
Les Assises de l’Éducation 2025 ont réuni experts, enseignants et décideurs pour repenser un système éducatif plus humain, inclusif et adapté aux défis actuels. Un moment clé de réflexion collective pour construire l’avenir de l’éducation à Maurice.
Publicité
«Nous parlons d’un système éducatif à visage humain. » C’est ce que précise le Dr Mahend Gungapersad, ministre de l’Éducation. Lors de l’ouverture des Assises de l’Éducation, mardi matin, au Mahatma Gandhi Institute (MGI) à Moka, il a réitéré l’engagement du gouvernement à soutenir les éducateurs dans leur quotidien. « Avec le soutien continu des éducateurs, nous pouvons aller de l’avant et offrir ce qu’il y a de meilleur à nos enfants, pour qu’ils soient prêts à affronter les aléas de la vie », a-t-il déclaré.
Ces Assises sont aussi l’occasion de travailler sur les propositions et les critiques reçues du public ainsi que des acteurs du monde éducatif. En effet, le ministère de l’Éducation a reçu plus de 500 propositions entre le 29 mars et le 10 avril 2025.
Le ministre a salué l’engagement et les efforts des enseignants et du personnel administratif, qui malgré les difficultés rencontrées, continuent d’œuvrer pour le bien-être des élèves. Il a réitéré la ferme volonté du gouvernement de trouver des solutions aux problèmes actuels du secteur éducatif.
Pour Mahend Gungapersad, les acteurs du secteur éducatif connaissent les vrais problèmes du secteur puisqu’ils sont sur le terrain. Il a également souligné l’importance pour chaque participant d’utiliser le moment de la tenue des Assises comme une plateforme pour l’élaboration de solutions face aux défis du secteur éducatif. « Nos objectifs restent centrés sur l’amélioration de l’expérience scolaire pour tous les apprenants, qu’ils évoluent dans le public ou le privé, tout en restant guidés par notre vision de l’avenir du secteur éducatif », a-t-il affirmé.
Le ministre de l’Éducation a également mis l’accent sur l’importance d’encourager tous les types d’apprenants à viser l’excellence académique, tout en veillant à leur bien-être émotionnel et mental. Il a insisté sur la nécessité de cultiver à la fois l’esprit et le cœur.
Évoquant le Special Education Needs, le ministre a fait ressortir que c’est un secteur qui demande beaucoup d’humanisme. « C’est à nous de faire les choses pour les enfants qui ont besoin d’une attention spéciale… »
Les Assises de l’Éducation 2025 se veulent être une réflexion en profondeur. Elles ont débuté mardi et prennent fin jeudi 17 avril. Les participants sont des acteurs clés du secteur éducatif, parmi lesquels des experts, des universitaires, des syndicalistes et des représentants de Rodrigues. Il y a aussi des experts internationaux tels que le Professeur David Stephens de l’Université de Brighton, le Secrétaire exécutif de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique, Albert Nsengiyumva, la directrice régionale et représentante du Bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique australe, Louise Haxthausen, et Marjorie Coste, directrice des relations européennes et internationales.
Agaléga : possibilité de la tenue des examens du SC et du HSC
« Chaque île a ses problèmes et ses spécificités… » a indiqué le ministre de l’Éducation. Ce dernier a annoncé que lors de sa récente visite à l’Université de Cambridge, en Angleterre, il a formulé la demande pour que les candidats agaléens puissent passer leurs examens du School Certificate (SC) et du Higher School Certificate (HSC) sur l’île. Selon lui, le déplacement cause du stress à ces élèves, surtout en cas de mauvais temps.
Pour des Assises à Rodrigues
L’île Rodrigues n’était pas en reste. Prenant la parole, Johnson Roussety, le commissaire adjoint en chef de Rodrigues et commissaire à l’Éducation, a insisté sur le fait que les Assises représentent une occasion de réflexion collective sur les réformes à mener dans l’éducation. Il a salué la détermination du ministre Gungapersad à bâtir un système éducatif inclusif, qui prend en compte les spécificités géographiques, culturelles et socio-économiques de chaque région de la République. Il a rappelé la bonne performance des élèves rodriguais lors des derniers examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC). Selon lui, des Assises de l’Éducation doivent aussi être organisées à Rodrigues pour construire et réfléchir à comment améliorer le système éducatif.
La petite enfance en discussion
La petite enfance a suscité un vif intérêt lors des discussions de l’après-midi. Sept axes majeurs ont été explorés : Curriculum and Technology, Inclusion, Special Needs, Continuous Professional Development & Conditions of Service, Networking, Quality, ainsi que Institutional and Legal Framework & Future
Les participants ont émis plusieurs recommandations qu’ils souhaitent voir mises en œuvre par les autorités. Parmi celles-ci : l’amélioration des conditions d’emploi des Assistant Teachers, la revalorisation salariale des Managers et des puéricultrices, la fixation d’un âge d’admission au préprimaire, une plus grande responsabilisation des parents, un accès équitable à l’éducation, l’importance des activités extracurriculaires, l’uniformisation des standards entre écoles publiques et privées, ainsi qu’un meilleur accompagnement de la transition vers le primaire.
Un manque de coordination a toutefois perturbé la session dédiée au préprimaire. Alors que l’orateur invitait les participants assignés aux ateliers à rejoindre leurs groupes, plusieurs sont restés dans la salle. Vingt minutes plus tard, un nouvel appel a été lancé, précisant que les discussions ne pourraient avancer sans leur présence effective. Plusieurs ont alors quitté les lieux, dénonçant une organisation défaillante.
En outre, certains Managers ont exprimé leur mécontentement : les invitations n’auraient été envoyées que la veille, ou pas du tout. Certains se sont présentés après en avoir été informés via des échanges sur une plateforme commune.
Suttyhudeo Tengur s’interroge sur la qualité
Dans un communiqué intitulé « Quand on fait fi de la qualité… », Suttyhudeo Tengur, négociateur de la Government Hindi Teachers Union, se demande : « Maurice est-elle prête à offrir une éducation de haute qualité pour répondre aux défis mondiaux, notamment face à l’essor de l’intelligence artificielle ? »
Il souligne que depuis l’indépendance du pays, la formation pédagogique des enseignants est restée insuffisante, en particulier dans le secondaire où aucun programme structuré n’a été mis en place. Contrairement aux enseignants du primaire, qui suivent une formation de plus de deux ans, ceux du secondaire sont directement affectés sans préparation didactique approfondie, aussi bien dans les établissements publics que privés.
Alors que les Assises de l’Éducation sont en cours, Suttyhudeo Tengur se demande si les autorités comptent combler ce retard. L’évolution technologique et les nouvelles méthodes d’enseignement rendent une réforme essentielle. Il avance que des pays comme l’Inde, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, l’Australie et la France imposent des critères stricts de formation pour leurs enseignants du secondaire.
Faute d’actions concrètes, prévient-il, la qualité de l’éducation risque de stagner, compromettant l’avenir des jeunes diplômés.

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !