« Annonces du 1ᵉr mai sur les salaires : quels sont les enjeux ? » C’était le thème de l’émission « Au cœur de l’info » le 10 mai sur Radio Plus et Télé Plus. Jane Lutchmaya a reçu Amit Bakhirta, Chief Executive Officer et fondateur d’Anneau, et Fareed Jaunbocus, Chief Executive Officer de Strategos Ltd. Les syndicalistes Haniff Peerun et Ashok Subron sont intervenus au téléphone.
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Selon Amit Bakhirta, il y a aujourd’hui une grande disparité dans les salaires à Maurice. « J’avais dit dans une interview que le salaire minimum doit être augmenté de 11 % pour compenser l’inflation en 2022. Le pouvoir d’achat a augmenté de 68 % en quelques années. Une augmentation des salaires n’impacte pas beaucoup les grandes entreprises contrairement aux petites et moyennes entreprises », a-t-il avancé.
Commentant les aides sociales, le CEO d’Anneau estime que leur ciblage doit utiliser l’intelligence artificielle pour véritablement aider les personnes dans le besoin. « L’eau courante et l’éducation sont des problématiques importantes pour la population aux revenus modestes », estime-t-il.
Amit Bakhirta pense que le gouvernement a la possibilité dans le Budget 2023-2024 d’aider les plus modestes. « Je pense qu’il y a seize ans, les conditions monétaires dans le monde étaient différentes. Les taux d’intérêt ont beaucoup augmenté. Nous devons donc faire attention. En cas de nouveaux problèmes géopolitiques, l’impact sera plus important pour Maurice. Je ne serais pas surpris si le Budget 2023-2024 est plus prudent », explique Amit Bakhirta.
Pour Fareed Jaunbocus, les salaires à Maurice sont basés sur le coût de la vie, pas sur la productivité. C’est pour cela qu’il y a une disparité entre les salaires et la productivité. Selon lui, Maurice ne pourra jamais avoir le même succès que Singapour. Car ce pays fait passer l’économie avant la politique. Selon lui, à Maurice c’est le contraire.
« Les salaires à Maurice sont un des facteurs qui expliquent la fuite des cerveaux. Les pays qui rémunèrent le plus attirent les talents. Il faut aussi penser aux avantages comme l’éducation gratuite. On a donc tendance à payer la main-d’œuvre pour les pays étrangers. Nous devons travailler à augmenter la productivité en même temps que les salaires », déclare-t-il.
Haniff Peerun, syndicaliste, accueille favorablement l’annonce de l’augmentation du salaire minimum. « Mais quelle est l’utilité du National Wage Consultative Council si le gouvernement fait les annonces sans passer par ce conseil ? C’est un gaspillage de fonds publics. Les entreprises ont les moyens de payer les augmentations quand on constate qu’il n’y a pas eu de fermeture et les avantages accordés aux directeurs. Il faut trouver une formule pour que les employés touchent des salaires qui leur permettent d’acheter les produits de consommation », affirme le syndicaliste.
Selon Ashok Subron, l’économie mauricienne s’est historiquement basée sur une main-d’œuvre gratuite puis à bas coût. « Au lieu d’augmenter les salaires, certains secteurs importent des employés étrangers à bas coût. L’économie n’est pas encore arrivée à revenus élevés. Je suis pour le living wage. Quand on a introduit le salaire minimum, on a augmenté les emplois à temps partiel. Il y a une différence entre la productivité et la production. Quand il y a eu la Covid-19, Rs 23 milliards de fonds publics ont été prêtées au secteur privé. Nous avons donc mis l’impact de la Covid-19 sur le dos de la population. L’argent public sert aux actionnaires. Quand on voit la richesse dans la rue, comment peut-on dire qu’il n’y a pas d’argent pour payer les travailleurs ? Il faut réfléchir à une réforme, mais il y a une pensée unique qui est imposée. Nous ne manquons pas de main-d’œuvre, il faut donner un travail décent aux Mauriciens », lance le membre de Rezistans ek Alternativ. Ashok Subron réclame un salaire minimum décent de Rs 16 000 à Rs 17 000 ainsi qu’un salaire maximum.
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