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Auto-isolement à domicile : comment augmenter les chances de réussite

L’auto-isolement signifie que vous devez rester à la maison, ne pas aller au travail ou dans d’autres lieux publics, ne pas utiliser les transports en commun et éviter les visiteurs à votre domicile.
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Face au nombre de cas asymptomatiques et comme la majeure partie de la population a déjà reçu ses deux doses de vaccin, l’auto-isolement à domicile est désormais possible depuis ce mois-ci. Mais comme s’assurer que cette période se passe sans anicroche ? Les Drs Irfaan Daureeawoo et Yanish Purmah font le point.

C’est une condition sine qua non. « L’auto-isolement est uniquement possible si la population est suffisamment informée, sensibilisée, responsable et consciencieuse », souligne le Dr Irfaan Daureeawoo. À Maurice, l’auto-isolement à domicile, qui est de 10 jours, est possible, depuis ce mois-ci, sous certaines conditions. Sauf que « sans le respect des consignes, la responsabilité et le patriotisme des gens, ce modèle sera très difficile à gérer ».

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Le Dr Irfaan Daureeawoo, qui exerce en Angleterre, concède qu’avec le nombre de cas positifs en hausse, la quarantaine dans un centre n’est plus viable.

Le Dr Irfaan Daureeawoo, qui exerce en Angleterre, concède qu’avec le nombre de cas positifs en hausse, la quarantaine dans un centre n’est plus viable. D’où la solution de l’auto-isolement. D’autant que les cas asymptomatiques et les patients présentant des symptômes légers ne requièrent pas d’hospitalisation. « Une hospitalisation est nécessaire en cas de symptômes modérés et sévères, ou de troubles respiratoires », dit-il.

Et comment doit se passer l’auto-isolement ? La personne positive, résidant avec sa famille, doit être considérée comme « une bulle positive ». Tous les membres de sa famille doivent être testés et s’auto-isoler, conformément aux directives des autorités, affirme le Dr Daureeawoo.

En cas de symptômes, ajoute-t-il, par exemple, une température élevée, une toux continue, une perte ou une modification de l’odorat ou du goût, la possibilité que ce soit  dû à la Covid-19 doit être envisagée. « Cette personne doit s’isoler immédiatement, en attendant qu’un test PCR soit fait. » 
Le Dr Irfaan Daureeawoo se veut toutefois réaliste. Le modèle de l’auto-isolement n’est pas parfait. Surtout si « une personne positive cohabite avec des personnes vulnérables, qui ont des comorbidités ou qui ne peuvent être vaccinées ». Il recommande que la visite des personnes hors de la bulle familiale soit restreinte, sauf en cas de nécessité. « Par exemple, les aides-soignants (en PPE) s’occupant des personnes dans le besoin. »  

Planification 

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Le Dr Yanish Purmah affirme que l’auto-isolement est une stratégie qui a été utilisée avec succès dans de nombreux pays à travers le monde.

Le Dr Yanish Purmah affirme, quant à lui, que l’auto-isolement est une stratégie qui a été utilisée avec succès dans de nombreux pays à travers le monde comme moyen supplémentaire pour réduire la propagation de la Covid-19. « Concrètement, l’auto-isolement signifie que vous devez rester à la maison, ne pas aller au travail ou dans d’autres lieux publics, ne pas utiliser les transports en commun et éviter les visiteurs à votre domicile. » 

À l’instar du Dr Irfaan Daureeawoo, le Dr Yanish Purmah, qui exerce lui aussi en Angleterre, s’appesantit sur l’importance de respecter les consignes. « Les avantages de l’auto-isolement sont réduits si les personnes ne peuvent pas ou ne veulent pas s’isoler. » D’où l’importance, dit-il, « de bien planifier les stratégies d’auto-isolement afin d’en maximiser les bénéfices ». 

Niveau d’adhésion

Des enquêtes en Angleterre, poursuit-il, ont démontré un niveau d’adhésion à l’auto-isolement de 15 % à 25 %. « Certains facteurs augmentent la probabilité que les personnes s’auto-isolent avec succès, notamment la confiance de s’auto-isoler, avoir une bonne compréhension des directives du gouvernement, le soutien de la famille, des amis et des employeurs », précise le Dr Yanish Purmah.

Il a été démontré, ajoute-t-il, que les personnes à faible revenu sont moins capables de s’isoler. Tout comme celles qui ont des troubles de santé mentale ou d’anxiété. « Les engagements familiaux joueront également un rôle et de nombreuses personnes à qui l’on demande de s’isoler s’inquiéteront de savoir qui s’occupera de leurs enfants et également d’autres adultes vulnérables, tels que les parents plus âgés. »

Une hospitalisation est nécessaire en cas de symptômes modérés et sévères, ou de troubles respiratoires»

D’autres encore, fait remarquer le professionnel de la santé, seront plus préoccupés par l’impact de l’auto-isolement sur leur travail ou leur entreprise et par les problèmes financiers que cela peut entraîner. 

Soutien multiforme

Afin d’assurer le succès de l’auto-isolement, le Dr Yanish Purmah est d’avis que les autorités devraient fournir aux personnes concernées toutes les informations et les ressources disponibles afin d’assurer leur bien-être. Cela peut inclure une assistance en ligne et téléphonique, ainsi que les coordonnées d’organisations bénévoles /communautaires locales. 

« Il est bien connu que les gens suivent mieux les directives lorsqu’ils ont confiance dans les autorités et lorsque la communication est claire. Il est donc essentiel, à ce stade, que les autorités sanitaires fassent tout leur possible pour maintenir des lignes de communication claires avec le public concernant l’évolution des problèmes de Covid-19, le nombre de cas, les décès, etc. »

Et pourquoi pas, ajoute le Dr Yanish Purmah, « un soutien financier, car cela peut augmenter le taux de réussite de ces groupes qui s’auto-isolent ». Il évoque aussi un soutien en termes de livraison d’articles essentiels tels que la nourriture et les médicaments, si ces personnes n’ont pas de famille immédiate qui peut les aider. 

Selon le Dr Yanish Purmah, de nombreux pays comme Singapour ont offert un paiement unique aux personnes positives à la Covid-19 et à leurs contacts, afin d’augmenter le taux de réussite de l’auto-isolement. « Si les besoins de base tels que la nourriture, les médicaments et l’argent ne sont pas satisfaits, de nombreuses personnes sont susceptibles d’ignorer les règles d’auto-isolement, afin de répondre à ces besoins au péril de l’ensemble de la population. »

Hébergement alternatif

D’autres problèmes d’ordre pratique peuvent également se poser. Notamment en termes d’espace. « De nombreuses personnes vivent dans des ménages surpeuplés et multigénérationnels. L’auto-isolement peut être très difficile, voire impossible pour ces personnes et des dispositions doivent être prises pour un hébergement alternatif. »

Ainsi, pour le Dr Yanish Purmah, plusieurs conditions doivent être réunies pour un auto-isolement réussi : « Le soutien financier aide dans une certaine mesure, mais il doit être combiné à un réseau de soutien plus complet pour avoir le maximum d’impact. »

Il fait ressortir que la politique d’auto-isolement à Maurice doit faire preuve d’empathie face aux défis auxquels les personnes concernées sont confrontées. « En fin de compte, le succès d’une stratégie d’auto-isolement à Maurice dépendra du degré de conformité du public aux réglementations édictées par le gouvernement. Ce qui dépend, à son tour, du soutien que le public reçoit des autorités. »

 

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