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Reshma ou le combat d’une séropositive qui aime la vie : «J’existe et j’ai ma place dans la société»

Pour ses enfants, Reshma prend la vie comme elle lui est tombée dessus.
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À 43 ans, cette habitante de Goodlands mène une vie des plus normales. Elle est mère de quatre enfants, dont deux qui habitent avec elle. Reshma veut parler à cœur ouvert de son statut sérologique pour sensibiliser les gens qu’elle croise, à qui elle sourit mais qui n’arrivent pas à l’accepter, à la regarder et à comprendre qu’elle existe. Tout simplement…

À bas les préjugés ! Finissons-en avec les stéréotypes et voyons les choses en face. Le monde est un grand village composé de personnes aux couleurs, classes et personnalités différentes mais chacun d’entre nous mérite sa place dans la société. C’est justement le message que veut véhiculer Reshma Gopaul. De son passé et de son enfance difficile, elle ne veut se souvenir que de sa mère Rajkumaree, « une femme extraordinaire, une combattante » qui a élevé seule ses quatre enfants. Aujourd’hui, elle est clouée au lit. 

Reshma se bat pour combattre les regards discriminatoires.
Reshma se bat pour combattre les regards discriminatoires.

Reshma a toujours vécu dans la région de Goodlands. À l’école, elle a été jusqu’au primaire. Épousée à l’âge de 12 ans sans qu’elle n’en comprenne le sens même du mariage, elle se retrouve dans une relation compliquée avec un homme de 21 ans. Elle devient mère à 15 ans et le couple ne dure que 13 ans. 

Test sanguin révélateur

Reshma confie : « Il buvait trop. Mo ti pe pran pasians me ti bien difisil. Lerla monn retourn kot mo mama. Me monn dir mwa ki lavi pa aret la ». Après plusieurs années, elle rencontre un autre homme de qui elle a deux enfants. C’est lors de sa première grossesse, en faisant des tests sanguins, qu’elle apprend qu’elle est séropositive. « J’ai eu un appel pour me demander de venir au dispensaire. Lorsque j’ai appris la nouvelle, j’ai eu un choc. Je suis tout de suite rentrée chez moi, j’ai beaucoup pleuré. J’ai appelé mon concubin et il m’a dit de ne pas pleurer, que ce n’était pas grave. J’ai pris ma bible, j’ai vu un message et je me suis sentie mieux. » 

Elle se voit comme une pellicule qui transforme le négatif en de belles choses"

N’empêche que la vie de Reshma bascule en cette année 2006. « Je n’en savais rien et on n’en parlait pas autour de moi. Je n’osais pas poser de questions. J’étais stressée, j’ai commencé à boire tous les jours et je suis devenue alcoolique. Par la suite, j’ai décidé de me ressaisir, de me renseigner et de ne pas me laisser aller. Je devais être forte pour mon fils. Heureusement que mes enfants ont été épargnés  et qu’ils sont en bonne santé. » Elle comprend que c’est de son compagnon qu’elle a contracté le virus. « Quand je lui posais des questions, il restait toujours évasif alors que j’avais besoin de comprendre, même si je ne pouvais pas remonter le temps et tout effacer… », soutient-elle. 

« Je ne veux pas être invisible » 

Après plusieurs années, Reshma décide de se séparer de son concubin afin d’offrir autre chose aux enfants. « Nimport ki fet et ki ena li pa la. Mai sa ti fer mwa ek ban zanfan dimal, donk nou ti deza tou sel, nou inn prefer ress tousel ». Aujourd’hui, celle à qui la vie n’a pas fait que des cadeaux se voit comme une pellicule qui transforme le négatif en de belles choses. Elle ne veut pas s’attarder sur ce passé tumultueux. Elle veut plutôt voir l’avenir et proposer des alternatives à ses deux fils, âgés de 12 et 10 ans, Elle désire surtout leur apprendre des valeurs dont la tolérance, le respect, l’acceptation de l’autre et leurs différences. 

Elle continue de suivre ses traitements à l’Aids Unit: « J’aime bien me rendre là-bas. De temps en temps, je vais à PILS. J’ai besoin de régulièrement rencontrer des gens, de parler, de leur dire que je vais bien. » Même si elle a une vie des plus normales, elle trouve dommage que certaines personnes continuent à avoir un regard discriminatoire envers elle. «Je veux leur dire que, moi aussi, j’ai ma place parmi eux. Il est vrai que je suis différente, mais nous le sommes tous. Je ne veux pas être invisible. Je ne veux pas rester dans l’ombre. J’ai envie de leur dire tout haut que j’existe, j’ai envie qu’on me voie, qu’on pense à moi, qu’on ait envie de m’inviter à déjeuner, de faire la fête en ma présence. Je refuse qu’on m’ignore et qu’on nie mon existence .» 

Reshma souhaite plus de campagnes de sensibilisation pour que les gens comprennent qu’aujourd’hui les personnes séropositives mènent leur vie sans de grandes difficultés. Parfois, il y a des obstacles, comme dans le cas de Reshma. Aujourd’hui, elle veut retrouver l’un de ses fils placés dans une maison d’accueil. « Pour cela, il nous faut une nouvelle maison, un nouvel environnement. »

Elle lance donc un appel à toute personne qui pourrait lui venir en aide afin de trouver une maison appropriée pour y habiter avec ses enfants. 
Pour toute aide, appelez la rédaction sur le 208 6002. 
 

 

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