Le « regressive mark-up » pour le calcul de la marge de profit sur les médicaments pour les importateurs et les détaillants fait débat. Si la Competition Commission (CC) met en avant des « concerns » entourant le mécanisme actuel de « maximum mark-up », des opérateurs de ce secteur estiment que le modèle préconisé n’aura pas l’effet voulu.
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La CC a soutenu qu’avec le « maximum mark-up » de 35 %, pratiqué sur tous les médicaments, plus le « cost price » du produit est élevé, plus le montant du profit est important, et par conséquent le prix payé par les consommateurs. Le problème est accentué, selon l’organisme, lorsque la roupie se déprécie face au dollar et à l’euro car le « mark-up » s’applique une fois la conversion en roupie effectuée. Sans compter que cela pourrait encourager des importateurs et des détaillants à privilégier la vente de marques de médicaments qui coûtent plus cher afin de faire un plus gros bénéfice.
D’où la proposition de la CC de trouver « an alternative pricing mechanism to ensure affordability ». Recommandation a ainsi été faite de se pencher sur la possibilité d’introduire un « regressive mark-up system » comme solution aux problèmes liés aux prix des médicaments.
Retour à la case départ
Siddick Khodabaccus, président de l’Union des pharmaciens et de la Small and Medium Phamarceutical Importers Association, considère que l’application de ce mécanisme « signera l’arrêt de mort du métier ». « À Maurice, la marge de profit sur les médicaments est la plus basse de la région. Elle est d’environ 11 % pour les grossistes et de 22 % pour les détaillants, soit 33 % au total. Admettons qu’on l’abaisse à 10 %. D’une part, cela n’aura pas un effet majeur sur le prix du médicament. D’autre part, avec les hausses successives, on reviendra, dans quelques mois, à la case départ », estime-t-il.
En outre, poursuit-il, cela affectera les revenus des opérateurs. Il explique que les grossistes consacrent 5 à 6 % de leur marge de profit au marketing, la location, les factures, les salaires, la logistique, etc. « Avec seulement 3 ou 4 %, ils ne pourront pas survivre », prévient-il. Idem pour les pharmacies : « Kouma dir ou pe dir li travay kado finalman. »
Une solution pour faire baisser les prix des médicaments, selon Siddick Khodabaccus, serait la libéralisation de l’importation des produits pharmaceutiques. Il faudrait pour cela, dit-il, enlever les « intellectual property rights » (IPR) sur des médicaments considérés comme des « life-saving products » ou de « critical care ». Il cite l’exemple des médicaments pour le traitement de l’hypertension et du diabète, qui parmi d’autres, sont très utilisés à Maurice.
« Cela permettrait aux importateurs de s’approvisionner dans des pays où les mêmes médicaments coûtent moins cher. On favorisait au passage la concurrence sur le marché local », dit-il. Il préconise toutefois de fixer un ratio afin de déterminer quelle quantité de produits d’une marque sur laquelle il y a des IPR les importateurs seraient autorisés à importer.
Une autre solution, selon Siddick Khodabaccus, serait que le gouvernement démocratise l’adhésion aux mutuelles de santé, pour le remboursement des médicaments achetés. « Car un service dans le privé a un coût », conclut-il.
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