Qui l’aurait cru ? Les modèles de voitures ou d’avions en version 3D prennent forme sous les clics de concepteurs graphiques mauriciens. Dans ce monde où la précision millimétrée est de rigueur, on n’a pas droit à l’erreur.
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Ils viennent du Canada et de France. Et ils sont prestigieux. Blueworld Technology Ltd compte parmi ses clients le constructeur automobile PSA, exploitant les marques Peugeot, Citroën, Opel et Vauxhall, ainsi que son concurrent français, Renault et le constructeur d’avions Airbus.
La société est engagée dans la conception virtuelle – en trois dimensions – de modèles de voitures qui feront leur sortie officielle (sur les routes) des années plus tard. Le travail porte sur l’étude des pièces avant la production. Idem pour les avions. Viennent ensuite des maquettes virtuelles de bâtiments et des produits de luxe tels que des bouteilles de parfum. Le cahier des charges est minutieux. La confidentialité est de mise.
« Nous avons des clients très exigeants. Nous n’avons pas droit à l’erreur. Il faut toujours être à l’heure. Avant l’heure, ce n’est pas l’heure et après l’heure, ce n’est plus l’heure. Il arrive parfois que toute l’équipe effectue des heures supplémentaires. On se relaie durant la semaine pour rester dans les délais. Souvent, on joue très serré. Nous sommes obligés d’accepter le travail, car il faut en fournir à toute l’équipe », explique Doris Sullivan, 54 ans, fondatrice et directrice générale de Blueworld Technology Limited.
Un rêve qui se réalise
C’est en juillet 2010 que l’entreprise démarre ses activités. Blueworld Technology Limited, c’est avant tout, un rêve que réalise Doris Sullivan. Employée dans une firme ayant des partenaires français, elle dirige une équipe créative tournée vers la conception mécanique et industrielle. « C’est un marché porteur, un métier où il existe un bel avenir si l’effort y est », dit-elle. Forte de cette analyse, elle s’installe à son compte, et emmène dans cette aventure une petite équipe ayant appris les rouages du métier chez son ex-employeur. Pascal Lebon y occupe le poste de directeur technique.
« Au début, nos locaux se trouvaient à Moka. Nous n’étions que quatre. Nous avons démarré de rien. Nous avons dû nous débrouiller tout seuls. Ces projets requièrent des logiciels spécialisés, qu’il faut acheter à l’étranger. La licence par poste de travail coûte aujourd’hui 25 000 euros (soit un million de roupies) », souligne Doris Sullivan.
C’est une société française, RCD Except, dont le quartier général est à Paris, qui sera le partenaire privilégié de Blueworld Technology Limited. Au début, les concepteurs graphiques effectuent des travaux de sous-traitance. Cinq ans plus tard, un partenariat se cristallise avec l’entrée du groupe français dans le capital de Blueworld Technology Limited en tant qu’actionnaire minoritaire. Si le soutien financier y est, l’apport technique est tout aussi important.
« Une bonne connaissance de tout ce qui touche à la fabrication mécanique est nécessaire. Malgré les diplômes, nous devons assurer une formation continue. Chaque trimestre, des formateurs de RCD Except viennent à Maurice pour aider nos employés diplômés à augmenter leurs compétences. Dans notre métier, nous devons évoluer tous les jours. Il faut répondre aux attentes des clients. On ne peut rester sur nos acquis. Il est impératif de s’adapter à la demande et d’utiliser les logiciels dernier cri », insiste Doris Sullivan.
Dans ses locaux de Phoenix où la société s’est installée en janvier 2016, on retrouve une quinzaine d’employés, dont deux personnes affectées aux tâches administratives. Ce sont tous des Mauriciens qui ont complété leurs études au pays.
Comment se présente l’avenir dans ce marché-niche? Que l’on veuille ou non, la compétition s’intensifie avec des concurrents issus de Roumanie et d’Inde, où la main d’œuvre créative est moins chère. « Les affaires s’exportent bien. Pour nous, c’est une lutte au quotidien. Il faut vraiment jouer sur le rapport qualité-prix » précise la directrice générale.
Les objectifs ne manquent pas. D’une part, Blueworld Technology Limited veux effectuer une percée sur les marchés mauricien et régionaux. La direction s’est attelée à cette tâche, avec des visées sur Madagascar et l’Afrique du Sud.
Entretemps, l’équipe continuera de parfaire ses compétences. L’impression en 3D sera la prochaine étape. Décisive et logique, car le 3D représente le présent et l’avenir…
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