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Arnaques en ligne : ce qu’il faut savoir

L’arnaque sur Telegram a fait plus de 4 000 victimes.

La vaste arnaque sur Telegram, d’un montant de quelque Rs 150 millions, met en lumière la vulnérabilité des internautes. Vers qui se tourner ? Comment entamer des poursuites ? Faut-il mettre en place un mécanisme de surveillance ? Tour d’horizon avec deux légistes.

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Plus de 4 000 personnes auraient été bernées via la plateforme Telegram. Selon un premier constat, quelque Rs 150 millions auraient été détournées. Quel recours ont les victimes face à cette situation ? Nous avons posé la question à deux légistes. 

La première étape, explique Me Yuvir Sharma Singh Bandhu, est de rapporter l’affaire à la police, preuves à l’appui. La police mauricienne dispose d’une unité de lutte contre la cybercriminalité (Cybercrime Unit). « Si, à l’issue de l’enquête, l’identité de la personne à l’origine de l’escroquerie est connue, des poursuites pénales peuvent être engagées contre elle. En outre, la victime peut la poursuivre au civil. Il est également possible de rapporter le cas sur le Mauritian Cybercrime Online Reporting System (MAUCORS) », souligne l’avocat. 

Des organismes gouverne-mentaux et des régulateurs financiers peuvent également être informés de l’arnaque, précise, de son côté, Me Manindra Utchanah. Il cite en exemple la Financial Services Commission (FSC) ou encore l’Information and Communication Technologies Authority (Icta). Les victimes peuvent notamment engager des poursuites civiles pour récupérer les pertes financières, dit-il. 

« Si l’arnaque implique des transactions bancaires ou des cartes de crédit, les banques peuvent parfois aider à récupérer les fonds ou à annuler les transactions frauduleuses. Si l’arnaque a eu lieu via une plateforme en ligne, il est utile de le signaler à cette plateforme. Par exemple, signaler un faux site de vente à la plateforme qui l’héberge », recommande Me Manindra Utchanah. 

Il est crucial de garder toutes les preuves de l’arnaque - les communications par courriel, les relevés bancaires, les captures d’écran, etc. Elles peuvent être importantes dans le cadre de toute action en justice, poursuit l’avocat. « Les victimes doivent également agir rapidement, car il peut y avoir des délais pour certaines actions légales. » 

Les autorités à Maurice doivent-elles dresser une liste noire de profils suspects de vente en ligne ? Une telle idée soulève plusieurs implications importantes, à la fois pratiques et légales, selon Me Manindra Utchanah. Une liste noire pourrait aider à protéger les consommateurs contre les escrocs en les informant des vendeurs connus pour des pratiques frauduleuses, et pourrait également dissuader les activités frauduleuses en ligne en augmentant les risques pour les escrocs d’être exposés et poursuivis. Elle contribuerait de plus à sensibiliser le public aux dangers des achats en ligne et aux escroqueries courantes. 

Cependant, dit-il, assurer l’exactitude et la mise à jour de la liste serait un « défi majeur ». Il ajoute que des vendeurs innocents pourraient être « injustement listés », ou des escrocs pourraient « usurper l’identité de citoyens innocents pour éviter d’être détectés ». La création d’une telle liste soulèverait, d’autre part, des questions juridiques, notamment en matière de diffamation et de droits à la vie privée. 

« Il faudrait des critères clairs et justes pour inclure un vendeur sur la liste. Les escrocs pourraient aussi rapidement s’adapter en changeant de noms, de plateformes ou de méthodes, rendant la liste potentiellement obsolète. Il est donc essentiel de considérer les défis liés à l’exactitude, la maintenance et les implications légales de telles listes », fait ressortir Me Manindra Utchanah. 

L’avocat estime que les autorités pourraient plutôt se concentrer sur le renforcement des systèmes existants comme MAUCORS. Notamment « pour signaler et traiter efficacement les activités frauduleuses en ligne ».

Ce que dit la loi

La principale loi qui régit les arnaques en ligne est The Cybersecurity and Cybercrime Act 2021, rappelle Me Yuvir Sharma Singh Bandhu. L’article 3 établit une liste de délits, dit-il.

En vertu de l’article 7 (1) : Toute personne qui obtient un accès non autorisé à un programme ou à des données contenues dans un système informatique commet une infraction et est passible, en cas de condamnation, d’une amende n’excédant pas un million de roupies et d’une peine d’emprisonnement n’excédant pas 10 ans. 

L’article 10 de The Cybersecurity and Cyber-crime Act 2021 stipule que toute personne qui, intentionnellement et sans autorisation, accède à un programme informatique ou à des données informatiques conservées dans un système informatique dans l’intention de commettre une infraction, commet un délit passible, en cas de condamnation, d’une amende n’excédant pas un million de roupies et d’une peine d’emprisonnement n’excédant pas 20 ans. 

L’article 14 crée le délit de fraude électronique et l’article 15, celui de falsification informatique. Selon l’infraction commise, la sanction peut varier d’une amende n’excédant pas un million de roupies et d’une peine d’emprisonnement n’excédant pas 20 ans.

La sévérité de la sanction dépend souvent de la gravité de l’arnaque, du montant d’argent impliqué et des dommages causés aux victimes, souligne Me Manindra Utchanah. « Il est important de noter que bien que ces lois fournissent un cadre pour poursuivre les arnaqueurs en ligne, la nature transfrontalière de ces crimes peut parfois rendre l’application de la loi difficile », dit-il.

Conseils pratiques 

Les deux avocats recommandent plusieurs précautions :

  • Demander à l’acheteur de vous livrer les articles en personne avant d’effectuer votre paiement. Si la personne ne peut pas vous livrer le produit en personne, ne l’achetez pas.
  • Faire des achats en ligne uniquement sur des sites web réputés.
  • Créez des mots de passe complexes et uniques pour chaque compte. 
  • Recherchez des informations sur le vendeur, comme une adresse physique, un numéro de téléphone fixe ou un site web officiel. 
  • Méfiez-vous des vendeurs qui ne fournissent que des numéros de téléphone mobile ou des adresses e-mail. 
  • Cherchez des avis en ligne sur le vendeur et ses produits. 
  • Les retours d’expérience d’autres clients peuvent être très révélateurs. 
  • Évitez d’utiliser les mêmes mots de passe sur plusieurs sites. L’authentification à deux facteurs ajoute une couche de sécurité supplémentaire en nécessitant une deuxième forme de vérification en plus du mot de passe. 
  • Gardez vos systèmes d’exploitation, navigateurs et logiciels de sécurité à jour pour vous protéger contre les vulnérabilités connues. 
  • Méfiez-vous des emails non sollicités, surtout ceux qui contiennent des liens ou des pièces jointes. Vérifiez l’adresse de l’expéditeur et ne cliquez pas sur les liens ou n’ouvrez pas les pièces jointes si vous avez des doutes. 
  • Soyez sceptique face aux offres qui semblent trop avantageuses. Elles sont souvent des tentatives d’escroquerie. 
  • Évitez d’utiliser des réseaux Wi-Fi publics non sécurisés pour des transactions sensibles.
  • Envisagez l’utilisation d’un réseau privé virtuel (VPN) pour une sécurité accrue. 
  • Vérifiez régulièrement vos comptes bancaires et de carte de crédit pour détecter toute activité suspecte. 
  • Assurez-vous que vos appareils mobiles sont également sécurisés, avec des mots de passe, des mises à jour régulières et un logiciel de sécurité. 
  • Vérifiez que vous accédez à un site web authentifié et que vous avez un logiciel et un antivirus à jour. 
  • Vérifiez les adresses électroniques et les URL. 
  • Activez l’authentification à deux facteurs.
  • Ne partagez pas d’informations personnelles et utilisez des sites web réputés. 
  • defimoteur

     

 

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