Chagos : la nomination de Jonathan Powell serait à prendre avec prudence

Jonathan Powell a été nommé envoyé spécial du Premier ministre britannique, Keir Starmer, la semaine dernière. Il négociera avec le gouvernement mauricien sur l’exercice de la souveraineté sur l’archipel des Chagos. Le nouveau gouvernement anglais d’orientation travailliste, élu le 4 juillet, considère la question comme une « affaire urgente ». Aussi, il veut « résoudre ce problème de longue date avec un partenaire proche du Commonwealth est dans l’intérêt des deux parties », indique une « news story » du Foreign, Commonwealth & Development Office et son ministre de tutelle, David Lammy, le 6 septembre. 

Il s’agit de finaliser les discussions sur le sujet qui ont commencé en 2022 sous le précédent gouvernement. Sauf que Jonathan Powell est connu comme un habile et féroce négociateur et il risque de pousser la partie mauricienne dans ses derniers retranchements. Car, il n’est pas question de céder l’archipel sur un plateau en argent.

Son travail consistera à rencontrer les interlocuteurs mauriciens et américains les plus hauts placés. Et il conseillera ensuite les ministres et les négociateurs de HMG sur la manière de conclure un accord solide », selon le Foreign, Commonwealth & Development.

Enter donc Jonathan Powell. Le Foreign, Commonwealth & Development Office le décrit comme un professionnel ayant une vaste expérience dans les négociations concernant les intérêts nationaux du Royaume-Uni dans des contextes sensibles nationaux et internationaux. Il a joué un rôle central dans la sécurisation de l’Accord de Belfast/Good Friday en 1998. Il a précédemment servi comme envoyé spécial du Premier ministre David Cameron en Libye de 2014 à 2016. Le même David Cameron était devenu secrétaire d’État aux Affaires étrangères du 13 novembre 2023 au 5 juillet 2024. Et il avait ralenti les discussions entre le Royaume-Uni et Maurice, car il n’était pas particulièrement favorable à une rétrocession de l’archipel à Maurice.

Jonathan Powell a aussi été le « Chief of Staff » de Tony Blair lorsque celui-ci était Premier ministre du Royaume-Uni de 1997 à 2007. « Tony Blair était particulièrement négatif sur le dossier Chagos au point où il avait subi les critiques du secrétaire général du Commonwealth. De ce fait, je n’ai pas de grands espoirs », dit Paul Bérenger. Il a abordé ce volet lors d’une conférence de presse le samedi 7 septembre. 

Ce dernier a demandé au gouvernement mauricien de « ne pas accepter des conditions inacceptables et de ne pas brader la souveraineté de Maurice surtout après l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice et la résolution des Nations Unies en faveur de Maurice.

Paul Bérenger se prononce en faveur de consultations entre le gouvernement et l’opposition à Maurice par rapport au dossier Chagos. Il rappelle qu’un comité officiel comprenant des membres du gouvernement et de l’opposition avait été mis sur pied durant le dernier mandat de sir Anerood Jugnauth comme Premier ministre. 

Au sujet de la nomination de Jonathan Powell, l’actuel secrétaire d’État aux Affaires étrangères, David Lammy déclare : « Les négociations avec Maurice sur le BIOT/Archipel des Chagos sont cruciales pour la sécurité du Royaume-Uni. Nous sommes déterminés à protéger le fonctionnement à long terme, sécurisé et efficace de la base militaire conjointe Royaume-Uni/États-Unis sur Diego Garcia ». 

Le nerf de la guerre est Diego Garcia, où se trouve une importante base militaire conjointe Royaume-Uni/États-Unis. Elle a un rôle vital pour la sécurité régionale et mondiale.

Sur ce point, les principaux partis mauriciens sont d’accord pour accorder un bail à longue durée contre un loyer annuel. Depuis la reprise des pourparlers entre Maurice et le Royaume-Uni en 2022, douze séances de négociations ont eu lieu.