Mystère sur la mort de Kevin Sreeneebus : une entaille à l’abdomen intrigue les enquêteurs 

Kevin Sreeneebus, 33 ans, a été trouvé sans vie dans sa voiture accidentée à L’Avenir, St-Pierre. L’autopsie a révélé une entaille à l’abdomen, provoquée par un objet tranchant et fin et le décès est attribué à une rupture de l’aorte. S’agit-il d’un acte criminel ou d’une blessure causée par l’accident ? C’est ce que tente de déterminer la police, laquelle interrogera l’épouse du trentenaire, grièvement blessée et hospitalisée, une fois qu’elle sera rétablie. 

Dans quelles circonstances Kevin Sreeneebus, le pompier de 33 ans trouvé sans vie dans sa voiture accidentée à L’Avenir, St-Pierre, jeudi soir, est-il mort ? C’est ce que tentent d’élucider les enquêteurs de la Criminal Investigation Division de Moka et de la Major Crimes Investigation Team (MCIT). Le mystère s’épaissit autour de cette affaire depuis que l’autopsie a révélé la présence d’une entaille au niveau de l’abdomen du trentenaire. 

Le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légal de la police, a conclu dans le rapport de l’examen post-mortem que cette blessure a été provoquée par un objet tranchant et fin. Le décès, lui, est attribué à une rupture de l’aorte. 

Une des thèses étudiées par les enquêteurs au vendredi 14 juin était celle d’un acte de « foul-play ». Ils n’écartent pas non plus la possibilité que cette entaille ait été provoquée par la structure du tableau de bord de la voiture accidentée. Seules les investigations leur permettront d’y voir un peu plus clair. 

Ils prévoient d’interroger Prika, l’épouse de Kevin Sreeneebus, âgée de 36 ans, qui était dans la voiture cette nuit-là, une fois qu’elle sera rétablie. Elle a été admise à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Victoria de Candos après avoir subi d’importantes blessures. Elle a dû subir une intervention chirurgicale. À vendredi soir, son état de santé était jugé préoccupant par ses médecins traitants. 

Déjà, après avoir visionné les enregistrements de caméras CCTV et celles du réseau Safe City, la MCIT a obtenu la confirmation que la jeune femme était la seule à se trouver en compagnie du pompier au moment de l’accident. La voiture a été placée sous scellés au poste de police de Saint-Pierre. Elle fera l’objet d’examens scientifiques et mécaniques pour les besoins de l’enquête. 

Autre élément qui présente un intérêt pour la police : la présence de débris soupçonnés de provenir d’une bouteille de boisson alcoolisée a été trouvée sur le lieu de l’accident. Sur les images de vidéosurveillance, les enquêteurs ont vu que Kevin Sreeneebus avec une bouteille à la main alors qu’il occupait le siège conducteur dans la voiture.

« Ils s’étaient rendus chez des amis à Calebasses »

Dhanray Sreeneebus raconte que son neveu avait travaillé mercredi, mais qu’il était en congé jeudi. Le jeune homme et son épouse Prika, âgée de 36 ans, en auraient alors profité pour faire une sortie. « Ils s’étaient rendus chez des amis à Calebasses », relate son oncle avant d’ajouter avec tristesse : « C’est en revenant dans la soirée qu’ils ont eu ce malheureux accident. Nous ne savons pas encore comment cela a pu se produire. »

Leur voiture aurait fait une sortie de route sur l’autoroute M3 (Terre-Rouge/Verdun), au niveau du rond-point de L’Avenir, Saint-Pierre. Le véhicule aurait terminé sa course contre un muret en béton situé dans un caniveau. Le jeune homme a été trouvé mort dans la voiture accidentée. Son épouse, grièvement blessée, a été hospitalisée. Elle a dû subir une délicate intervention. À vendredi soir, son état de santé était jugé préoccupant.

Un ancien policier promis à un brillant avenir 

Déterminé, fonceur, généreux, altruiste… Ce sont autant de qualificatifs que tous ceux qui ont côtoyé Kevin Sreeneebus utilisent en parlant de lui. Ce pompier de 33 ans, dont les funérailles sont prévues ce samedi 15 juin 2024, laisse un grand vide derrière lui. 

« Kevin avait quatre sœurs. Il était l’unique frère et le benjamin de la famille. Il avait toujours les mots pour faire rire », confie Dhanray Sreeneebus, son oncle. Après ses études secondaires au Dr Regis Chaperon SSS à Belle-Rose, il avait postulé pour intégrer la force policière. 

Fort de sa détermination inébranlable, il était parvenu à passer les épreuves de sélection, lui permettant de faire partie des forces de l’ordre, un moment de grande joie pour sa famille. « Il avait intégré la Special Mobile Force (SMF) », précise son oncle. 

Ses qualités lui avaient valu d’être repéré par l’unité s’occupant de la garde rapprochée de hautes personnalités. « Quand il était entré à la SMF, cela avait été un moment de bonheur. Puis il avait rejoint la Very Important Person Security Unit (VIPSU) », indique Dhanray Sreeneebus avec fierté. « Il avait travaillé en tant que VIPSU pour l’ancien président de la République, Barlen Vyapoory », ajoute-t-il. 

Décrit comme un fonceur par ses collègues, Kevin Sreeneebus avait le cœur sur la main. Il était toujours prêt à aider son prochain. C’est d’ailleurs pour cela qu’il avait voulu devenir pompier. « Il avait alors postulé et cela lui avait réussi. Il avait quitté les forces de l’ordre pour devenir soldat du feu », raconte son oncle. 

Cela faisait environ cinq ans que l’habitant de route Bassin, Quatre-Bornes, exerçait ce métier. Il avait fait ses débuts au Mauritius Fire and Rescue Service à l’aéroport de Plaisance. Il était promis à une brillante carrière.

Au-delà de son travail, ce qu’il aimait surtout, c’est passer du temps avec sa famille. « Ses proches étaient tout pour lui. Il s’était marié il y a deux ans. C’était lui qui s’occupait de sa mère », précise Dhanray Sreeneebus. « Mon neveu était une personne gentille et aimable. Il n’a jamais eu de soucis avec qui que ce soit. Il était bien dans son couple », dit-il.

Nul ne pouvait imaginer que le destin se montrerait aussi cruel. Sa mort a été un choc pour ses amis, ses collègues et tous ceux qui l’ont connu. « C’était un très bon élément. Il était dévoué et appliqué », témoigne Anand Toolsee, Chief Fire Officer à l’aéroport. 

« Sa mort nous attriste profondément. Il est parti si brusquement. Il avait intégré nos services à l’aéroport il y a cinq ans. C’était un très bon élément. Kevin était quelqu’un de jovial, de dévoué et de très appliqué dans son travail. Je l’appréciais pour ses qualités. Il voulait tout le temps aller de l’avant. Il fonçait. Je ressens un pincement au cœur. Il va beaucoup nous manquer », lâche son supérieur hiérarchique.