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Agriculture : importation en hausse pour les fertilisants et les pesticides

Des agriculteurs sont de plus en plus nombreux à utiliser les fertilisants et les pesticides dans leurs plantations. Fongicides, herbicides, insecticides, pesticides, fertilisants… Plusieurs centaines de ces produits sont aujourd’hui utilisées dans les exploitations agricoles à travers le pays. D’ailleurs une hausse a été notée de 2015 à 2016.

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L’importation des fertilisants a augmenté par 44.7 % passant de 32 861 tonnes à 47 542 tonnes. Celle des pesticides a connu un surplus de 0.2 %. Ils sont plusieurs à utiliser ces produits pour un meilleur rendement de leurs plantations.

Alors que les pays développés disposent déjà de systèmes pour enregistrer les pesticides et contrôler leur commerce et leur utilisation, ce n’est pas toujours le cas ailleurs. Le ministère de l’Agro-industrie a pris des échantillons de plusieurs légumes dans différents endroits de l’île pour des tests au laboratoire de Réduit afin de déterminer la quantité des pesticides utilisés. Dans le dernier rapport, il est dit qu’un planteur à Réunion Maurel utilisait le produit Cypermethrin en dépassant la norme requise.

Le gouvernement a mis en place un système de contrôle.

Le ministère a pris plusieurs mesures afin d’accompagner les planteurs sur l’utilisation des pesticides et fertilisants. Il a aussi mis en place un système de contrôle pour restreindre l'utilisation abusive du régulateur de contrôle commercialisé sous les noms de l’Estral, l’Ethephon et Petrel utilisés dans la culture d’ananas. L’utilisation de ces produits sera limitée uniquement à l’induction florale. Désormais, les cultivateurs d’ananas doivent avoir un permis pour pouvoir utiliser ces produits.

C’est ainsi que le Mauritius Good Agricultural Practices (MauriGap) a vu le jour. Au sein du ministère, on indique que le premier niveau permet aux planteurs d’adopter des méthodes ou il n’y aura pas une surutilisation des engrais chimiques. « D’ici cinq ans, il faut impérativement augmenter les produits agricoles sous forme de BIO. Donc, c’est une première étape qui permettra à ce secteur d’atteindre ses objectifs, indique un officier du ministère. Il faut encourager les planteurs à utiliser cette nouvelle méthode agricole.

Le but, c’est d’avoir des produits sains et de qualité. Il y a aujourd’hui une nouvelle exigence du marché des consommateurs. Il faut s’assurer que l’environnement soit protégé et pour cela, il faut raisonnablement utiliser des engrais chimiques dans les champs. Il ne faut pas abîmer la richesse du sol. »

De plus, il y a aussi le Compost Subsidy Scheme dont le but est d’aider les planteurs à réduire leurs coûts de production et améliorer la qualité de leurs terres pour une agriculture durable. Ce sont les petits planteurs enregistrés au Small Farmers Welfare Fund et qui cultivent les légumes, la canne à sucre, les fruits et les fleurs qui sont éligibles pour ce plan.

Le président Small Planters Association, Kreepalloo Sunghoon, indique que le gouvernement doit venir avec le concept d’une production raisonnée. Selon lui, il faut éduquer les planteurs sur l’utilisation des fertilisants et des pesticides.

« Il faut leur montrer comment et à quelle dose s’en servir en plus d’un soutien technique alors qu’actuellement, ils utilisent ces produits de façon traditionnelle. » Kreepalloo Sunghoon ajoute que le gouvernement veut venir avec le BIO mais que c’est difficile de le faire au niveau commercial. « Il faut que les plus gros producteurs des légumes donnent l’exemple pour que les petits puissent suivre mais ce n’est pas le cas. »

Clifford Dove, Roger Fayd’herbe & Co Ltd : « L’utilisation des pesticides est un mal nécessaire »

Le directeur général de Roger Fayd’herbe & Co Ltd, Clifford Dove, est catégorique.

L’utilisation des pesticides est un mal nécessaire avec la pression constante des insectes, mais il est possible de la diminuer. Sans pesticide, le rendement de certaines cultures pourrait chuter jusqu’à 80 %.

Est-ce que la hausse de 44.7 % des fertilisants sur le marché est inquiétante ?
Non, pas vraiment. Il est possible que les deux plus gros importateurs de fertilisants aient pu s’en procurer en grande quantité à un prix compétitif, car ces produits peuvent être stockés. Les chiffres sont trompeurs, car actuellement, la superficie des terres sous culture de canne est en baisse et celle sous cultures vivrières est stable.

Qu’en est-il des cocktails de pesticides qu’utilisent les planteurs ?
Il faut savoir que 85 % des légumes à Maurice sont produits par des agriculteurs avertis qui travaillent en étroite collaboration avec le Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI). Ces planteurs utilisent les pesticides correctement et ceux qui sont commercialisés sont de plus en plus « user et environmment friendly. » Quant aux cocktails dont vous parlez, il y en a de moins en moins. Les planteurs sont maintenant conscients des risques liés à l’abus des pesticides.

De plus, il y a un dosage à respecter pour chaque produit. Il faut aussi respecter le délai pré récolte, qui est de deux à dix jours après la dernière application. Les multinationales avec qui nous travaillons sont conscientes de cela et investissent énormément dans la recherche et le développement, afin de trouver des produits ayant un profil écotoxicologique plus favorable.

À Maurice, c’est le Dangerous Chemical Control Board qui contrôle l’importation des pesticides. De plus en plus, nous retrouvons des produits plus sûrs ayant des délais pré récolte très faibles, à l’exemple du Tepeki, qui est un insecticide utilisé pour contrôler les insectes suceurs et dont le délai pré récolte n’est que d’un jour.

Est-ce possible d’avoir une agriculture bio ?
La tendance globale est de promouvoir une agriculture raisonnée. Roger Fayd’herbe favorise cette démarche, mais c’est possible d’avoir des produits bio. Il faudra, à cet égard, avoir une plus grande superficie pour avoir la même récolte, vu que les rendements risquent d’être nettement inférieurs. Il faut également s’attendre à ce que l’aspect cosmétique des légumes bio produits soit compromis. La solution se trouve dans l’agriculture raisonnée dont la philosophie est d’utiliser le contrôle chimique que lorsque cela s’avère nécessaire.

Avec le temps et l’arrivée des produits bio plus performants, il serait possible d’évoluer vers une agriculture plus bio. Roger Fayd’herbe vient de lancer, avec la collaboration de la compagnie sucrière de Saint-Antoine, un projet de certification de légumes. Cette initiative vise à former les agriculteurs par rapport à l’agriculture raisonnée dans un premier temps et à inclure des produits bio dans la fin du cycle de production de la culture. On est confiant que d’ici cinq à dix ans, l’agriculture bio deviendra plus présente.

 

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