil des ministres.
Pour l’observateur économique Olivier Précieux, le gouvernement se trouve face à un dilemme majeur. Si la baisse des prix des carburants, promise durant la campagne électorale, semble nécessaire pour honorer ses engagements, elle risque de fragiliser davantage les finances publiques.
« Réduire le prix des carburants revient à supprimer une taxe indirecte, ce qui aura un impact direct sur les recettes de l’État. La vraie question est donc : comment compenser ce manque à gagner pour renflouer les caisses publiques ? »
Pour Olivier Précieux, l’exemption de taxes sur certaines denrées alimentaires de base est une mesure à forte connotation sociale. « Cette initiative est clairement destinée à soutenir les ménages les plus précaires. Elle s’inscrit dans une logique de protection sociale face à l’inflation galopante », explique-t-il. Toutefois, il met en garde contre le défi que représente cet équilibre budgétaire. Renoncer à certaines recettes fiscales, tout en augmentant les dépenses sociales pourrait creuser le déficit public, si des solutions alternatives ne sont pas envisagées rapidement.
Ministère des Arts et de la Culture : Reconnaissance du statut des artistes
Le ministre des Arts et de la Culture, Mahen Gondeea, a annoncé son intention de réunir les artistes mauriciens lors d’Assises nationales. Cette journée de réflexion vise à repenser l’industrie artistique et à apporter des solutions concrètes aux défis du secteur. Parmi les priorités du ministre, figure le Status of Artist Bill, un texte crucial pour encadrer et reconnaître le statut des artistes.
Roshan Boolkah, trésorier de l’Union des artistes, insiste sur l’importance d’une loi adaptée. « Ce projet doit être revisité. Le statut accordé ne doit pas pénaliser les artistes. Être artiste, c’est une profession à plein temps, pas un passe-temps. Nous demandons une reconnaissance professionnelle qui nous permettra, entre autres, d’accéder à des financements bancaires », souligne notre intervenant, qui est non seulement DJ, mais également photographe.
Il évoque également les efforts des artistes pour se faire entendre. Avant les dernières élections, un « pèlerinage artistique » avait permis de rencontrer plusieurs membres de l’opposition, qui se sont montrés réceptifs aux doléances des artistes. « Tous les politiciens de l’opposition ont été sensibilisés à nos revendications. Seul le précédent gouvernement a ignoré notre demande », souligne-t-il.
Ministère du Travail : Gros plan sur la main-d’œuvre étrangère
Le ministre du Travail, Reza Uteem, entend faire des conditions des travailleurs étrangers une priorité. Dans une récente déclaration, il a affirmé vouloir s’attaquer à ce dossier avec détermination. « L’importation de main-d’œuvre étrangère doit se faire uniquement en cas de nécessité, et de manière rapide et professionnelle », a déclaré le ministre.
L’un des points centraux du débat concerne la levée du « boycott » visant les travailleurs bangladais. « Certaines usines ont dû licencier des ouvriers mauriciens faute de main-d’œuvre bangladaise. Il est de notoriété publique qu’après les Chinois, ce sont les Bangladais qui sont les plus travailleurs », observe tristement le syndicaliste Faizal Ally Beegun.
Il plaide également pour un encadrement strict des agents recruteurs, qu’il accuse de profiter des ouvriers étrangers. « Ces intermédiaires engrangent des sommes colossales sur le dos des travailleurs. Il est urgent de réguler ce secteur », souligne-t-il. Faizal Ally Beegun appelle, par ailleurs, à une amélioration des conditions d’hébergement des travailleurs étrangers et à des sanctions renforcées contre les employeurs confisquant leurs passeports. « Il faut aussi augmenter le nombre d’inspecteurs affectés au Special Migrant Workers Unit, une unité dédiée à ces travailleurs », indique-t-il.
Autre proposition : introduire un mécanisme de compensation financière pour les travailleurs étrangers à la fin de leurs contrats. Faizal Ally Beegun se montre optimiste quant à la prise en main de ce dossier par le nouveau ministre, rappelant leur collaboration passée. « Reza Uteem connaît bien la situation et les défis. Je suis convaincu qu’il mettra en place des mesures concrètes pour améliorer les conditions de ces travailleurs », dit-il.
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