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Allocation intérimaire de Rs 500 à Rs 2 000 aux fonctionnaires : un coût additionnel de Rs 1,5 milliard à l’État par an 

Ils seront environ 90 000 employés dans la fonction publique et dans les corps paraétatiques concernés par cette allocation intérimaire.
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Une augmentation intérimaire de Rs 500 à Rs 2 000 sera accordée aux fonctionnaires et aux employés des corps paraétatiques, en attendant le prochain rapport du Pay Research Bureau, prévu pour 2026. Comment cette mesure est-elle accueillie au sein de la fonction publique ? Quel impact cette allocation aura-t-elle sur la productivité ? Le point.

Le gouvernement a approuvé les recommandations du Bureau de recherche sur les rémunérations (PRB) pour le paiement d'une indemnité aux employés du secteur public régis par le Bureau. Cette mesure provisoire précède la mise en œuvre des recommandations du prochain rapport PRB à partir de janvier 2026 pour traiter la question de la relativité salariale.

Chandan
Dr Chandan Jankee, économiste.

L'indemnité provisoire équivaut à 5 % du salaire de base perçu en janvier 2024. Le montant maximum sera de Rs 2 000 par mois dans l'échelle des salaires de base du rapport 2021 du PRB. L'indemnité est payable à partir du 1er juillet 2024 à tous les employés du secteur public régis par le PRB. Le Dr Chandan Jankee, économiste, fait observer que ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement propose une allocation intérimaire. Selon lui, le rapport du PRB a déjà été rejeté dans le passé. Le gouvernement d’alors avait mis en place une allocation intérimaire le temps de retravailler le rapport. « Dans l’esprit d’apporter une harmonisation et un ajustement, l’exercice de relativité salariale est bon. Ce n’est pas parfait. Cependant, il est difficile de travailler toutes les relativités et les conditions de travail et apporter un réajustement salarial qui satisfait tout le monde dans le court terme. Il existe des seuils et une partie des gens seront concernés », dit-il.  

Rs 1,5 milliard à l’État

L’allocation intérimaire aura un impact sur les dépenses de l’État. Selon le ministère des Finances, cette allocation coûtera environ Rs 1,5 milliard à l’État pour une année financière. Ils seront environ 90 000 employés dans la fonction publique et dans les corps paraétatiques qui seront concernés par cette mesure.

L’économiste Chandan Jankee soutient que l’économie mauricienne est en expansion avec un taux de croissance tournant autour de 5 %. Divers secteurs génèrent des revenus et le pays compte un système de taxe de flottabilité. Les revenus du gouvernement seront influencés par le booste dans la consommation.  

Frustration parmi les fonctionnaires 

Sadien
Radhakrishna Sadien, président de la State Employees Association.

Radhakrishna Sadien, président de la State Employees Association, affirme qu’avec l’annonce de l’allocation intérimaire de Rs 500 à Rs 2 000, les fonctionnaires sont restés sur leur faim. « Avec cette allocation, le salaire de base ainsi que les conditions de travail restent les mêmes. Les fonctionnaires s’attendaient à ce que le Pay Research Bureau propose une mesure pour corriger la distorsion salariale », souligne-t-il. Selon lui, le dernier rapport du PRB date de 2021 avec une révision en 2022. « Entre-temps, il y a eu la révision du salaire minimum à plusieurs reprises, mais le PRB n’a pas été revu. Ce n’est pas juste », déplore-t-il. En outre, Radhakrishna Sadien avance que le plafond de l’allocation de Rs 2 000 pour les fonctionnaires peut créer des frustrations. « Un fonctionnaire qui touche Rs 40 000 comme salaire de base recevra une allocation de Rs 2 000, alors qu’un autre qui touche Rs 100 000 bénéficiera également de Rs 2 000 », indique-t-il.

Deepak
Deepak Benydin, président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions.

Deepak Benydin, président de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions, fait le même constat. « Ce n’est pas juste que les employés du secteur privé bénéficient d’une augmentation de salaires de plus de Rs 4 000 alors que les fonctionnaires n’auront pas plus de Rs 2 000. Il y a un besoin de corriger toute anomalie », fait-il remarquer. Il ajoute qu'il était clair qu’un ajustement salarial était nécessaire. « Tout comme pour le secteur privé, les fonctionnaires s’attendaient à un ajustement complet », avance-t-il. Selon lui, cette mesure crée une frustration parmi les fonctionnaires. « On ne peut pas attendre le rapport du PRB, qui va sortir en janvier 2026, pour être rémunéré correctement. Entre-temps, d’autres anomalies peuvent être créées », martèle-t-il. Deepak Benydin dit attendre des explications du ministère du Travail et du bureau du PRB à ce sujet. « Nous avons eu une réunion avec cinq groupes syndicaux, que je préside, le vendredi 16 août. Nous avons demandé une rencontre d’urgence avec les autorités concernées. On espère avoir une réponse le plus vite possible », affirme le président.

 

Réforme du système des salaires

Il est temps de revoir la manière dont les salaires sont déterminés dans les secteurs public et privé, affirme l’économiste. Il faudrait une approche holistique, basée sur la productivité des secteurs. Ce serait intéressant d’avoir un salaire de référence. Les employés doivent être rémunérés en fonction de leurs qualifications et expériences. 

On ne peut pas attendre le rapport du PRB, qui va sortir en janvier 2026, pour être rémunéré correctement"

L’impact sur la productivité

Radhakrishna Sadien affirme qu’offrir une allocation aux fonctionnaires peut les motiver, mais cela n’aura pas vraiment d’impact sur la productivité. « Pour assurer un niveau de productivité efficace, il faut plus de personnes pour travailler. Or, dans plusieurs départements de la fonction publique, il y a un gros problème de manque de travailleurs », déplore-t-il. À titre d’exemple, il avance que de nouvelles ‘mediclinics’ et des hôpitaux sont en train d’ouvrir leurs portes. « Mais avons-nous suffisamment de personnel pour assurer un bon service ? », se demande-t-il. Ainsi, il soutient que pour augmenter la productivité dans la fonction publique, il faut recruter davantage au lieu d’offrir des allocations additionnelles aux fonctionnaires qui travaillent déjà.

Deepak Benydin partage le même avis. « Les fonctionnaires sont souvent pointés du doigt. Mais il est bon de souligner qu’ils travaillent à leur capacité maximale. Malgré un personnel restreint, ils parviennent à assurer le bon fonctionnement des opérations et à servir la population », explique-t-il. En effet, il indique que de nombreux fonctionnaires travaillent en dehors des heures de travail sans rémunération supplémentaire, mais plutôt en échange de jours « off ». Ainsi, il souligne que ce n’est pas une allocation additionnelle qui va faire augmenter la productivité. « Le secteur de l’éducation et celui de la santé publique à Maurice sont des références non seulement en Afrique, mais aussi dans le monde. Et cela grâce aux efforts des fonctionnaires », appuie notre interlocuteur.

Pouvoir d’achat

La relativité salariale n’est pas, selon le Dr Chandan Jankee, un exercice visant à rétablir le pouvoir d’achat. C’est plutôt le rôle de la compensation salariale. De ce fait, fait-il ressortir, il faut faire la distinction entre la compensation salariale basée sur l’inflation qui est accordée chaque année et la relativité salariale. « Le pouvoir d’achat ne doit pas être utilisé comme un cheval de bataille. Il est vrai que les prix ont grimpé, mais il faudrait voir le montant restant dans le porte-monnaie des ménages après les dépenses en fonction des augmentations qui ont été données. Je pense que la situation traduit l'illusion du coût ou l'illusion de la dépense », ajoute l’économiste.  

La modernisation de l’économie et les changements structurels font que l’impact de certaines mesures requiert du temps. L’année 2026, argue le Dr Chandan Jankee, n’est pas loin. Il faut s’attendre à ce que le PRB produise un rapport qui va refléter les besoins et les ajustements en profondeur. « C’est un travail colossal pour n’importe quel gouvernement. C’est utopique de penser que nous pourrons avoir un système de salaires parfait à Maurice. Le gouvernement doit cependant, dans sa sagesse, adresser les inégalités », argumente-t-il.  

Impact des résultats de l’élection sur le rapport PRB

C’est de bonne guerre. En cas de changement de régime, est d’avis le Dr Chandan Jankee, le prochain gouvernement verra sa capacité pour apporter un ajustement qui sera acceptable par tous.  

Les nouvelles recrues

L'allocation intérimaire des nouvelles recrues (après janvier 2024) sera basée sur le premier salaire de base perçu. Idem pour les cas de promotion où l'allocation intérimaire sera basée sur le nouveau salaire de base perçu. 

Les officiers éligibles

  • L'allocation intérimaire sera payée sur une base mensuelle à tous les officiers qui sont employés à temps plein/partiel/contractuel ou temporaire sur un poste de l'établissement permanent et ouvrant droit à pension dans les institutions régies par le PRB, à savoir le Service civil, l'Assemblée régionale de Rodrigues, les Autorités locales, les organismes parapublics et les écoles secondaires privées opérant sous la juridiction de l'Autorité de l'enseignement secondaire privé (PSEA). 
  • Les employés à temps partiel recevront l'allocation intérimaire au prorata.

Allocation intérimaire non applicable

  • Le paiement de l'indemnité provisoire n'aura aucune incidence sur les prestations et autres paiements liés au salaire, tels que les indemnités de passage, le remboursement des congés de maladie, les indemnités de déplacement, la prime de fin d'année, les cotisations de pension, les heures supplémentaires et la compensation salariale. 
  • L'indemnité provisoire n'est pas non plus applicable à la pension mensuelle payable aux employés du secteur public qui ont pris leur retraite avant le 1er juillet 2024.

Prestations de retraite

Les prestations de retraite de tout employé qui prendrait sa retraite entre le 1er juillet 2024 et le 31 décembre 2025 seraient calculées sur la base de ses derniers émoluments ouvrant droits à pension, y compris l'allocation intérimaire.

Financement

Les ministères, les départements et les organismes publics dépendant financièrement du gouvernement devraient, en premier lieu, couvrir le coût de l'indemnité provisoire en réaffectant des fonds dans leur budget respectif.

 

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