« La vie chère, la flambée des prix : comment atténuer la souffrance des Mauriciens ? » Tel était le thème de l’émission « Au cœur de l’info » animée par Jean-Luc Emile et Elodie Domun le mardi 8 mars 2022. Le débat était aussi axé sur la hausse sans précédent de l’inflation, dont le taux est de 9 %.
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Rajeev Hasnah, économiste : «Un second-round effect pourrait davantage corser la situation»
Le taux d’inflation a atteint la barre des 9 % et il pourrait passer à deux chiffres dans un proche avenir. Pour l’économiste Rajeev Hasnah, ce sont les effets combinés de la pandémie de COVID-19 et de la guerre en Ukraine. Il estime que les perspectives sont sombres pour les mois à venir. Il est d’autant plus inquiet que ce sont surtout les produits de consommation qui sont les plus touchés par la hausse de prix.
Il redoute un « second-round effect » qui pourrait davantage compliquer la situation. C’est un des facteurs de risque qui pousse les Banques centrales des États-Unis et d’Europe à faire leur maximum en prenant des mesures pour contenir l’inflation. L’une des conséquences majeures du « second-round effect » est la perte drastique du pouvoir d’achat des travailleurs.
Selon l’économiste, le taux d’inflation qui poursuit sa progression depuis décembre dernier est lié non seulement à l’augmentation du coût du fret mais aussi à celle des commodités sur le marché mondial. « La guerre en Ukraine et les sanctions économiques infligées par l’Europe et les États-Unis à la Russie auront des répercussions sur le marché international. Malheureusement Maurice ne sera pas épargné. » Cependant, nuance-t-il, même sans le conflit armé en ukrainienne, il s’attendait à une inflation à deux chiffres avec toutes les implications liées à la COVID-19.
Rajeev Hasnah fait ressortir que la hausse de l’inflation a des effets directs et indirects. Dans le premier cas, il prend l’exemple de l’augmentation du coût du fret. Il fait remarquer que les frais pour importer un conteneur de 40 pieds sont passés de 1 200 dollars approximativement à 12 000 dollars. Ce qui influe automatiquement sur les prix de tous les produits importés.
Pour ce qui est des effets indirects, il cite la hausse du prix de l’essence et son impact sur d’autres produits et services. « À Maurice, les effets indirects ne sont peut-être pas très conséquents, car nous importons la majorité de nos produits de consommation. Mais parallèlement, la hausse de prix des produits pétroliers, qui fait monter les coûts de production dans les pays industrialisés, a des répercussions directes sur les prix des produits importés à Maurice », fait-il remarquer.
Jaganathan Parasivam Rangan, secrétaire permanent : «La hausse de prix concerne les produits non couverts par la subvention»
Le secrétaire permanent du ministère du Commerce et de la Protection des consommateurs, Jaganathan Parasivam Rangan, ne cache pas ses inquiétudes face à la hausse de l’inflation. « Valeur du jour, je ne peux dire que la situation au niveau du gouvernement est hors de contrôle. C’est certes grave et inquiétant, mais on continue de réfléchir. Cela dit, la crise liée à la COVID-19 et celle engendrée par la guerre en Ukraine sont indissociables », explique-t-il.
Il précise toutefois que le gouvernement a toujours pris des mesures pour protéger la population de la hausse des prix. Il cite le contrôle des prix sur les masques et les désinfectants en avril 2020 afin de les rendre plus accessibles. Ou encore le contrôle des prix sur sept produits, dont le fromage, le beurre et les grains secs, en septembre 2020.
Il y a aussi eu la subvention de Rs 500 millions en juillet 2021 sur 350 marques de produits de consommation, laquelle a été étendue jusqu’à juin prochain. Il attire l’attention sur le fait qu’en février dernier, un peu plus de Rs 345 millions ont été dépensées et qu’il y a des demandes de remboursement pour des subsides qui sont toujours à l’étude. « Pour les six derniers mois, il se pourrait qu’on ait dépensé un peu plus de Rs 500 millions », affirme-t-il.
Répondant aux questions des journalistes, il a réfuté les allégations selon lesquelles les prix de ces produits ont continué à croître. « Ce sont ceux des produits qui ne sont pas couverts par la subvention qui ont augmenté », fait-il ressortir.
En ce qui concerne les légumes, il avoue que les autorités ne peuvent pas intervenir directement. « Nous ne pouvons pas le faire sans nous assurer au préalable que nous ne risquons pas d’entraîner une pénurie ou le retrait d’un produit sur le marché », explique-t-il.
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