Vaincre son handicap par une volonté tenace de réussir, subvenir aux besoins de sa famille et être maître de son destin. C’est ainsi que se résume le parcours de Sanjay Brambodary, qui est vannier et non-voyant.
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Des métiers, Sanjay Brambodary en a connu beaucoup. À Moka, où il passe son enfance et son adolescence, trouver un emploi s’avère un véritable parcours du combattant. Les entreprises, à l’époque, sont peu enclines à embaucher un non-voyant de naissance, dit-il. Sa famille n’a pas les moyens de l’envoyer au centre Loïs Lagesse de Beau-Bassin, une institution qu’il ne fréquentera que deux ans. Ainsi, il tente sa chance dans un atelier de réparation de bicyclettes, dans le commerce, voire dans les champs de canne.
Après ses premiers pas chancelants dans le monde du travail, Sanjay Brambodary, âgé de 51 ans, est aujourd’hui un vannier reconnu. Il est sollicité par des hôtels et des particuliers pour la qualité de ses produits, montés dans son atelier et sa résidence, à Bambous. Son incursion dans le monde de l’artisanat se fait lorsqu’il rejoint le centre Loïs Lagesse, à la suite d’une requête d’un directeur de l’établissement habitant Moka. Après une année à s’essayer à divers métiers manuels, il fait le choix de s’initier à la vannerie, avec le rotin comme matière première. Nous sommes alors en février 1987.
Deux mois après, il opère en toute autonomie, sous la supervision des vétérans. Ses premiers paniers sont ceux qu’utilise le secteur de la construction. Durant son temps libre, il s’aventure avec succès à la fabrication d’autres objets à base de rotin, comme des plateaux. Constatant son progrès, la direction du centre décide alors de l’embaucher à plein-temps.
Mains expertes
« En février 1993, je décide de me mettre à mon compte car j’ai toujours voulu être indépendant. J’ouvre alors mon atelier à Bambous, où je me suis installé », relate-t-il, le débit rapide, se souvenant des dates et des détails.
« Reynolds Permal de l’association Lizié Dans La Main prend contact avec moi afin de travailler sur un projet du ministère de la Jeunesse et des Sports où il est question de réaliser, à partir du rotin, une version grandeur nature de la mascotte pour un championnat d’Afrique junior. Le projet est réalisé en 15 jours, avec le soutien d’autres non-voyants. » Ce travail lui ouvre les portes à un emploi dans l’atelier de Reynolds Permal, à Saint-Jean, Quatre-Bornes. Il y passe un an. Car il décide de repartir dans son atelier, à Bambous.
Pour Sanjay Brambodary, le défi est de se faire un nom et de générer des revenus pour sa famille de quatre enfants. Il achète du rotin par demi-kilo au début. La demande augmente.
Cet artisan, enregistré auprès du conseil de district de Rivière-Noire et de la Small and Medium Enterprises Development Authority, fait appel aux mains expertes de ses camarades non-voyants.
En 2002, le National Council for Disabled décide d’offrir une subvention de Rs 10 000 à ceux intéressés à lancer leur entreprise. Ses associés sautent sur l’occasion. Mais le travail continue, grâce au soutien des habitants qui viennent acquérir de l’expérience.
Alors que les affaires se stabilisent, survient un temps d’arrêt avec une pénurie de rotin sur le marché. Nivans, Nivesha, Niketh et Nikeisha, les enfants de l’artisan, sont à l’école. La résidence familiale est en construction. Son épouse, une non-voyante et lui décident de chercher un travail.
Sanjay Brambodary atterrit à l’unité de boulangerie de Winner’s où il s’occupe de l’empaquetage. Il y restera trois ans. Car son métier, c’est la vannerie. Et son atelier n’a jamais fermé ses portes. « Aujourd’hui, je suis engagé dans tout ce qui concerne le rotin, avec des produits traditionnels, des ajouts aux meubles, des paniers pour des légumes et les couverts.
Les revenus mensuels varient. Il s’agit de bien gérer et planifier », dit-il. « Je suis seul dans mon atelier. Mes enfants viennent m’aider durant leur temps libre. Mais tout ce que je veux pour eux, c’est qu’ils aient une bonne éducation et un emploi stable. »
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