Le gouvernement veut stopper la corruption. C’est ce qu’a voulu démontrer le Premier ministre, Pravind Jugnauth, en réponse à la Private Notice Question du leader de l’opposition, le mardi 18 avril, à l’Assemblée nationale. Xavier-Luc Duval doute de ses intentions.
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C’est avec force que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a signifié son intention de mettre fin à la corruption dans le pays. « Nous avons adopté une politique de zéro tolérance », a-t-il déclaré en réponse à la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition.
Sauf que ses propos sont accueillis de manière très mitigée par l’opposition. « Que des mots ! Aucune action ! », lance Xavier-Luc Duval.
Durant cet échange plutôt animé, l’opposition a tenté de mettre Pravind Jugnauth en difficulté. Le Premier ministre fait part de sa volonté, mais aussi des difficultés à éradiquer le fléau.
« Rome ne s’est pas faite en un jour. Nous sommes sérieux, mais des lois vitales et sensibles et d’autres mesures, pour combattre la corruption ne peuvent se matérialiser du jour au lendemain. Il nous faut faire attention aux effets pervers », fait observer le chef du gouvernement.
Une attention particulière doit donc être accordée à la préparation des textes de loi. Il faut éviter des portes de sortie dans la législation et dans les mesures qui seront appliquées.
« Le travail avance doucement et nous allons tenir toutes les promesses contenues dans le programme gouvernemental », dit Pravind Jugnauth.
Xavier-Luc Duval remet en doute la sincérité du Premier ministre. « Le pays a dégringolé de cinq places dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International », fait-il ressortir.
Concernant le nouveau texte de loi contre la corruption, le leader de l’opposition a demandé à Pravind Jugnauth s’il est disposé à apporter des amendements, afin d’éliminer l’immunité dont jouit le président de la République.
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« Attendons les recommandations de l’Independent Commission Against Corruption (Icac) qui revoit la Prevention of Corruption Act (PoCA) », a répondu Pravind Jugnauth, avant d’ajouter que « le gouvernement verra s’il faut ajouter cela dans les amendements ».
Xavier-Luc Duval reproche au gouvernement de prendre « deux ans pour apporter un simple amendement » à la loi qui régit la déclaration des avoirs des élus et des fonctionnaires.
« Ce n’est pas juste de dire que c’est un petit amendement. Nous sommes en train de revoir cette loi de fond en comble », explique le Premier ministre. Le comité ministériel est « sur le point de terminer ses travaux », dit-il.
La loi sur le financement des partis politiques est un autre point que Xavier-Luc Duval met sur la table. Là encore, le gouvernement prend, selon lui, « tout son temps ».
Début 2016, le comité ministériel, présidé par Xavier-Luc Duval, alors no 2 du gouvernement, avait soumis son rapport. Le bureau de l’Attorney-General avait été chargé de préparer un texte de loi pour réguler le financement des formations politiques. Mais, quelques obstacles subsistent, révèle Pravind Jugnauth.
Parmi, la question des nouveaux pouvoirs de l’Electoral Supervisory Commission, le mécanisme de contrôle pour surveiller les dépenses des partis durant les élections, les sanctions à être imposées et les limites des dons anonymes.
« Le Prosecution Commission Bill a été préparé en deux heures », remarque Xavier-Luc Duval. « Il y a des points très complexes », lui répond Pravind Jugnauth.
Une loi anti-transfuge est aussi en préparation. Le leader de l’opposition accuse le Premier ministre de ne pas vouloir apporter des changements, d’autant qu’elle vient d’accueillir cinq membres de l’opposition dans ses rangs.
« J’admets que nous n’avons pu venir avec un projet de loi jusqu’à maintenant. Mais c’est un sujet complexe et vous le savez, car vous avez travaillé sur ce dossier », lui lance Pravind Jugnauth. Selon lui, les précédents gouvernements avaient aussi l’intention de venir avec une loi anti-transfuge, mais n’ont pu le faire.
Véhicules laissés à l’abandon : une nouvelle unité verra le jour
Le ministre de l’Environnement Étienne Sinatambou a annoncé la création d’une nouvelle unité. Elle sévira contre les propriétaires qui ont abandonné leurs véhicules sur les routes à travers l’île. À une question du député MMM Aadil Ameer Meea, le ministre a indiqué que le nombre de voitures abandonnées dans la circonscription Port-Louis Maritime/Port-Louis Est (no 3) se chiffre à 59. De ce nombre, 37 d’entre elles ont été retirées par les autorités. « Cette unité se composera de cadres de mon ministère, de la police de l’Environnement et des officiers de la National Transport Authority. »
Le ministre Sinatambou annonce la création d’une fourrière pour gérer les véhicules abandonnés. Cette unité pourra émettre des contraventions pour négligence à l’encontre des propriétaires.
MT : Le salaire et les allocations de Sherry Singh pas dévoilés
Le député Rajesh Bhagwan est resté sur sa faim. Alors qu’il soupçonnait que le Chief Executive Officer de Mauritius Telecom percevrait plus Rs 1 million mensuellement, le ministre des Technologies, de la Communication et de l’Innovation par intérim, Étienne Sinatambou, a affirmé dans l’hémicycle que Mauritius Telecom est une compagnie privée. De ce fait, même s’il a dévoilé la composition de son Board, il ne pourra dévoiler le montant des ‘emoluments’ du CEO en termes des salaires et d’allocations. Le ministre a invité le député Bhagwan à consulter le rapport annuel de MT.
US $ 20 millions pour bâtir 700 maisons
Le ministère du Logement et des Terres, en collaboration avec la National Housing Development Company (NHDC), a signé un accord avec la NCCB de l’Inde pour le projet de construction de 700 maisons à Dagotière et Mare-Tabac. Le ministre de tutelle a annoncé que le gouvernement indien financera ce projet au coût de US $ 20 millions, soit Rs 700 millions. Selon Showkutally Soodhun, la NCCB de l’Inde aura la responsabilité d’assurer les services de consultants, incluant le planning, le design et les préparations. « La construction de ces maisons se fera dans un délai de 18 mois.»
Quand le PM tacle Roshi Bhadain
Pravind Jugnauth a pris un malin plaisir à tacler l’ex-ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance à deux reprises durant la PNQ.
Il rappelle que Roshi Bhadain avait été chargé de présenter un Financial Crime Commission Bill, « mais qu’il ne l’a pas fait ». Son successeur, Sudhir Sesungkur doit maintenant traiter ce dossier « en priorité ».
Puis, un « ‘Fraud Bill’ était en discussion et la Law Reform Commission a produit un rapport ». Selon Pravind Jugnauth, le ministère de la Bonne gouvernance n’a rien fait depuis le 11 juillet dernier. Une nouvelle fois, il a demandé à Sudhir Sesungkur de débloquer la situation.
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