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Assemblée nationale : faut-il revoir le mode de nomination du Speaker ?

Le rôle et le mode de nomination du Speaker de l’Assemblée nationale sont au centre des débats.

Séance après séance, le Speaker de l’Assemblée nationale, Sooroojdev Phokeer, renforce la perception de partialité envers le gouvernement. Chaque semaine, des députés de l’opposition sont expulsés de l’hémicycle, « named » et suspendus pour des séances de travaux parlementaires. Du côté du gouvernement, on parle de provocation. Face à cette situation, une question se pose : faut-il revoir la façon de nommer le Speaker ?

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Sooroojdev Phokeer est plus que jamais au centre de la controverse. Ses agissements, son comportement et son manque de neutralité sont vivement décriés par l’opposition. Toutefois, au niveau de la majorité gouvernementale, on parle de provocation. À la veille des élections générales, l’heure est à la réflexion. Est-ce que les partis politiques accepteront de venir avec un autre mode de nomination pour le Speaker qui jusqu’ici est un nominé politique.

Amertume

Rajesh Bhagwan, député chevronné et secrétaire général du MMM, est catégorique : « C’est l’homme qui définit la fonction. Lorsque le groupe majoritaire choisit qui sera le représentant, cela affecte la crédibilité du Premier ministre et de son gouvernement si la personne n’est pas à la hauteur, comme c’est le cas actuellement. Ce constat résonne avec amertume dans l’opinion publique », s’indigne Rajesh Bhagwan.

Il ajoute qu’à travers les leçons du passé politique du PTr-MMM-ND, où deux anciens Premiers ministres sont concernés, le peuple a des attentes. « De par leur expérience, ils vont faire en sorte qu’une personne capable de redonner au Parlement sa dignité et son efficacité en termes de démocratie parlementaire soit nommée en tant que Speaker », dit le député mauve.

Démocratie parlementaire

L’alliance au-delà du simple choix de l’homme va impérativement revoir et dépasser les attentes actuelles, selon Rajesh Bhagwan. « Le programme du prochain gouvernement devrait s’orienter fermement vers le renforcement de la démocratie parlementaire, un élément essentiel pour l’avenir politique du pays, comme cela a été affirmé à maintes reprises », fait-il ressortir. 
Selon lui, le Speaker empêche l’opposition de faire son travail. « Cette posture suscite un avis largement négatif, exprimé de manière unanime par les ONG, la presse écrite et la société civile. Ce que je peux affirmer, c’est que sous le prochain gouvernement, le pays ne va pas revivre ces épisodes Phokeer », dira l’intervenant. 

La députée du PTr, Stéphanie Anquetil, est, elle, revenue sur le fait que le pays a connu de nombreux Speakers au fil du temps, nommés par les gouvernements en place. Elle dira avoir connu le Parlement sous un gouvernement travailliste de 2010 à 2014. « Maintenant, je le connais en tant qu’opposant. Pendant cette période, j’ai connu plusieurs Speakers. Kailash Purryag en était un. Au Parlement, il ne nous ménageait pas. Je me souviens d’une fois où je suis allée le voir dans son bureau. On pouvait demander trois questions supplémentaires par question. À ce moment-là, j’avais l’impression que le Speaker favorisait l’opposition. Il m’a fait comprendre qu’il était le Speaker et qu’il était de son devoir de s’assurer que les droits de la minorité, c’est-à-dire de l’opposition, ne soient pas lésés », raconte-t-elle. Et d’ajouter : « Razack Peeroo aussi été Speaker. Il était droit dans ses bottes, avec une approche différente du Speaker actuel. Le Speaker est toujours politiquement nommé, mais cela doit être approuvé par l’opposition. Razack Peeroo ne tolérait pas les interruptions et n’accordait aucun privilège, indépendamment de ce que le gouvernement faisait ». 

Pour Stéphanie Anquetil, « il est crucial de placer the right person in the right place » si on veut un Parlement qui fait honneur. « Cependant, il n’est pas normal qu’un Speaker fasse partie de la campagne électorale, puis soit nommé après avoir perdu les élections », lance-t-elle. « C’est mon opinion personnelle. » 

Ismaël Rawoo, député de la majorité et adjoint leader du Muvman Liberater, dira, lui que le Speaker fait son travail et assume ses responsabilités. « Dans la Chambre, l’opposition essaie souvent d’irriter le Speaker. Ils font tout pour le provoquer. Il est important d’être respectueux. Par exemple, ne pas se lever lorsque le Speaker entre est un manque de respect qui ne devrait pas se produire. Certains ne s’adressent même pas à lui quand ils parlent », déplore-t-il. 

Démagogie

Il revient sur le Political Financial Bill que l’opposition réclamait, mais qui ne l’ont pas voté quand il a été présenté. « Ils sont hypocrites dans leurs débats. Là, ils s’en prennent au Speaker alors qu’en réalité, ils pratiquent la démagogie et se contentent de faire le spectacle », lance Ismaël Rawoo qui rappelle que « le Speaker a toujours été nommé par le Premier ministre en consultation avec l’opposition ». 

Dans le monde

La nomination du speaker ou président de l’Assemblée nationale varie d’un pays à l’autre, mais suit souvent des principes démocratiques et institutionnels spécifiques.

France : Le président de l’Assemblée nationale française est élu par les députés au scrutin secret lors de la première séance de la législature. Il occupe une position clé en veillant au bon déroulement des débats, à la discipline, et en représentant l’institution dans diverses fonctions. Le président dispose de pouvoirs étendus en termes de nominations et de consultations institutionnelles. 

Royaume-Uni : Le Speaker de la Chambre des communes est élu par les membres de la Chambre. La procédure commence souvent par une discussion informelle entre les partis, suivie d’un vote formel. Le Speaker doit être impartial et abandonne toute affiliation politique dès son élection. Son rôle est de maintenir l’ordre et de garantir l’équité dans les débats parlementaires.

Canada : Le président de la Chambre des communes est également élu par les membres de la Chambre au début de chaque législature ou lorsqu’une vacance survient. Le processus est similaire à celui du Royaume-Uni, visant à assurer l’impartialité et le bon déroulement des débats.

Inde : Le Speaker du Lok Sabha (la chambre basse du Parlement indien) est élu par ses membres. Le processus implique une proposition et une seconde proposition, suivies d’un vote. Le Speaker joue un rôle crucial en maintenant l’ordre et en représentant la Chambre.

 

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