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2021 : est-ce une année scolaire perdue ?

PHOTO ILLUSTRATION – Des écoliers suivant les cours à la télévision.

La pandémie de la Covid-19 a causé le chamboulement du calendrier scolaire 2021. Les autorités ont dû amender les dates en fonction de la situation sanitaire. Avec tous ces changements, l’année scolaire 2021 n’a pas été de tout repos, d’ailleurs elle se poursuit en 2022. Qu’en est-il sur le plan de l’acquisition académique ? Pédagogues et parents partagent leurs opinions.

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Cours en alternance, cours en ligne ou à la télévision. Autant de moyens utilisés en cette année académique 2021-2022 pour dispenser les cours aux élèves. 

Avec la fermeture des écoles, c'est un nouveau mode d’apprentissage pour les élèves, souligne l’instituteur Vishal Baujeet de la Government Teachers’ Union (GTU). « C'est la période de l'école à la maison pour de nombreux enfants. Chaque famille a accès aux ressources en ligne ou des cours à distance ou des cours télévisés. »

Au niveau primaire, pour les écoliers des Grades 1 à 6, c’est le mode de cours à la télé qui est utilisé. Vishal Baujeet soutient que « les cours à la télé peuvent être visionnés de temps en temps.  Il n'y a pas de restrictions. Les élèves développent un sens de responsabilité et travaillent selon leur rythme d'apprentissage ».

Inconvénients 

Toutefois, notre interlocuteur conçoit que les inconvénients sont beaucoup plus nombreux. Vishal Baujeet précise qu’« en suivant les cours à la télé l'apprentissage n'est pas comme en présentiel. À un moment, les enfants sont déconnectés. Les chances de distractions sont élevées. Bref, suivre des cours à distance de son domicile donne un sentiment d'isolement ».

« Les cours qui sont diffusés à la télé sont trop brefs, trop courts et vont trop vite. Les élèves ont du mal à les suivre. Certains sont répétitifs, certaines leçons ne sont pas à la hauteur du niveau des enfants », estime le président de la Mauritius Head Teachers’ Association (MHTA), Anand Seewoosungkur. Ce dernier tient à faire ressortir que les parents ne sont pas satisfaits de cette situation. De plus, ajoute-t-il, plusieurs élèves n’ont pas accès à la télé ou à l’internet, ce qui rend difficile l’apprentissage des enfants. 

Ainsi, le président de la MHTA propose « d’améliorer les programmes éducatifs à la télé ; qu’il y ait des psychologues intervenant à la télé sur des sujets spécifiques pour apporter un soutien aux parents et élèves ». Et pour dispenser une bonne qualité de cours en ligne, Anand Seewoosungkar insiste sur la création d’infrastructures numériques pour des cours en ligne. « Si cela était possible que les profs viennent à l’école pour dispenser les cours en ligne afin d’être interactifs avec les élèves et les parents. Si les élèves voient leurs profs en classe, ils seront plus motivés psychologiquement. »

Au niveau des tâches administratives, le président estime que les tâches se sont alourdies pour le personnel administratif. Anand Seewoosungkur avance qu’il y a de trop de courriel à répondre dans un délai restreint. Il y a une augmentation considérable des tâches administratives. 

Évaluations 

La situation sanitaire ne permet pas la tenue des examens. Il souligne que « les évaluations ne peuvent pas se faire comme d’habitude. Toutefois, alors que nous sommes à la fin du deuxième trimestre où on fait des évaluations informelles. Les enseignants peuvent évaluer en s'adoptant d'autres moyens, en utilisant les modes numériques. »

Vishal Baujeet ajoute que malgré les difficultés de l'enseignement à distance, les institutions éducatives ont mis des classes virtuelles en raison de la pandémie de Covid-19. « Pour avoir une continuité pédagogique, il y a eu le besoin de s'adopter et de s'adapter avec les outils technologiques et informatiques. »

Le maître d’école estime que les enfants peuvent se passer des examens qui sont trop stressants. Même après le retrait de certaines parties, les élèves auront du mal à répondre les questionnaires. En revanche, il estime que les évaluations continuelles aideront les élèves à se rattraper.

Extended Programme  

« Les cours en ligne sont une catastrophe pour les élèves de l’Extended Programme (EP) », précise l’enseignant Brian Pitchen. Ce dernier ajoute qu’il y a beaucoup d’élèves qui ne sont pas connectés ou qui n’ont pas envie de se connecter pour les cours en ligne. « Cette situation a pour conséquence que plusieurs élèves ont du retard sur le programme d’études. Malheureusement, le rattrapage est difficile. Le fait que les cours en ligne soient prolongés jusqu’au 31 janvier rend l’éducation encore plus difficile pour les élèves. De plus, il n’y a pas de suivi par les parents. Il est malheureux que rien n’est prévu pour les élèves de EP, ni sur la télévision ni sur le Student Support Programme (SSP). »

Compléter le cursus

Yugeshwur Kisto, président de la Government Secondary School Teachers Union (GSSTU), affirme que les cours prennent parfois une allure répétitive et requiert une mise à jour hebdomadaire. « Cela aidera énormément à soutenir, pédagogiquement parlant, l’intérêt des élèves et ainsi aider les enseignants à compléter le cursus dans le temps escompté. »

Cependant, il ajoute que malgré les moyens technologiques limités, les cours en ligne ont substantiellement aidé les élèves à se remettre sur les rails de l’apprentissage. « Il y a certes eu quelques problèmes d’ordre interactif, mais ils ont été dans l’ensemble résolus. Et là, je tiens à remercier nos membres du secondaire d’avoir fait preuve de beaucoup de patience, de diligence, de flexibilité, de créativité, d’ingéniosité et de sagesse. »

En ce qui concerne l’évaluation des élèves. Yugeshwur Kisto souligne que les enseignants ont recours à l’évaluation en continue, et cela apporte son lot d’avantages, notamment en termes de peaufiner les aspects du cursus qui sont considérés plus ou moins complexes ou problématiques, ou encore d’encourager les élèves à se rappeler des concepts après avoir complété chaque chapitre. 

« L’évaluation terminale est un concept, mais pas le seul heureusement. Les cours en ligne ont été une sage décision dans la mesure que la sécurité de nos enfants doit rester une priorité. Il faut apprendre à vivre avec son temps et contextualiser notre réalité. L’urgence de la situation ne permet pas de se morfondre avec des comités et réunions interminables qui, en fin de compte, n’apportent pas grand-chose. On devait trouver un moyen d’assurer la continuité pédagogique », conclut-il.

Témoignages

  • Marjorie, dont la fille est en Grade 6, trouve très difficile cette année scolaire. « Vu que les enfants travaillent de la maison, le prof ne peut pas vérifier si les enfants ont fait leurs devoirs ou s'ils ont compris la leçon. Nous ne pouvons pas connaître le niveau de l’élève. » 
  • Nazima, dont le fils passera les épreuves de School Certificate (SC) l’année prochaine, avance que c’est une année perdue. « Certains élèves qui ont les moyens pourront réussir leurs examens, mais cela n’est pas donné à tout le monde. J’espère que les autorités ont prévu des sessions de rattrapage pour les élèves. Si tel n’est pas le cas, nous aurons malheureusement des échecs. »
 

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