La pandémie a envoyé aux urgences une économie toussotant. L’État s’est endetté pour de préserver l’harmonie socioéconomique, empêchant un licenciement massif et l’écroulement des entreprises phares. Or, 15 mois après le premier confinement, le pays est appelé à quitter ces urgences pour, d’une part, faire face aux réalités de la pandémie et prendre les décisions difficiles et, d’autre part, déterminer le chemin de la relance. C’est pour cette raison que le Budget 2021/2022 revêt toute son importance. Cela étant dit, les finances de l’État ne lui permettent plus de jouer au père Noël.
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«Mr Speaker, Sir, 1. I move that the Appropriation 2021/2022…» Tout comme pour son premier Grand oral en date en juin 2020, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, prononcerait ces mêmes mots avant de dévoiler les grandes axes du Budget 2021/2022 ce vendredi 11 juin. La différence entre juin 2020 et aujourd’hui se situe au niveau de l’environnement économique. La situation s’est détériorée en raison de la pandémie du coronavirus, la fermeture prolongée des frontières, des recettes touristiques réduites de 96 % au premier trimestre et des finances d’État alourdies par une dette publique élevée.
D’emblée, on affirme haut et fort que le Grand argentier a une obligation de présenter un budget qui relancera la machine économique au moment de la réouverture du pays au reste du monde. Car le chômage est à son niveau le plus haut depuis 2005. Le produit intérieur brut (PIB) devrait enregistrer une seconde contraction de suite, avec une nouvelle estimation qui serait annoncée dans le discours budgétaire. Les trois piliers de l’économie, que sont la manufacture, le tourisme et les services financiers, demandent une attention particulière, soit pour leur survie soit pour se relancer dans un monde concurrentiel qui se reprend.
En 2020, la juridiction financière a été placée sur la liste grise du Groupe d’action financière parce que notre lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent a été perçue comme étant faible. Un an plus tard, la note de Maurice a été revue à la baisse par Moody’s Investors Service. La Banque mondiale a été sévère dans sa récente analyse de l’économie mauricienne. Et le Grand argentier a d’ailleurs exprimé son désaccord avec ses recommandations, ne trouvant pas « la pertinence de certaines parties du rapport ».
Certes, la relance exige des efforts et sacrifices collectifs. L’argument est que cette reprise économique passe par un Budget 2021/2022 qui consolide les bases actuelles et qui balise le terrain pour l’émergence d’autres secteurs.
Parce qu’ailleurs, même si les vagues successives de la Covid-19 se déferlent sur les pays petits, en voie de développement et les grands, l’économie reprend ses droits. La vaccination aidant, que ce soit en Europe - marché historique et premier partenaire économie de Maurice - et aux États-Unis, les employés ont repris le chemin du bureau. S’installer à la table d’un restaurant ou d’un café n’est plus un rêve lointain. Bref, un train qui sort à peine de la gare, un train qu’on ne peut se permettre de rater.
Déjà, dans l’océan Indien, des destinations touristiques concurrentes ont déjà rouvert les frontières. En dépit d’une violente nouvelle vague de la Covid-19 le mois écoulé et l’accès interdit à des visiteurs de l’Asie du Sud, les Maldives ont accueilli 64 613 touristes grâce à une stratégie de séparation entre le grand public et les clients.
Approche ciblée
Aux Seychelles, faisant face à résurgence dans le nombre de cas, son président Wavel Ramkalawan est monté au créneau pour rassurer le monde que son pays est bien équipé pour gérer la situation et que son économie est en marche. Le nombre de touristes a été de 16 001, soit 70 % du total en mai 2019 (l’année de référence pour l’industrie). En ces moments difficile, l’État a repris le contrôle à 100 % d’Air Seychelles. Des décisions radicales ont été prises, telles que le paiement d’allocation-chômage et ceux dans le besoin. L’approche est plus ciblée. À la charge du demandeur de prouver sa situation précaire.
Et dans le monde seychellois des affaires, l’humeur est de braver au jour le jour la Covid-19 à travers la vaccination, le respect des gestes barrières et l’implémentation de protocoles sanitaires très stricts. Ce faisant, l’économie ne pourra que s’affirmer au fil des semaines, mois et trimestres à venir, en harmonie avec la reprise mondiale, l’avènement très probable d’un passeport vaccinal.
À Maurice, nous préférons avancer prudemment. Vaccinons d’abord. Rouvrons les frontières par la suite. Or, le tourisme en mode arrêt signifie que 25 % de l’économie est clouée au sol, comme l’a fait ressortir Afsar Ebrahim, directeur exécutif de la firme Kick Advisory Services dans un entretien au Défi Quotidien, le jeudi 10 juin. L’impact est visible sur la dépréciation de la roupie. Les factures à l’importation sont en hausse.
« C’est un coût que nous ne pouvons plus nous permettre en tant que pays commerçant, » a dit Afsar Ebrahim.
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