Les Rs 15 millions accordées par l’État mauricien à l’ancien ministre de l’Environnement, Raj Dayal, font suite à sa destitution comme ancien commissaire de police en janvier 2000. Il avait auparavant été sévèrement blâmé par une commission d’enquête présidée par l’ancien chef juge, Bernard Sik Yuen. Retour sur les faits saillants de ce rapport publié en 1999.
Barracksgate
C’est avec le projet d’installation du Barracks Gate que s’ouvre le rapport de la commission d’enquête. Si Raj Dayal tente tant bien que mal de faire profil bas en minimisant son rôle dans ce scandale, les observations de la commission sont toutes autres.
« Commission have good reasons to believe that from playing a low profile, the CP was at the very forefront of every decision surrounding the acquisition and installation of the Line Barracks Gate », fait valoir le rapport. Cela malgré le fait que certains documents indiquent que des comités et d’autres personnes ont été parties prenantes dans ce projet.
Le rapport cible Raj Dayal de plus belle dans un autre paragraphe en estimant que l’ancien CP avait un « hidden agenda », lorsqu’il a expliqué qu’il ne rencontrait jamais les fournisseurs, « nor calls for samples and that he normally leaves the whole business of procurement to his Quatermaster ».
Ces explications n’ont pas convaincu, surtout lorsqu’il a répondu ne pas connaître Sewprasad Ramrachhyea, qui s’est révélé être un des plus gros fournisseurs de la force policière, sous l’ère Raj Dayal. « We have however come accross instances where the CP would have received suppliers at his office or his residence and would have offered lunches or tea to some of them. » Tous ces faits ont mené les commissaires à l’observation suivante : « La décision d’acheter le portail et d’agrandir l’entrée du Line Barracks relève de la décision d’une personne : le commissaire de police ».
Approvisionnement de rockets de 89 millimètres
Raj Dayal avait aussi fait part de son intention de procéder à l’achat de plusieurs armes, cela pour la sécurité nationale. Une décision que la commission a eu bien du mal à comprendre. « With the benefit of some intellectual analysis, one may wonder how weapons of mass destructive potential like the 89 mm rockets which can blow down a house form a range of several kilometres could be used to protect head of states or combat drug traffickers… The purchase requested by the CP which was being strongly felt once received was promptly stored in the armoury unused as good as museum pieces. »
Achats d’équipements pour éthylotest et d’uniformes
Raj Dayal annonce lors d’une conférence de presse, le 5 septembre 1997, son intention de moderniser la force policière, plus précisément à travers l’achat d’appareils pour l’alcotest de Lion Alcometer. Il affirme que ces équipements ont été approuvés par les experts de la police et du Forensic Science Laboratory. Une version contradictoire à celle donnée par le directeur du Forensic Science Laboratory. La commission révèle en effet que ce n’est que le 5 septembre, soit le jour de la conférence de presse, que le directeur du Forensic Science Laboratory avait vu l’équipement. Il a aussi affirmé qu’il ne s’agissait pas du même équipement qu’il avait en tête. Pire, la commission souligne que « this equipment has not been accepted so far in UK ».
Les révélations d’Éric Leal
La commission d’enquête avait été marquée par des révélations troublantes d’Éric Leal sur le volet des achats de véhicules de la marque Land Rover par la force policière. Le patron du groupe Leal affirme, en effet, que l’ancien CP, avait appelé un de ses employés, Bernard Collet, pour qu’il obtienne des commissions sur les véhicules achetés au groupe Leal.
Le rapport révèle qu’un premier paiement de Rs 225 000 avait été effectué le 1er juillet et un deuxième de Rs 400 000 le 11 juillet au bureau de Raj Dayal. Éric Leal avait aussi déclaré lors de son audition que les documents d’appels d’offres avaient été préparés dans le but de cibler une marque de voiture en particulier.
Les sources de revenus de Raj Dayal
L’ancien CP avait été interrogé le 2 novembre 1998 sur une somme importante d’argent qui a été versée sur trois de ses comptes en petites coupures. C’est-à-dire en pièces et petits billets. « The Commission had found a number of cash deposits when examining those bank statements and had decided to call for the deposit vouchers from the banks ».
Raj Dayal avait cependant affirmé qu’il n’était pas en mesure d’expliquer la source de cet argent. Une somme de Rs 165 470 a, en effet, été créditée sur le compte de l’ancien CP entre le 1er décembre 1992 et le 18 avril 1996 sous forme de billets de Rs 10. Une somme de Rs 45 230 a également été créditée sur le compte de Raj Dayal entre le 30 septembre 1992 et le 18 mars 1994 sous forme de pièces de Rs 5. Rs 103 267, en pièces d’une roupie, ont aussi atterri sur le compte de Raj Dayal du 30 septembre 1992 au 18 avril 1996 et finalement une somme de Rs 11 938,20 a été versée du 30 septembre 1992 au 26 avril 1996, également sous la forme de pièces d’une roupie.
C’est le 23 novembre 1997 que Raj Dayal a été suspendu de ses fonctions, après la publication du rapport de la commission d’enquête. Il avait toutefois refusé de démissionner. C’est finalement un conseil constitutionnel présidé par l’ancien chef juge, Rajsomer Lallah, qui destituera Raj Dayal en janvier 2000. Les accusations dont il répondait ont par la suite été rayées et en 2011, Raj Dayal a décidé de réclamer Rs 1 milliard à l’État comme dommages pour sa destitution.
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