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Congestion routière : le calvaire continue pour les automobilistes

Congestion routière

Les embouteillages sont le lot quotidien des automobilistes. La circulation routière dans diverses régions de l’île est devenue infernale. Aux heures de pointe, des milliers de véhicules sillonnent les rues et les artères saturées. Pour un pays qui veut réduire le nombre d’accidents de la route, la décongestion est toujours attendue.

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À l’entrée de Port-Louis et d’autres axes menant vers l’autoroute, des embouteillages monstres apparaissent aux heures de pointe. Les routes sont prises d’assaut par des véhicules. Là où l’on circulait autrefois librement, les voies sont saturées par des conducteurs qui tentent à tout prix de gagner leur destination, souvent au mépris des règles du code de la route. Les mesures prises par les autorités devaient soulager chauffeurs et usagers de la route, mais on est loin du compte.

Parfois, ce sont les routes aménagées pour réduire la circulation qui sont les plus congestionnées. Par exemple, depuis la construction de la route Terre-Rouge/Verdun, les axes menant vers la nouvelle autoroute sont de plus en plus embouteillés. Pour ceux qui empruntent cette voie, la patience est de rigueur, affirme Roshan Ittoo, habitant de Quartier-Militaire. « Pour être au boulot à l’heure, je dois éviter les routes principales. Parfois, j’emprunte des chemins irréguliers. C’est ma voiture qui en prend un sale coup, mais cela m’évite les embouteillages », confie-t-il.

En quittant Verdun, c’est une longue file de voitures qui attend les conducteurs se dirigeant vers Réduit. « La présence des policiers ne change pas grand-chose », déplorent-ils. Au rond-point de Pont-Fer à Phoenix, il faut prendre son mal en patience : près de 20 minutes d’attente en moyenne. Malgré les mesures prises pour décongestionner cette partie de l’autoroute, la circulation vire au ralenti aux heures de pointe. Mélissa Legrand couvre le trajet Curepipe/Port-Louis tous les jours pour gagner son travail. Les 18 km de route séparant les deux villes représentent un calvaire en raison des embouteillages. « Si la circulation est fluide, le trajet est couvert en 25 minutes. De Curepipe à Port-Louis, en passant par le rond-point Pont-Fer, les bouchons sont inévitables même durant le week-end. On roule au ralenti à partir de Highlands. Cela prend entre 15 et 20 minutes pour traverser un rond-point. Il y en a cinq sur le trajet. C’est un temps fou de perdu », fustige la conductrice.

Non-respect du Code de la route

Rouler au ralenti n’est pas le seul casse-tête des automobilistes. Nombre de conducteurs se préoccupent du comportement à risque de certains usagers qui violent sans vergogne les règles du code de la route pour se frayer un chemin. Un comportement dont témoigne Rajesh Balloo au quotidien. « Les motocyclistes sont les plus dangereux. Ils se croient au-dessus des lois. Plus pressés que les autres, ils se faufilent entre les voitures. C’est un comportement irresponsable et dangereux. Nous rencontrons ce même problème avec les chauffeurs d’autobus. Certains sont sans scrupules et doublent parfois à gauche. D’autres s’arrêtent au milieu de la route pour débarquer leurs passagers, alors qu’une voie d’arrêt est prévue à cet effet », déplore-t-il.

D’autres chauffeurs, tel Pierre Roméo, confirment l’impatience de certains conducteurs. « Les solutions pour décongestionner les routes se font attendre. Nous perdons trop de temps dans les bouchons et il n’y a pas assez de policiers pour régler le trafic. Les conducteurs sont alors livrés à eux-mêmes. La congestion routière rend la conduite monotone. Les chauffeurs sont à fleur de peau. C’est trop de stress et il faut lutter pour rester concentré sur la route. C’est très dangereux », souligne-t-il.


Quelques chiffres…

La congestion routière coûte cher
Selon les données de Statistics Mauritius, le parc automobile croit année après année. De janvier à juin 2018, 543 623 véhicules ont été enregistrés à la National Transport Authority, soit 11 826 véhicules de plus qu’en 2017. Entre janvier et juin 2018, 14 552 véhicules se sont ajoutés à la flotte et 2 726 autres retirés de la circulation. Notre parc automobile consiste surtout de voitures et pickups (280 234), soit 51 % de la flotte. Les deux-roues représentent 38,4 % de cette flotte et les poids lourds : 10,1 %.

L’augmentation de la flotte automobile n’est pas sans conséquence : la congestion routière coûte à l’État : Rs 6 milliards par an. Cette somme passera à Rs 10 milliards en 2030. Les projets d’infrastructures s’enchaînent. Le Budget 2018-2019 prévoit  la construction de la Ring Road 2 au coût de Rs 5 milliards et le Metro Express pour essayer de remédier à ce problème national.


Alain Jeannot, porte-parole de Prévention routière avant tout (PRAT) : « La décentralisation des villes est un must »

Alain Jeannot

Pourquoi les autorités n’arrivent-elles pas à résoudre la congestion routière ?
Malgré leurs bonnes intentions, les mesures qu’introduisent les autorités n’arrivent toujours pas à endiguer le problème. Il faut se rendre à l’évidence : le parc automobile augmente de 4 à 5 % chaque année, mais le réseau routier et les infrastructures, les espaces de parking inclus, ne croissent pas proportionnellement. En 40 ans, notre flotte a augmenté de 530 %, mais les routes ont crû de 30 % environ, selon des estimations. Les pôles d’activités économiques sont centralisés dans les villes vers lesquelles se dirigent les véhicules. Selon nos données, ils sont plus de 100 000 allant vers Port-Louis entre 7h45 et 9h le matin et 15h45 à 17h45 l’après-midi.

Y-a-t-il d’autres pistes à explorer ?
La décongestion routière est un sujet très complexe. Elle mérite qu’on s’y attarde, il ne faut pas prendre des décisions à la va-vite. La décentralisation des villes est un must. La création de l’Ébène Parc a permis de soulager le trafic. C’est dans cette direction qu’il faut concentrer nos efforts. D’autres moyens, tel le covoiturage, ont prouvé leur efficacité à travers le monde. Cette pratique pourrait diminuer la congestion. Les automobilistes sont souvent seuls dans leur voiture. Réduire l’afflux de véhicules pourrait être une solution temporaire, en attendant l’agrandissement des routes.

Quid du métro léger ?
Le métro léger pourrait soulager la circulation, mais il serait également souhaitable d’augmenter l’espace-parking, de favoriser le flexitime au travail et de contrôler la flotte de véhicules sur le long terme. L’aménagement d’un meilleur système de transport public, parallèlement au métro léger, pourrait être envisagé. Toutefois, si les villes ne sont pas décentralisées, la situation restera la même.


Nando Bodha, ministre du Transport : « De nouvelles mesures pour régler les embouteillages »

Répondant à une Private Notice Question (PNQ) du député travailliste Ezra Seewoosunkur Jhuboo, lors de la séance du 31 octobre, le ministre des Infrastructures publiques, de l’Unité du développement national, des Transports routiers et maritimes, Nando Bodha cite une étude menée par la force policière. Elle associe embouteillages aux arrêts d’autobus sur les routes principales, aux ralentisseurs ou dos d’âne et aux « Speed Cameras », tout en précisant que ces CCTV caméras doivent être maintenues pour assurer la sécurité routière.

Le ministre ajoute que des mesures seront prises pour améliorer la circulation, avec des patrouilles régulières dans les zones sensibles, l’agrandissement des voies d’arrêt pour autobus sur les routes principales et restreindre le mouvement des poids lourds durant les heures de pointe. Le ministre souligne que la Traffic Monitoring Unit planche sur des mesures additionnelles pour améliorer la circulation dans l’Ouest et ailleurs.


Micro Trottoir

Jérôme Ramasawmy, 32 ans, chauffeur : « Revoir les feux de signalisation »
Jérôme Ramasawmy« Dans certaines régions de l’île, les feux de signalisation sont la cause des embouteillages. Ils sont parfois mal programmés et ralentissent considérablement la circulation. Il faudrait revoir leur positionnement et former davantage de policiers pour qu’ils contrôlent mieux la circulation durant les heures de pointe. De plus, il faut sensibiliser les automobilistes au respect des limites de vitesse. Certains roulent quasiment en dessous de la limite autorisée, ce qui augmente les risques d’accident. »


Umar Kinoo, 27 ans, développeur : « Le covoiturage a fait ses preuves »
Umar Kinoo« Pour réduire les bouchons, il faut d’abord réduire le nombre de véhicules sur nos routes, qui ne sont pas conçues pour un nombre si grandissant de véhicules. Le covoiturage a fait ses preuves dans plusieurs pays. Il s’agit d’un moyen simple et écoresponsable pour venir à bout des embouteillages et de la pollution en réduisant la consommation énergétique. Toutefois, pour que le covoiturage soit effectif, il faut éduquer la population et trouver un système de communication à l’instar d’une application.»


Lilette Moutou, 58 ans, travailleuse sociale : « Il est grand temps de décentraliser les villes»
Lilette Moutou« Il s’agit d’une réalité que connaissent de nombreux pays. Il existe des solutions et il faut se donner les moyens de les mettre en oeuvre. Je suis d’avis qu’il est grand temps de décentraliser les villes. On en a beaucoup parlé, mais rien de concret n’a été fait en ce sens. Il y a trop de véhicules sur nos routes et la plupart d’entre eux se dirigent vers la même destination en empruntant des routes inadaptées. Il faut donc revoir leur structure.»


Sharone Lapierre-Keblé, 27 ans, coordinatrice des ventes : « Si chacun respectait les lois… »
Sharone Lapierre-Keblé« Je pense que si l’on éduquait les chauffeurs à utiliser leur clignotant, ça changerait bien des choses. Cela nous ferait perdre moins de temps aux ronds-points. Il faut aussi éduquer les motocyclistes qui roulent comme bon leur semble. Ils zigzaguent entre les voitures et accroissent les risques de collision. Pour les éviter, on perd un temps fou à surveiller nos manœuvres. Si chacun respectait les lois en vigueur, il y aurait moins de soucis sur nos routes.»

 

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