
La politique de consommation et d’inflation de l’ancien régime a créé une injustice sociale énorme selon Dhaneshwar Damry. Le junior minister aux Finances avait récemment déclaré que la dette par tête d’habitant est passée de Rs 449 000 à environ Rs 518 000. Selon lui, il est nécessaire de renverser cette tendance, ce qui passera par des réformes structurelles.
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Le niveau de la dette publique est élevé. Il est passé de Rs 573,81 milliards en septembre 2024 à Rs 602,33 milliards en décembre 2024 pour atteindre Rs 611,7 milliards en mars 2025, soit 87,3 % du PIB. Un analyste est d’avis qu’il faut que le gouvernement vende une partie de ses actifs afin de la réduire. L’économiste Manisha Dookhony soutient qu’au niveau fiscal, il y a un besoin d’avoir plus de revenus. La raison est que le pays devra bientôt repayer plusieurs de ses dettes. « Le gouvernement a annoncé qu’il veut diminuer le niveau de la dette. Cela requiert une augmentation des revenus d’imposition », avance-t-elle.
Moody’s a, dans son dernier rapport sur Maurice dans le cadre des consultations de l’Article IV, mis l’emphase sur le besoin de consolider les revenus et réduire le déficit budgétaire. L’économiste Sanjay Matadeen explique que cela nécessite une réduction des dépenses et une augmentation des revenus. Selon lui, des décisions difficiles, notamment en ce qui concerne les allocations sociales, devront être prises.
« Il faut voir si à long terme le système de pension est soutenable. Il faudrait des incitations dans certains secteurs à potentiel pour leur permettre de progresser. Les pays qui ont réussi à travers le monde ont à un moment ou un autre pris des décisions difficiles. Il faut des sacrifices dans le court terme pour avoir des résultats dans le long terme », ajoute-t-il.
Changement de paradigme
Tous les secteurs n’affichent pas une santé rayonnante à Maurice. C’est du moins ce qu’explique Manisha Dookhony. À titre d’exemple, les arrivées touristiques sont en baisse. Le secteur de la construction tient le coup, mais les exportations sont en recul. Plusieurs entités sont en attente de permis.
Notre interlocutrice ne minimise pas l’importance de redonner confiance et redynamiser l’économie pour attirer plus d’investissement non seulement dans le secteur immobilier, mais dans d’autres secteurs. « La qualité des personnes qui sont dans les institutions est importante. Certains n’ont pas le savoir-faire pour attirer des secteurs plus pointus », indique-t-elle.
Dans son discours-programme intitulé « A Bridge to the Future », le gouvernement exprimait sa volonté de passer d’un modèle économique centré sur la consommation à une économie tournée vers l’investissement. Sanjay Matadeen estime que cela exigera des mesures concrètes. Selon lui, il faudra attendre les annonces du budget 2025-26 pour relancer la production de biens et de services, notamment à travers des incitations destinées à encourager l’entrepreneuriat.
Il explique : « Plus de production équivaut à plus de compétition, ce qui sera bénéfique au prix proposé sur le marché. Il est important de promouvoir l’effort et non l’assistanat. Rétablir la confiance des entreprises et de la population est aussi essentiel ».
Comment financer ces mesures ? Manisha Dookhony estime que si l’argent des Chagos venait à être versé, il offrirait un répit au gouvernement. Elle avertit toutefois qu’il ne devrait pas servir à couvrir les dépenses courantes, mais être réinvesti. Selon elle, il est essentiel de mettre en place, à travers le budget, un dispositif garantissant une gestion transparente et durable de ces fonds.
Les réformes proposées par Manisha Dookhony Réforme fiscale
• Taxer davantage les jeux de hasard.
• Le Corporate Climate Responsibility (CCR) Levy permettra au gouvernement d’engendrer davantage de revenus.
• La taxe sur le système bancaire va apporter plus de revenus.
Dépenses
Une grande partie des dépenses est consacrée au secteur social, incluant les pensions, la CSG Allowance et les investissements en infrastructures, comme les maisons sociales. Il est essentiel de faire un point sur l’avancement de ces projets. Une réflexion approfondie est nécessaire concernant la CSG, afin d’envisager une réforme véritable, car le système actuel ne peut perdurer.
Passifs éventuels
• Le gouvernement doit décider que faire des institutions publiques et des réclamations à leur encontre.
• Concernant les fonds sortis de la Banque de Maurice : le gouvernement sera-t-il en mesure de rembourser cette somme ? Va-t-il recapitaliser la BoM ? La question de la Mauritius Investment Corporation (MIC), sous l’égide de la BoM, se pose également. Faut-il la retirer du bilan de la Banque centrale ? Le gouvernement prendra-t-il en charge la MIC via des entreprises publiques ?
Les réformes proposées par Sanjay Matadeen Réformer le système de taxation
• Revoir les personnes exclues du système fiscal et qui ne sont pas soumises à l’imposition.
• Harmoniser un système de taxe progressif.
• D’autres taxes comme sur les dividendes, le « capital gain tax », peuvent être considérées.
Réduire les dépenses
• Rééchelonner les grosses dépenses et opérer en ordre prioritaire pour les projets.
Réforme du système de la pension
• Le gouvernement crée et distribue la richesse. Il faut réfléchir comme il se doit sur l’âge approprié de la retraite, même si ce n’est pas un sujet populaire. Faut-il continuer à payer le « Basic Retirement Pension » (BRP) à 60 ans ?
Système d’allocation
• Opter pour un ciblage.
Réformer le marché du travail
Il est nécessaire d’identifier les inefficacités, notamment le fait que de nombreuses femmes ne participent pas à l’activité économique, et de corriger cette situation.
Les institutions
• La réforme de certaines institutions s’impose. Il faut se demander si une institution comme l’Economic Development Board (EDB) mène à bien son rôle. Idem pour la Financial Services Commission (FSC).
• La transparence et la responsabilité sont les maîtres mots. Le Financial Responsibility Act et le Freedom of Information Act sont anticipés. On attend de voir comment le gouvernement va réduire la corruption à Maurice. Les institutions internationales suivent cet aspect de près, et la notation attribuée au pays en tient compte.

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