Malgré les différentes mesures prises par les autorités pour alléger le fardeau du coût de la vie pour la population, joindre les deux bouts demeure difficile pour certains, notamment les jeunes couples. Ils doivent faire de nombreux sacrifices pour garder la tête hors de l’eau.
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Habib et Valérie : « Nous nous sacrifions pour que les enfants ne manquent de rien »
Les difficultés financières ne touchent pas seulement les familles en difficulté sociale. Même les familles de la classe moyenne ont du mal à joindre les deux bouts. Le couple Habib, directeur de production dans l’industrie textile, et Valérie, enseignante dans le primaire, en est l’exemple.
Selon Valérie, les difficultés économiques sont énormes depuis la flambée des prix des denrées alimentaires, sans parler de la hausse considérable des factures. Cependant, Habib et Valérie tiennent à offrir une alimentation saine et équilibrée à leurs enfants en bas âge de 3 et 5 ans. « En tant que parents, nous nous sacrifions pour que les enfants ne manquent de rien », explique le couple.
L’écolage constitue également un autre coût. Valérie est catégorique : il est faux de dire que l’éducation est gratuite. Et avec deux enfants, c’est encore plus difficile, dit-elle. « Heureusement que nous n’avons pas de loyer à payer. » Avec la drogue qui sévit dans son quartier, et dans le pays, elle aurait souhaité pouvoir s’installer ailleurs. Or « il est difficile de trouver un logement adapté à un bon prix dans un quartier huppé ».
Avec le coût élevé de la vie, Habib et Valérie constatent qu’il est difficile de faire des économies. « Nous devons tous faire des efforts mais on voit noir ou rouge notamment avec les prix du carburant et de l’électricité », souligne Valérie.
La jeune femme confie qu’elle n’envisageait pas sa vie à travailler pour payer les factures et les dettes. « Mais je réalise que c’est le cas pour beaucoup d’entre nous. » De nos jours, un seul salaire ne suffit pas pour une famille avec des enfants afin d’avoir une vie décente, à moins d’avoir un gros salaire, ce qui n’est pas le cas pour la majorité de la population, selon elle. Ils n’ont alors d’autre choix que de « se serrer la ceinture ».
Christelle et Fabrice : « Nous devons nous contenter du strict minimum »
Christelle, âgée de 27 ans, est frustrée par la vie qu’elle mène. Elle est mariée à Fabrice, âgé de 31 ans, depuis sept mois et le couple doit se débrouiller pour mener une vie décente.
Elle est enseignante dans le secondaire et son époux travaille dans une entreprise privée. Tous deux ont un salaire « raisonnable ». Et pourtant… « Je pensais qu’en étant deux, nous serions plus à l’aise financièrement, mais ce n’est pas le cas », avoue Christelle.
La hausse du coût de la vie ainsi que du taux directeur a entraîné une augmentation du remboursement de leur emprunt bancaire. « Nous avons été confrontés à cette hausse du taux Repo quelques mois seulement après avoir acheté notre maison », explique le couple.
Depuis lors, ils sont frustrés car le montant du remboursement de leur emprunt bancaire est passé de Rs 14 000 à Rs 20 000. Ils se retrouvent ainsi avec un total de Rs 30 000 de dettes à payer chaque mois, ce qui n’était pas prévu initialement. De plus, ils doivent faire face à d’autres dépenses mensuelles telles que les commissions, l’essence et les diverses factures des services publics, ce qui pèse très lourd sur leur budget, précisent-ils.
« Nous avons acheté un terrain en 2020 dans le but de construire une maison, mais avec l’augmentation soudaine du coût de la construction, nous avons finalement dû opter pour l’achat d’une maison déjà construite, qui était moins coûteuse », précisent-ils. Christelle souligne qu’ils sont contraints d’établir un budget commun chaque mois. Après avoir réservé une partie de leurs revenus au remboursement de toutes leurs dettes, ils doivent gérer le reste jusqu’à la prochaine rentrée d’argent à la fin du mois.
Christelle n’en démord pas : c’est la révision du taux Repo qui est venue chambouler leur projet commun de fonder une famille. « Nous ne pouvons pas nous accorder des temps de loisirs et devons nous contenter du strict minimum », regrette-t-elle. La jeune femme ajoute qu’elle participe à des cagnottes rotatives. L’argent ainsi obtenu est utilisé tour à tour pour effectuer de petits travaux à la maison.
Pour mieux faire comprendre sa détresse, le couple mentionne les contraintes auxquelles il a été confronté après avoir offert un cadeau à leurs mères respectives à l’occasion de la Fête des mères. « Malgré la simplicité du geste, cela a créé un déséquilibre important dans notre budget, ce qui était difficile à gérer. »
Pour arrondir les fins de mois, Christelle a envisagé de prendre un deuxième emploi en cherchant du travail en ligne. Elle a également l’ambition de poursuivre son master et même de voyager et de s’inscrire dans une salle de sport. Cependant, les nombreux projets communs du couple ne restent aujourd’hui qu’un rêve en raison de leur situation financière.
Les diverses mesures gouvernementales, comme l’allocation de Rs 1 000 ou Rs 2 000 de la Mauritius Revenue Authority (MRA), n’ont-elles pas eu d’effet positif ? « Cela n’a pas changé grand-chose dans ma vie car mes dépenses restent les mêmes. À chaque fois que nous allons au supermarché, nous constatons que les produits sont de plus en plus chers alors que nos caddies ne sont même pas remplis. »
Fabrice, qui est rigoureux en ce qui concerne les finances du couple, se livre à de petits boulots pour gagner un peu plus d’argent afin de subvenir à leurs besoins. De temps en temps, il chante lors de fêtes lorsque l’occasion se présente, ce qui lui permet d’augmenter ses revenus.
« Il est beaucoup plus optimiste que moi en tout cas », souligne Christelle, qui se sent frustrée d’être dans cette situation malgré tous les sacrifices qu’elle a consentis. « Je n’ai ménagé aucun effort dans ma vie. J’ai travaillé pendant mes études, qui ont duré quatre ans. C’est douloureux de se retrouver dans une telle situation après tout cela », ajoute-t-elle.
Christelle exprime cependant sa gratitude que son époux ait récemment obtenu une promotion dans son travail, ce qui a apporté un certain soulagement financier au couple. Cependant, cela ne dissipe en rien sa frustration lorsqu’elle constate l’accroissement des richesses des riches tandis que les pauvres s’appauvrissent. « Parfois, je suis tellement indignée que j’envisage même une reconversion professionnelle dans un autre secteur ou de quitter le pays », confie-t-elle.
« Nous ne pouvons même pas envisager d’avoir un enfant »
Ayant un travail plutôt stable qui leur permet de toucher un salaire légèrement supérieur au salaire minimum, Sarah (prénom d’emprunt) explique que son couple parvient tant bien que mal à s’en sortir. « Avant même de nous lancer dans notre vie commune, nous avions essayé d’établir un budget préalable qui incluait le remboursement de notre emprunt hypothécaire, nos dépenses courantes, les factures et une épargne », précise-t-elle.
Le couple s’est marié juste après la Covid-19, mais a constaté que toutes ses attentes financières prenaient une tournure différente. « Avant le mariage, nous cherchions un terrain, mais les prix des matériaux de construction ainsi que des terrains eux-mêmes ont doublé, voire triplé. Nous avons donc opté pour l’achat d’une maison et avons eu la chance d’en trouver une qui correspondait à nos attentes en termes de prix », explique-t-elle. Cependant, avec la hausse des taux d’intérêt/taux Repo, le montant de remboursement de leur emprunt a augmenté d’environ Rs 10 000 supplémentaires, ce que le couple n’avait pas prévu dans son budget initial.
Par conséquent, mari et femme n’ont pas pu entreprendre les travaux de rénovation qu’ils avaient prévus. « Finalement, nous travaillons seulement pour payer nos dépenses, nos salaires s’en vont rapidement chaque mois, ce qui rend notre vie très stressante », explique-t-elle. Le couple ne peut pas se permettre des moments de détente ni envisager un voyage à l’étranger.
« Le comble, c’est que nous ne pouvons même pas envisager d’avoir un enfant dans nos projets de vie compte tenu de cette pression financière », regrettent-ils. Ils affirment également qu’ils vivent avec le strict minimum et que si cette situation persiste, ils se verront contraints de vendre leur maison.
Établir une liste de courses mensuelle est impossible et compliqué, selon eux. « Nous essayons déjà différents supermarchés pour comparer les prix. Ce mois-ci, nous allons tenter de faire nos courses de manière hebdomadaire pour voir si cela allège un peu notre charge financière », soutiennent les deux conjoints.
Cette situation les amène à réfléchir à la réalité quotidienne de ceux qui gagnent le salaire minimum et qui doivent faire face à des défis encore plus importants pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. « Il est primordial de reconnaître que les jeunes couples jouent un rôle clé dans la société en tant que moteurs de l’économie et de la croissance démographique. Par conséquent, il est crucial d’adopter une approche proactive pour nous aider à surmonter les difficultés financières auxquelles nous sommes confrontés », affirment-ils.
Pour eux, il est crucial de revoir le coût de la vie dans son ensemble. « Il n’est pas normal de vivre dans la frustration et le stress », souligne Sarah.
Kamlesh : « Faute d’argent je n’ai pas pu offrir de bague à ma fiancée »
« Ce n’est pas facile de faire progresser la construction de notre maison. Ce qui coûtait Rs 5 hier coûte maintenant Rs 10… » Infirmier du secteur public, Kamlesh, 32 ans, raconte les difficultés qu’il rencontre pour réaliser ses projets : offrir une bague de fiançailles à sa fiancée, terminer les travaux de construction de leur maison et célébrer leur mariage l’année prochaine.
« Faute de moyens, je n’ai pas pu offrir une bague à ma fiancée. Nous avons dû célébrer nos fiançailles sans bague pour officialiser notre relation. Maintenant, je m’efforce de trouver les moyens nécessaires pour pouvoir lui offrir cette bague », explique-t-il.
Avec l’augmentation du coût de la vie et la fluctuation des prix, chaque aspect de la vie est comme un champ de mines, ajoute Kamlesh. « Même avec mon salaire d’infirmier, il est difficile de joindre les deux bouts. Je suis contraint de faire des heures supplémentaires pour pouvoir épargner, mais le paiement tarde souvent à arriver », dit-il. C’est la seule solution qui peut le sauver et l’aider à progresser, tout en contribuant également aux dépenses de ses parents, fait-il comprendre.
« Nous avons des dettes à rembourser et lorsque je suis en retard, il est assez gênant d’expliquer cette situation à l’agence de crédit », admet-il. On lui a déjà fait remarquer qu’en tant que fonctionnaire, il bénéficie d’un salaire et devrait donc être en mesure de payer ses crédits, affirme-t-il. Cette situation a été très humiliante pour lui. « Si je n’ai pas pu payer, c’est parce que j’ai dû faire un choix entre rembourser mes dettes ou acheter ce qui est essentiel pour ma famille », explique-t-il.
L’infirmier déplore également les modalités pour obtenir un emprunt. Kamlesh ajoute qu’alors qu’il recherchait un prêt immobilier pour la construction de sa maison, on lui a accordé un prêt personnel. Mais selon lui, les taux d’intérêt sont plus élevés. « En tant que fonctionnaire, je me dévoue pour mon pays. Qu’est-ce que le pays fait pour moi et pour ceux qui sont dans la même situation que moi ? » se demande-t-il.
Il ajoute qu’il doit parfois apporter une aide financière à sa fiancée qui travaille comme caissière dans une entreprise privée et qui touche le salaire minimum. Bien que tous deux soient censés contribuer de manière équitable à leur mariage, il reconnaît que cela sera sans doute difficile pour elle. « Avec mon salaire, je dois dépenser davantage tandis qu’elle doit économiser davantage », dit-il. Malgré ses qualifications, elle peine à trouver un emploi mieux rémunéré, explique Kamlesh. Mais le couple accepte néanmoins cette situation, car pour eux, l’essentiel est qu’elle ait au moins un emploi et un salaire.
En évoquant ceux qui sont contraints de quitter le pays pour essayer d’améliorer leur condition de vie, Kamlesh conclut en disant que pour vivre à Maurice, il faut pouvoir économiser énormément. Malgré la frustration que cela engendre, il faut prendre son mal en patience pour essayer de s’en sortir, selon lui.
Le taux de pauvreté atténué grâce aux aides gouvernementales
Selon le rapport Poverty Analysis 2017 de Statistics Mauritius, la pauvreté est une réalité complexe et multifacette. Un nouveau rapport est en préparation et sera publié l’année prochaine. Entre 1996-97 et 2017, la proportion de ménages vivant dans la pauvreté relative est passée de 8,7 % à 9,6 %, selon les tendances de la pauvreté. Cependant, si l’on ajuste le seuil de pauvreté relative de 1996-97 en tenant compte de l’inflation, la proportion réelle a en réalité diminué de 8,7 % à 3,0 %. Cela signifie que la situation des personnes vivant dans la pauvreté relative s’est améliorée. De 1996-97 à 2017, ces personnes ont connu une croissance plus importante de leurs revenus (33 %) par rapport aux ménages non pauvres (24 %).
Les types de ménages suivants étaient plus susceptibles d’être en situation de pauvreté relative :
- Ménages avec 3 enfants ou plus (30,2 %)
- Ménages dirigés par des personnes divorcées/séparées (25,1 %)
- Ménages avec un seul parent et des enfants non mariés (19,2 %)
- Ménages dirigés par une femme (16,1 %)
- Ménages comptant 5 membres ou plus (13,2 %)
- Ménages dirigés par des personnes n’ayant pas au moins une qualification SC (13,0 %)
Remboursement des dettes des ménages en 2017
En 2017, 23 % des ménages en situation de pauvreté relative étaient endettés. Ils consacraient environ 14 % de leur revenu mensuel au remboursement de leurs dettes (Rs 1 800).
Effet des mesures de protection sociale
Les aides gouvernementales telles que les pensions de base universelles, l’aide sociale, les services de santé gratuits, l’éducation et le transport en bus jouent un rôle essentiel pour réduire la pauvreté. Selon Statistics Mauritius, sans ces mesures, le taux de pauvreté aurait atteint 34 %. Leurs contributions individuelles ont été les suivantes :
- Le taux de pauvreté de 9,6 % en 2017 aurait été de 23,0 % sans les transferts du gouvernement.
- Il aurait été de 20,8 % sans les services gratuits d’éducation, de santé et de transport en bus.
- Il aurait été de 16,1 % sans l’éducation gratuite uniquement.
- Il aurait été de 13,6 % sans la gratuité des services de santé uniquement.
- Il aurait été de 9,9 % sans la gratuité des transports en bus uniquement.
Sheila Bappoo, ancienne ministre de la Sécurité sociale : «Ce n’est pas qu’un facteur d’argent mais d’encadrement et de suivi»
L’ancienne ministre de la Sécurité sociale affirme que les autorités doivent soutenir les jeunes couples en difficulté pour qu’ils puissent devenir autonomes. Selon elle, cela nécessite une étude sur le terrain pour déterminer le nombre de couples vulnérables.
Face à la cherté de la vie, beaucoup de jeunes couples se retrouvent en difficulté. Votre avis par rapport à cette situation ?
La situation dépend en grande partie de l’emploi, ce qui est incontestable. Certains employeurs ne paient pas leurs employés de manière adéquate, ce qui fait que les couples ont peu d’argent à la fin du mois. Cela a un impact considérable sur leur foyer. Si ces couples ont des enfants, la situation devient encore plus préoccupante car ils doivent subvenir aux besoins de leur progéniture.
Bien que le gouvernement travaille actuellement à améliorer le niveau de vie des personnes en situation précaire en leur accordant des allocations sociales, il est nécessaire d’aller au-delà des prestations offertes par la Mauritius Revenue Authority. Il est impératif de mener une étude approfondie sur la situation afin de la comprendre de manière plus précise.
Il convient de rappeler que le registre social, mis en place il y a une dizaine d’années, avait pour objectif de recenser le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté et celles nécessitant un soutien. Cet outil s’est révélé extrêmement efficace, nous permettant ainsi (NdlR : gouvernement en place de 2010 à 2014) d’obtenir une vision claire du nombre de personnes dans le besoin.
Ce n’est pas une question d’argent donc ?
Le gouvernement s’engage à aider les personnes dans le besoin en leur fournissant une assistance financière. Cependant, il est important de souligner que l’aide financière n’est pas le seul facteur déterminant, et il est crucial de fournir également un encadrement et un suivi appropriés.
La situation ne se résume pas uniquement à la question des ressources financières. Il est essentiel d’établir des mesures d’accompagnement pour les couples qui font face à des difficultés financières et qui rencontrent des obstacles malgré leurs efforts et leur volonté.
Cependant, il est nécessaire d’avoir des données statistiques fiables sur les personnes dans le besoin. Dans cette optique, une étude de terrain constitue le point de départ essentiel pour mieux comprendre la situation et élaborer des solutions adaptées.
Mais le ministère des Coopératives propose déjà diverses formations en entrepreneuriat…
Je pense qu’il est essentiel de mettre en place un ensemble de mesures comprenant la formation, l’encadrement et le suivi dans différents domaines. De plus, il est important de faciliter l’accès aux prêts auprès de la Development Bank of Mauritius (DBM) et d’obtenir des subventions du ministère pour les bénéficiaires. Les couples en difficulté doivent recevoir une formation leur permettant de résoudre leurs problèmes.
Cependant, il est important de souligner que ce « package » doit être assorti de plusieurs conditions, notamment l’obligation de créer leur propre entreprise. En effet, de nombreuses personnes dans le monde choisissent de travailler pour elles-mêmes et se sentent à l’aise en étant leur propre patron.
À votre avis, quel devrait être le salaire mensuel qui puisse permettre à un couple de décoller financièrement ?
Il est difficile pour moi de fournir un chiffre précis, car notre roupie est fortement impactée et nous devons faire face à de nombreux défis liés à l’inflation. Seuls les couples en situation de détresse peuvent réellement comprendre les difficultés quotidiennes auxquelles ils sont confrontés pour joindre les deux bouts. Malheureusement, nous constatons avec une profonde tristesse que les gens ont de plus en plus de mal à épargner en raison de la hausse constante du coût de la vie.
Quelle était la situation lorsque vous étiez ministre de la Sécurité sociale ?
Les conditions étaient complètement différentes. Autrement dit, il était possible d’aller au supermarché et de ressortir avec un chariot rempli de provisions sans rencontrer de difficulté. Cependant, aujourd’hui, cela est devenu impossible. Il y a quelques années, les gens faisaient leurs courses mensuellement, mais désormais, en raison des circonstances actuelles, ils doivent le faire chaque semaine.
On dirait que certains couples sont voués à galérer alors…
Cette situation me peine. Tout être humain aspire, après avoir atteint un certain âge, à se marier et fonder une famille. Malheureusement, ils se retrouvent bloqués face à cette réalité.
Soodesh Callichurn, ministre du Travail : «Nous sommes déterminés à améliorer les conditions de vie des citoyens»
Dans une déclaration à Le Dimanche/L’Hebdo, le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, rappelle que le revenu minimum garanti a été augmenté à Rs 15 000. De plus, les individus gagnant moins de Rs 25 000 bénéficient d’une allocation de Rs 2 000 de la Mauritius Revenue Authority, tandis que ceux dont le revenu est inférieur à Rs 50 000 reçoivent Rs 1 000.
« Le gouvernement, à travers diverses allocations proposées, apporte son soutien aux personnes dans le besoin. Les entreprises sont en phase de recrutement et les statistiques montrent une diminution du taux de chômage. Comme annoncé par le Premier ministre, les écoles pré-primaires seront gratuites à partir de janvier 2024 », souligne le ministre du Travail.
Un ensemble de mesures a été mis en place pour encourager l’intégration des jeunes dans le monde du travail. Soodesh Callichurn mentionne notamment l’introduction de primes à l’emploi ainsi que diverses formations techniques accompagnées d’une allocation gouvernementale pour les jeunes. Le contrôle des prix des produits de consommation est également évoqué par le ministre.
« Le gouvernement prévoit de mettre en œuvre un ensemble de mesures visant à encadrer les jeunes sur le marché du travail. Ces mesures illustrent les efforts déployés par le gouvernement pour soutenir les personnes dans le besoin, promouvoir l’emploi des jeunes et stimuler l’économie. Ces initiatives visant à faciliter l’accès à l’emploi témoignent de l’engagement du gouvernement à créer des opportunités et à améliorer les conditions de vie des citoyens », conclut-il.
Sunil Bholah, ministre des PME : «Rien ne vous empêche d’être entrepreneurs»
« Dans le domaine de l’entrepreneuriat, rien ne vous empêche de vous lancer. Nous vous invitons à venir vers nous, car il existe de nombreuses opportunités. SME Mauritius et le National Cooperative College (NCC) ne sont pas réservés exclusivement aux personnes sans emploi. Au contraire, rejoignez-nous après vos heures de travail », déclare le ministre Sunil Bholah dans une déclaration.
Le ministre souligne les différentes initiatives mises en place pour promouvoir la formation. Sunil Bholah mentionne le National Cooperative College fondé en 2016, ainsi que SME Mauritius, créée en 2017. « Divers programmes d’aide, tels que des prêts ou des subventions, ont également été mis à la disposition des intéressés. Chaque trimestre, le ministère organise des foires régionales à travers le pays. SME Mauritius organise également d’autres foires pour permettre aux entrepreneurs d’exposer leurs produits », précise le ministre du Développement industriel, des PME et des coopératives.
Sunil Bholah souligne que les initiatives de formation, les programmes d’aide financière et les opportunités de promotion des produits contribuent à créer un environnement favorable au développement des entreprises et à stimuler l’esprit d’entreprise au sein de la population. « Les personnes intéressées sont ainsi incitées à saisir ces opportunités et à explorer les possibilités offertes par les initiatives du gouvernement pour réaliser leurs projets entrepreneuriaux. »
Questions au…Dr Oomandra Nath Varma, sociologue : « Il est primordial d’améliorer la littératie financière »
En sociologue quand on parle de pauvreté, on évoque aussi la pauvreté absolue et la pauvreté relative. Quelle est la différence entre les deux ?
La pauvreté absolue et relative sont deux concepts utilisés pour mesurer et comprendre les niveaux de pauvreté. La pauvreté absolue fait référence à un seuil ou à une ligne spécifique en dessous duquel les individus ou les ménages manquent des nécessités de base de la vie, telles que la nourriture, le logement, l’habillement, l’accès aux soins de santé, à l’éducation et à un minimum de loisirs indispensables à l’équilibre mental.
Elle est souvent définie en termes de revenu, où les individus ou les ménages gagnant en dessous d’un certain niveau de revenu sont considérés comme vivant dans la pauvreté absolue. Le seuil de pauvreté absolue est généralement déterminé en fonction du coût nécessaire pour satisfaire les besoins de base.
À Maurice, le salaire minimum a probablement eu une incidence sur la réduction de la pauvreté absolue. Cependant, il existe toujours le risque que des personnes perdent leur emploi lorsque les entreprises ferment, bien que les économistes soutiennent qu’il peut y avoir un équilibre à long terme entre la fermeture d’emplois et l’ouverture de nouveaux emplois, ce qui ne peut être évité.
La pauvreté relative est une mesure de la pauvreté qui compare le revenu ou les ressources d’un individu ou d’un ménage au revenu ou aux ressources moyens de la société dans laquelle ils vivent. Dans la pauvreté relative, les individus ou les ménages sont considérés comme pauvres si leur revenu est nettement inférieur à la moyenne de la population dont ils font partie.
Le gouvernement peut fournir les opportunités, mais ne peut pas forcer tout le monde à en profiter de manière égale»
Diverses mesures ont été prises pour aider les familles vulnérables. Pensez-vous que la pauvreté absolue existe toujours à Maurice ?
Pour comprendre la pauvreté, il est important de prendre en compte les seuils de pauvreté. Ces seuils sont établis par des agences internationales et varient en fonction du niveau de développement économique du pays et des circonstances spécifiques.
La Banque mondiale, en tant que grande agence internationale, fixe des seuils de pauvreté pour les pays en développement. Elle utilise un seuil de pauvreté international connu sous le nom de « seuil de pauvreté internationale » ou « seuil de pauvreté extrême », actuellement fixé à 1,90 $ par jour (soit environ Rs 86,54 selon le taux de change du jour). Ce seuil représente le revenu minimum requis pour subvenir aux besoins de base tels que la nourriture, le logement et l’habillement dans les pays les plus pauvres du monde.
La pauvreté existe dans tous les pays du monde, même ceux qui semblent riches en apparence. De nombreux facteurs contribuent aux niveaux de pauvreté à travers le monde. Il s’agit d’une question complexe, influencée par divers facteurs interdépendants. Si nous voulons comprendre la pauvreté dans notre pays, il est nécessaire de prendre en compte certains de ces paramètres.
Des efforts considérables ont été déployés pour réduire la pauvreté, mais il est extrêmement difficile de la contrôler, notamment dans une économie de marché, voire dans une économie réglementée. Le gouvernement peut offrir des opportunités, mais il ne peut pas garantir que tout le monde en profitera de manière égale.
Un accès limité à une éducation de qualité peut perpétuer le cycle de la pauvreté. Notre pays garantit la gratuité de l’enseignement. Cependant, nous accusons encore un retard dans notre capacité à tirer pleinement parti des ressources disponibles dans nos établissements d’enseignement. Il est grand temps que davantage de personnes réalisent qu’il n’y a pas de raccourci vers le succès, à l’exception de l’éducation.
Si nous ne saisissons pas les opportunités offertes par l’éducation, la pauvreté risque de persister. Des changements sont envisagés dans le domaine de l’éducation, ce qui devrait ouvrir de nouvelles perspectives pour un plus grand nombre de personnes.
Le manque d’accès aux soins de santé, à l’eau potable, aux installations sanitaires et à un logement adéquat peut maintenir les individus piégés dans le cercle vicieux de la pauvreté. Ces services essentiels sont cruciaux pour rompre le cycle de la pauvreté et améliorer les conditions de vie. Heureusement, nous bénéficions de la gratuité des soins de santé, de l’accès à l’eau potable et le gouvernement déploie d’importants efforts pour améliorer l’accès au logement.
Cependant, il est primordial que ces efforts soient cohérents et s’étendent sur plusieurs années, en particulier pour un pays comme Maurice où les ressources sont limitées et où le chemin à parcourir est long.
Le salaire minimum a probablement eu une incidence sur la réduction de la pauvreté absolue»
La pandémie de Covid-19 et le conflit entre l’Ukraine et la Russie ont eu un impact sur l’économie mondiale. Pensez-vous que cela a entraîné un appauvrissement de la société, y compris parmi la classe moyenne ?
De la manière dont l’économie fonctionne, personne n’est épargné. Une grande partie de l’inflation aurait pu être évitée. Lorsque nous continuons à parler de l’inévitabilité des augmentations de prix, de tels discours dans les médias deviennent des prophéties auto-réalisatrices. Les hausses de prix sont ainsi justifiées et semblent inévitables, ce qui permet aux capitalistes de tirer profit de ces opportunités et de réaliser des profits disproportionnés.
L’île Maurice est un État-providence, et la récente augmentation des pensions de vieillesse a certainement contribué à sortir de nombreuses personnes du piège de la pauvreté. Cependant, la hausse du coût de la vie associée à des demandes croissantes souvent encouragées par la vente agressive des entreprises a créé des attentes accrues et même une culture de la consommation ostentatoire. Cette situation entraîne une augmentation du désir de consommer davantage, y compris des produits de luxe, que certains considèrent maintenant comme des nécessités. Tout cela contribue à accroître la demande de produits de luxe et crée un sentiment de pauvreté relative.
Évidemment, nous avons également des personnes qui se trouvent véritablement dans la pauvreté pour différentes raisons, telles que la perte ou l’absence de soutien des adultes, le manque de soutien familial et les familles nombreuses d’un côté, et des facteurs tels que la négligence et les activités illicites de l’autre. Parmi ces facteurs, on observe une augmentation de la consommation de drogues, souvent liée à des entreprises illicites de plus en plus organisées et sophistiquées, qui attirent une partie vulnérable de la population à la recherche d’argent rapide.
Ces facteurs peuvent interagir et se renforcer mutuellement, créant ainsi un cycle de pauvreté difficile à briser. La lutte contre la pauvreté nécessite une approche globale qui englobe des stratégies économiques, sociales et politiques visant à promouvoir un développement durable et inclusif.
Quel est l’impact du coût de la vie sur l’endettement des gens ordinaires ?
Le coût de la vie joue un rôle important dans l’endettement des personnes ordinaires. Lorsque le coût de la vie est élevé, il devient plus difficile pour les individus et les familles de faire face à leurs dépenses quotidiennes et à leurs obligations financières sans recourir au crédit ou aux prêts.
Si les salaires ne suivent pas le rythme de la hausse du coût de la vie, les gens peuvent être confrontés à une stagnation de leurs revenus. Lorsque les revenus restent relativement stables alors que les prix augmentent, les individus peuvent avoir du mal à couvrir leurs dépenses sans avoir recours à l’emprunt. Cependant, lorsque les taux d’intérêt ou les frais liés aux emprunts sont élevés, les particuliers peuvent se retrouver piégés dans un cycle d’endettement.
orsque les personnes doivent emprunter de l’argent pour subvenir à leurs besoins quotidiens, les taux d’intérêt élevés sur les prêts ou les cartes de crédit peuvent rapidement s’accumuler, entraînant un niveau d’endettement difficile à surmonter. Il est important de faire preuve de prudence et de ne pas se laisser séduire par l’utilisation excessive des cartes de crédit, car elles sont souvent associées à des taux d’intérêt beaucoup plus élevés.
Les pressions sociétales visant à maintenir un certain niveau de vie ou à suivre les tendances matérialistes peuvent inciter les individus à dépenser au-delà de leurs moyens. Le désir d’acquérir des biens et des services qui sont financièrement inaccessibles peut conduire à une augmentation des emprunts et de l’endettement.
Une compréhension limitée de la gestion des finances personnelles peut contribuer à prendre de mauvaises décisions financières et à augmenter le niveau de dette. Sans les compétences nécessaires pour gérer efficacement leur argent, les individus peuvent avoir du mal à faire face au coût de la vie et à s’endetter. Il est donc nécessaire que des organisations sociales telles que l’église et d’autres organisations communautaires contribuent à l’éducation des gens afin de les aider à éviter les dépenses et les consommations qui conduisent à l’endettement.
Aborder l’impact du coût de la vie sur l’endettement nécessite une approche à multiples facettes. Cela implique d’améliorer la littératie financière, de plaider en faveur de salaires et d’opportunités d’emploi équitables, de mettre en œuvre des politiques de contrôle de l’inflation, de promouvoir des logements et des soins de santé abordables, ainsi que d’offrir des programmes de soutien visant à aider les individus à gérer leur dette et à améliorer leur bien-être financier.
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