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Ambassadeur de l’Union européenne à Maurice - Vincent Degert : «Maurice est dans un dynamisme positif»

Vincent Degert, l’ambassadeur de l’UE.

Revenu de France depuis peu et après sa quarantaine, Vincent Degert, l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) était sur le plateau de l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus, le mardi 22 septembre. Animée par Élodie Domun et Jean Luc Émile, l’émission a passé en revue la relation entre Maurice et l’UE,  la réouverture des frontières, la liste noire sur laquelle se trouve le pays et aussi la campagne environnementale « Beach Clean Up ».

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L’enjeu de la saison touristique

Vincent Degert revient sur les différentes mesures prises dans la lutte contre la Covid-19 à Maurice, alors que les pays européens font face actuellement à une recrudescence de l’épidémie. À la question de savoir si on doit s’inquiéter à Maurice, le diplomate estime que non, puisque l’épidémie a été bien gérée ici jusqu’à présent. « Dès le départ, Maurice a pris des mesures assez radicales et strictes qui ont été efficaces et on continue d’appliquer des mesures très strictes puisque les seuls cas qu’on connaît ne sont pas dans la communauté mais des cas importés. 

Avec les mesures prises, on arrive à détecter et traiter les cas. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter », souligne-t-il. « On doit apprendre à vivre avec ce virus. On ne va pas pouvoir s’isoler éternellement », ajoute-t-il. « Maurice dépend fortement du tourisme et de ses relations commerciales avec le reste du monde, il y a une nécessité de voir comment rouvrir graduellement les frontières. Mais, en même temps, les gens qui viennent dans ces circonstances doivent savoir quels sont les protocoles. Par exemple, est-ce qu’ils ont le droit de sortir ou pas de leurs chambres d’hôtel »,
soutient-il.

Selon lui, le grand enjeu est la saison touristique qui va démarrer. En Europe récemment, il avoue qu’il y a un appel de différents gouvernements pour que les gens passent leurs congés à proximité, afin de pouvoir rentrer plus facilement. 

Une campagne touristique en Europe pourrait-elle encourager les gens à choisir Maurice comme destination ? « Maurice a une excellente réputation en Europe, mais il faut savoir quelles sont les conditions. Les touristes n’ont pas de vacances extensibles. Ils ont dix jours, voire quinze jours tout au plus de vacances à prendre, donc le protocole qui va s’appliquer doit être abordé », précise-t-il.

La liste noire : progrès réalisés

Sur la liste noire de l’UE, Maurice s’attèle à appliquer les cinq recommandations du Groupe d’Action Financière (GAFI) pour s’en sortir. D’ailleurs, le gouvernement a soumis son rapport final au GAFI en août et ce dernier doit l’analyser avant de faire part de sa décision finale. Il y aura par la suite une « field visit » par le GAFI afin de constater la réalité de ce qui est écrit dans le rapport, selon Vincent Degert. Le GAFI fera ensuite une recommandation et décidera de délister ou pas.

« L’UE se base toujours sur les positions qu’adopte le GAFI. Et, pour limiter les risques, on met un certain nombre de pays sur cette liste. Ce qui est important aujourd’hui, c’est que Maurice se rapproche du GAFI et a montré les progrès réalisés. Il faut reconnaître que beaucoup de choses ont été faites. Maurice est dans un dynamisme positif et on va dans une bonne direction avec cet ensemble de mesures prises  pour sortir de la liste noire », indique-t-il. Maintenant, il faut démontrer l’effectivité du système, selon lui, et cela prendrait quelques mois.

Pour ce qui est de la méthodologie, une fois que le GAFI considère qu’il y a un risque, l’UE met automatiquement le pays concerné sur la liste noire. Une décision décriée comme unilatérale par les autorités mauriciennes et que Vincent Degert estime que par courtoisie, l’UE pourrait envisager d’informer les pays concernés, du fait qu’ils allaient rejoindre cette liste, dans le futur. 

La campagne « Beach Clean Up » démarrée

L’Union européenne lance une nouvelle campagne environnementale avec Le Défi Media Group. Le coup d’envoi de ce « Beach Clean Up » démarre ce mercredi avec une sensibilisation à travers une rubrique journalière et thématique sur Radio Plus et plusieurs sessions de nettoyage des plages à travers l’île. La campagne prendra fin à Mon-Choisy le 18 octobre, avec une discussion ouverte avec des experts de l’environnement.

« Un nettoyage est prévu ce mercredi à Rivière-des-Créoles et pendant un mois, les Mauriciens seront sensibilisés sur les bons gestes à adopter », fait-il comprendre. Un volet de la campagne vise plus particulièrement les enfants.

Wakashio : priorité à la dépollution et à la sécurité maritime

Mobilisée et engagée dans la dépollution de la zone concernée par le naufrage du Wakashio, l’UE mène plusieurs projets. « Nous avons essayé d’être réactif et avons proposé notre assistance aux autorités mauriciennes à plusieurs niveaux. On a reçu un courrier demandant un soutien le 6 août et on a activé notre mécanisme de protection civile européen. Ensuite, on a mobilisé notre programme de Sustainable Island et a décidé avec la Wildlife Foundation de financer les équipements pour permettre aux opérateurs d’aller à l’île aux Aigrettes pour récupérer les reptiles, oiseaux et les différentes espèces endémiques. On a aussi fait appel à nos États membres pour aider », raconte-t-il.

Ensuite, il y a la phase de dépollution. Ce mercredi, une équipe se rend à Bois-des-Amourettes pour le suivi des opérations. Un accord avec la Reed Conservation sera aussi signé ce mercredi afin de continuer les opérations de nettoyage et la protection des coraux dans cet espace. « On a aussi un projet avec l’université de Maurice qui va aider à mieux mesurer l’impact de la pollution dans la zone et qu’est-ce qu’on peut faire sur le long terme. On a aussi prévu de travailler sur la restauration des mangroves », souligne-t-il.

Concernant la sécurité maritime, Vincent Degert estime qu’il y a des efforts à faire pour prévenir un autre naufrage. « Il s’agit du troisième naufrage à Pointe d’Esny en cent ans et il faut réfléchir sur les axes de navigation pour limiter les risques », préconise-t-il, tout en indiquant que 80 % du commerce mondial passe par l’océan Indien. Quelles leçons tirées de ce naufrage ? « D’abord, l’analyse des séquences des événements qui ont conduit à cette catastrophe. Il y a eu plusieurs éléments défaillants et il faut valoriser les éléments positifs, notamment la prise de conscience au niveau de la population mauricienne », soutient-il.

 

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