Economie

Agro-industrie : à Rs 9 700 la tonne de sucre les planteurs en crise ?

canne Les petits planteurs ne pourront esquiver le coup de massue en termes de prix.

Les nouvelles amères s’accumulent pour l’industrie sucrière. Une première indication du prix pour la coupe 2018 risque de pousser davantage vers l’abandon. Terra Mauricia Limited parle de pertes accrues.

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Les planteurs recevront Rs 9 700 par tonne de sucre pour la présente coupe. Telle est la première indication du prix en 2018. Le montant est inférieur de 12 % par rapport à l’année dernière. C’est le niveau le plus bas en 10 ans. Comparé à 2012, l’année où les planteurs ont obtenu le montant le plus élevé au cours de la décennie écoulée, le prix est en baisse de… 44,8 %. En guise de comparaison, rappelons que le seuil viable pour l’industrie dans des conditions actuelles est de Rs 17 000.

Le chiffre de Rs 9 700 par tonne de sucre est annoncé dans le bilan semestriel du groupe Terra Mauricia Limited, leader mondial dans la production de sucres spéciaux. Et le conseil d’administration du groupe est direct dans son analyse. Par extrapolation, on pourrait conclure que c’est l’ensemble de l’industrie qui souffrira.

Ce montant de Rs 9 700 – calculé par le Mauritius Sugar Syndicate (MSS) et reflétant une situation de surplus sur le marché mondial – exclut les mesures d’accompagnement venant du Sugar Insurance Fund Board et le soutien financier du MSS. À ce niveau, les plantations et l’usinage enregistreront des pertes plus conséquentes en 2018 comparé à l’année dernière, fait ressortir Terra Mauricia dans son bilan publié sur le site de la Bourse de Maurice le mardi 14 août.

Après six mois d’activités, Terra Mauricia, qui est le premier opérateur sucrier dans le Nord du pays, a annoncé des pertes de Rs 214 millions dans le segment des opérations cannières. Omnicane Limited, le deuxième plus grand producteur de sucre à Maurice, a fait état de Rs 309,5 millions pour ces mêmes activités.

Les chiffres, communiqués par les grands opérateurs en début de semaine, confirment que l’industrie cannière passe dans une crise sans précédent. Les opérateurs tels que Terra Mauricia, Omnicane, Alteo et Medine peuvent mitiger l’impact des pertes parce qu’ils ont pu diversifier leurs sources de revenus et de profitabilité en entrant dans la production énergétique et dans l’immobilier. Par contre, on ne peut en dire de même pour les petits planteurs qui n’ont que la canne comme source de revenus.

Un prix de Rs 9 700 est une raison de plus pour justifier l’abandon accéléré des terres sous culture de cannes, un mal qui est très visible au sein de la communauté des petits planteurs. En 2018, les petits planteurs contribueront à hauteur de 685 645 tonnes de cannes à la présente coupe.

Qu’ils soient petits, moyens ou grands planteurs, des mesures fortes sont attendues pour une nouvelle vague de réforme au sein de cette industrie historique, à laquelle la population a un attachement émotionnel. Dans la note faisant état du maintien de l’estimation pour la campagne 2018 à 350 000 tonnes de sucre, Jacqueline Sauzier, secrétaire générale de la Chambre d’Agriculture, tire la sonnette d’alarme face à l’absence de mesures. « Autrement, l’industrie risque de faire face à des situations bien difficiles dans les années, voire les mois à venir », a-t-elle dit.

 

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