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Concurrence « déloyale » - Produits pharmaceutiques en vente libre : les pharmaciens font grise mine

Des crèmes et des suppléments alimentaires sont disponibles sur les réseaux sociaux et en dehors des pharmacies.

Les pharmaciens sont remontés. Ils déplorent la concurrence « déloyale » qu’ils disent subir depuis plusieurs années et implorent les autorités concernées de mettre bon ordre dans une situation qui n’a que trop duré, selon eux. 

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«J’utilise moi-même ce produit, ainsi que plusieurs membres de ma famille, et nous n’avons jamais rencontré de problèmes. » Affirmation de la représentante d’une crème pour enlever les points noirs sur le visage, que nous avons contactée sous prétexte de lutter contre les problèmes de peau grasse. 

Elle nous suggère même un autre produit qu’elle importe depuis plusieurs années de l’Inde, bien qu’elle soit engagée dans le commerce du prêt-à-porter. Ces produits ont-ils eu l’aval du ministère ? « Non, mo amene », répond-elle. Nous ne saurons pas par quel moyen. 

Est-elle esthéticienne ? Comment peut-elle être sûre que le produit en question convient à notre « problème de peau » ?  Nous aurons comme réponse que d’autres personnes, dont des membres de sa famille, ont utilisé le produit sans aucun problème. 

Nous vérifions sur Internet le nom du produit. Celui-ci est effectivement disponible sur des sites de vente en ligne, mais sans beaucoup de détails sur les conseils d’utilisation. Notre interlocutrice précise cependant qu’il y a un autre produit contenant de la cortisone qui n’est pas adapté à tout le monde.  

Ces produits pour la peau ne sont pas les seuls à être disponibles en vente libre sur les réseaux sociaux, ou même dans les parapharmacies et les foires où l’on trouve généralement des légumes et des vêtements. Des suppléments alimentaires et d’autres crèmes y sont également proposés. Cette situation est une source d’inquiétude pour les pharmaciens, qui estiment subir une concurrence déloyale. 

Ils se demandent également comment ces produits peuvent être vendus au nez et à la barbe des autorités, alors qu’eux doivent se conformer à des exigences strictes émanant des ministères du Commerce et de la Santé, de même que du Pharmacy Board et du Pharmacy Council. Les pharmaciens sont également soumis au Pharmacy Act et doivent détenir un permis valide pour vendre leurs produits. 

Et alors même qu’ils doivent faire face à l’introduction imminente du regressive mark-up, qui plane au-dessus de leur tête tel une épée de Damoclès, les pharmaciens avancent, d’autre part, subir d’autres tracasseries, comme le manque de médicaments ou l’approvisionnement par quota, une situation que les parapharmacies ne semblent pas connaître, car ces commerces prolifèrent sans contraintes, déplorent-ils. Et ceux qui proposent ce type de produits sur les réseaux sociaux semblent être exonérés de toute obligation de paiement de frais, contrairement aux officines dûment enregistrée. 

« Les parapharmacies ne sont pas des pharmacies », souligne Yeshna Gooljar, une pharmacienne possédant une officine à Port-Louis. Les clients doivent faire la distinction entre les deux, car ces commerces ne disposent pas de professionnels de santé formés et qualifiés pour guider les patients en cas de problèmes de santé, ajoute-t-elle. 

Un avis que partage un autre pharmacien qui représente un laboratoire à Maurice. Ne souhaitant pas être cité, il précise que les employées des parapharmacies ne sont que des « conseillères » en beauté et ne maîtrisent pas suffisamment les produits pharmaceutiques, qui peuvent avoir des interactions avec d’autres médicaments ou être néfastes pour certains patients en fonction de leurs antécédents médicaux. « Certains des produits sont à base de cortisone et ne sont pas adaptés à tous les patients, et ils peuvent engendrer des problèmes de santé graves », prévient-il. 

Ce pharmacien fait également remarquer que certains produits sont vendus avec une étiquette blanche au lieu de bleue, comme c’est le cas dans les pharmacies. De ce fait, leur prix est plus élevé, selon lui. Quelle est leur provenance et comment ces commerçants ont-ils eu le permis et l’autorisation pour écouler leur marchandise ? Ce sont autant de questions qu’il se pose.

Le Pharmacy Board devrait intervenir, soutient Chetan Dookun, président de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM). Il est également d’avis que les produits pharmaceutiques ne devraient être vendus que dans les pharmacies, sous la supervision d’un pharmacien, afin que les patients puissent avoir des conseils appropriés en fonction de leur état de santé. 
« Les pharmaciens ont fait des études avant de pouvoir exercer. Ils sont plus aptes à guider les patients qu’un représentant commercial », fait-il comprendre. Et d’ajouter que les produits pharmaceutiques ne devraient pas non plus être vendus dans les supermarchés sans aucune recommandation.

C’est une pratique « illégale » de vendre des produits pharmaceutiques en dehors des officines, rappelle Siddique Khodabocus, président de l’Association des petits et moyens importateurs de produits pharmaceutiques. « Les produits doivent être enregistrés et approuvés par le Pharmacy Board pour être vendus sur le marché local », affirme-t-il. Le Food Supplements Committee devrait intervenir pour réglementer la situation, estime-t-il. 

Nous avons sollicité le ministère de la Santé et nous attendons sa réponse.

 

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