Un procès qui aura duré 15 ans. La cour a lavé de tout blâme des plantons et policiers suspendus, après avoir été accusés de vol de billets de banque voués à la destruction. L’un de ces plantons s'est livré à L’hebdo/Le Dimanche. Il affirme n’avoir pu trouver l’âme sœur en raison de cette affaire traumatisante.
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En septembre 2002. Un scandale éclate aux Casernes centrales. Cela alors qu’a lieu un exercice de destruction de billets usagés (retirés du circuit monétaire) de la Banque de Maurice. Ces fonctionnaires sont les plantons : Deonanand Jankeeparsad, Ahmad Sameer Mustun, Mahadeo Ramessur Jhummun, Fayzal Kootab, Sooroojlall Hurnaum, Dhananjaye Jootun, et Vythilingum Nellapin et les constables Jayram Luximon et Ramanand Jeerakun sont arrêtés.
Les enquêteurs les soupçonnent d’avoir mis sur pied un mécanisme pour subtiliser des billets de banque usagés qui devaient être brûlés. C’est un cadre de la Banque de Maurice qui devait constater des liasses des billets intactes dans un récipient. Une enquête révèlera que près de Rs 1 million de billets avaient été mis de côté.
L’investigation diligentée dans cette affaire fera état d’une maldonne. Au bout de 15 longues années de procédures, la Cour intermédiaire a rendu son verdict mardi. Les suspects ont été acquittés en l’absence de preuves concluantes.
L’Hebdo/ Le Dimanche a rencontré l’un de ces protagonistes. Il s’agit du fonctionnaire Sameer Mustun. Aujourd’hui, Sameer, âgé de 28 ans au moment du scandale, se sent libéré d’un lourd fardeau. « Mone bien soulagé », lâche ce quadragénaire après le verdict d’acquittement. « J’attendais ce moment depuis 15 ans. Je remercie Dieu pour ce dénouement positif, je remercie aussi la justice...»
Cet habitant de Quinze Cantons, Vacoas, confie que cette affaire aura profondément marqué sa vie. Surtout qu’à intervalle régulier, il devait se rendre en cour et qu’il est resté toutes ces années à la disposition des enquêteurs. « J’ai passé 21 jours en détention, mo la vie ine vine ene martyr are ca case la. Je suis traumatisé, ma famille a été très affectée, mon père est mort de chagrin », indique cet ancien planton.
Aujourd’hui au chômage, il doit se contenter de menus travaux. « Parfois je trouve du boulot dans le secteur de la construction. Parfois, il n’y a rien et je reste à la maison. Impossible de trouver un boulot fixe, avec cette tâche qui vous colle à la peau », se désole-t-il.
Le regard des autres, dans son entourage, n’arrange guère sa situation. « Les gens vous jugent, c’est très humiliant », dit-il. « Cette affaire a causé d’énormes préjudices dans ma vie. Le plus grave, c’est qu’il n’a pu se trouver l’âme sœur. “Mo pan resi marier, pane capave même alle guette tifi. Si ou alle guetter zot pour demander ki ou travail. Ki ou pour répon zot? », dit-il.
Aujourd’hui, à 42 ans, il garde l’espoir de pouvoir se marier, maintenant que ce procès est derrière lui. « Bizin guet l’avenir aster, bizin fonde ene famille », déclare Sameer avec optimisme. Outre de pouvoir se marier, il attend avec impatience sa réintégration à son ancien poste. « J’ai toujours travaillé honnêtement.» Et de lancer un appel aux autorités : « La police doit changer sa façon de mener une enquête. Il faut vérifier tous les faits avant d’arrêter une personne sans preuve suffisante. Désormais, je veux tourner cette page sombre de ma vie...»
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