Appréciation continue du dollar : une pression supplémentaire sur les produits importés

Sans des interventions appropriées de la Banque de Maurice à des taux raisonnables sur le marché des changes, la situation des importateurs ne se décantera pas de sitôt. Par conséquent, les prix des commodités sur le marché mauricien pointeront de nouveau vers le haut. 

Les importateurs continuent de s’adonner à un exercice bien particulier : la chasse aux dollars. Obtenir des dollars auprès des banques continue d’être un défi de taille en 2022. La Banque de Maurice est cependant intervenue sur le marché intérieur des changes le 5 juin. Elle a vendu un montant total de 15 millions de dollars au taux de Rs 45,30 par dollar. 

Eric Ng, économiste estime toutefois que cela encourage les banques à vendre le dollar à un prix supérieur. « Les banques doivent avoir une marge sur la vente du dollar. Au-delà de cet aspect, cela démontre que la Banque de Maurice continue de déprécier la roupie », explique-t-il. 

Cette dépréciation influence négativement les importateurs. Jayen Veerapen, directeur de J. M. Veerapen Ltd s’inquiète du fait que les importations coûtent plus cher. « Pas plus tard que la semaine dernière, nous avons payé le dollar à Rs 46,25, alors qu’auparavant, il était à Rs 43,10 environ », dit-il. Le « costing » des produits qui seront mis sur le marché se fera sur le prix du dollar. De son côté, Anand Ajoodha, directeur de Funny Traders Co. Ltd, s’interroge sur celui qui bénéficiera de cette situation. « Les banques vendent le dollar au taux de Rs 46. Nous savons qu’il y a un manque de dollars dans le pays, mais les banques distillent une mauvaise impression, car elles marchandent le prix du dollar », concède Anand Ajoodha. 

Quelle solution ?

L’écart d’une banque à une autre s’agissant du taux de roupie par dollar n’est également guère à l’avantage des importateurs. Anand Ajoodha affirme qu’une différence d’environ 80 sous était récemment d’actualité. Et c’est là un phénomène inédit, selon lui. « Nous avons vu des écarts de 20 ou 30 sous dans le passé entre les banques, mais pas de cette envergure », dit le directeur de Funny Traders Co. Ltd. 

Les importateurs se voient dans l’obligation de hausser leurs prix de vente alors que les coûts des importations ont grimpé. Face à cette situation, les solutions proposées s’orientent vers des interventions plus conséquentes de la Banque de Maurice sur le marché des changes. Cela afin d’adresser la problématique du manque de devises qui perdure. « La non disponibilité des devises met la pression sur les importateurs. Nous ne pouvons nous lancer dans des nouveaux produits et sommes contraints de réduire nos commandes », soutient  Anand Ajoodha. Il faudrait également, selon Jayen Veerapen, que les interventions de la BoM se fassent autour d’un taux de Rs 43 le dollar. « Pourquoi ne pas standardiser le prix du dollar auprès des banques ? » demande-t-il.  

Toutefois, Eric Ng ne pense pas que la Banque centrale appréciera la roupie. La raison avancée est qu’elle n’a pas publié son Balance Sheet depuis le mois d’avril. « La dépréciation de la roupie est une situation favorable à la Banque de Maurice. Il y a eu des pertes sur des investissements à l’étranger ainsi que des emprunts extérieurs d’environ Rs 50 milliards », conclut l’économiste. 

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