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Plantes endémiques : 125 espèces sont menacées d’extinction

Plantes endémiques : 125 espècessont menacées d’extinction
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125 espèces sont considérées comme des « Critically Endangered Plants ». Ces plantes, dont certaines n’existent qu’à Maurice, bénéficient d’un traitement VVIP des National Parks & Conservation Services du ministère de l’Agro-Industrie.

Kevin Ruhomaun, des NPCS.
Kevin Ruhomaun, des NPCS.

Huit espèces florales rares de Maurice et de Rodrigues, dont la Cylindrocline Lorencei, considérées comme étant menacées d’extinction, ont été rapatriées de France le mois dernier. Une initiative du Conservatoire Botanique Nationale de Brest (CBNB). Les 166 plantules des ces espèces ont été confiées aux National Parks & Conservation Services (NPCS), afin de les réintroduire en milieu naturel, après une période de quarantaine dans le Native Plant Propagation Centre, à Robinson, Curepipe. Trois des huit espèces ont été remises au ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, en septembre dernier lors d’une cérémonie. 

Outre la Cylindrocline Lorencei, quelque 125 plantes identifiées comme étant hautement menacées d’extinction bénéficient d’une attention particulière du personnel des NPCS, dont une des attributions est d’aider justement à leur propagation. C’est le cas de l’Hyophorbe Amaricaulis, dont il ne reste plus qu’une plante au monde !

« L’unique spécimen se trouve au Jardin botanique de Curepipe. C’est une espèce avec laquelle nous bataillons depuis un bon moment déjà. Étant donné que c’est une sorte de palmiste, elle n’a qu’une growing part, ce qui nous empêche de faire une bouture, car si nous la sectionnons, ne serait-ce que partiellement, elle mourra », explique Kevin Ruhomaun, directeur adjoint des NPCS. 

Senecio Lamarkianus
Senecio Lamarkianus
L’Hyophorbe Amaricaulis : l’unique spécimen se trouve au jardin botanique de Curepipe.
L’Hyophorbe Amaricaulis : l’unique spécimen se trouve au jardin botanique de Curepipe.

D’autres plantes sont dans la même situation que l’Hyophorbe Amaicaulis. Toutefois, grâce au travail des NPCS, ces quelques Critically Endangered Plants ont pu être reproduites. Une d’elles est la Ficus Lateriflora, une sorte de figue.

« Nous en dénombrons seulement six plants dans la nature », soutient Kevin Ruhomaun. Il y a aussi le Senecio Lamarkianus, aussi connu comme Bois Cabri. Il n’existe qu’une dizaine de plants sur les crêtes des montagnes. Idem pour l’Hibiscus Genevii, dont une seule population d’une quinzaine de plants est répertoriée sur la montagne Mondrain-Simonet (Vacoas Ridge). La Nesocodon Mauricianus, quant à elle, est une plante très rare, qui était répertoriée jusqu’ici à un seul endroit, soit à la Cascade 500 pieds. « Récemment, nous avons découvert une deuxième population sur la montagne Trois Mamelles », souligne le directeur adjoint des NPCS.

La Tambourisa Ficus est aussi une plante en danger d’extinction. Sa particularité, selon Kevin Ruhomaun, c’est qu’elle rapporte de gros fruits sur son tronc. « Le souci, c’est que ces fruits justement sont la cible des singes dans les forêts, ce qui fait que les fruits n’arrivent pas à pousser. Il existe 40 à 50 individus seulement et c’est la première fois que cette plante rapporte des fruits en captivité », avance notre interlocuteur.

Stéphane Buord, directeur international du CBNB, remettant une des huit espèces sauvées de l’extinction au ministre de l’Agro-Industrie, Mahen Seeruttun.
Stéphane Buord, directeur international du CBNB, remettant une des huit espèces sauvées de l’extinction au ministre de l’Agro-Industrie, Mahen Seeruttun.
Tambourisa Ficus
Tambourisa Ficus

Un long processus

Chouchoutées, bichonnées, choyées, ces plantes font l’objet de suivis « poussés » à la pépinière des NPCS à Robinson. « Il s’agit d’un long processus, qui comprend le suivi de la plante menacée sur le terrain, la réhabilitation autour de la plante, ce qu’on appelle le micromanagement, et la protection des graines contre les prédateurs à travers la pose de filets, entre autres. Sinon, si nécessaire, nous collectons les plantes avant de les transporter à la pépinière, où nous essayons de créer un environnement favorable à leur pousse », explique le directeur adjoint des NPCS. Et lorsque l’opération est une réussite, ces plantes sont alors retournées en forêt.

Les NPCS connaissent toutefois leurs limites. Et lorsque les moyens où l’expertise disponible sont insuffisants, les NPCS font appel à des partenaires étrangers. « Par exemple, il ne restait qu’un seul café marron de Rodrigues. Une bouture a été envoyée aux Kew Gardens, en Angleterre. Ils sont parvenus à la faire pousser. Et tout récemment, une horticultrice est aussi parvenue à la faire reproduire à travers ses graines. Elle a formé notre personnel qui, à son tour, a formé des Rodriguais. Nous croisons désormais le café marron de Rodrigues à Maurice », se félicite Kevin Ruhomaun. 

Pour l’Hyophorbe Amaicaulis du jardin de Curepipe, les NPCS ont sollicité, dans ce cas, l’aide du conservatoire de Brest. « Étant donné qu’elle ne produit pas de graines qui soient viables, nous essayons de voir si nous pouvons assurer sa survie à travers le tissue culture », indique-t-il. 

Nesocodon Mauricianus
Nesocodon Mauricianus
Ficus Lateriflora
Ficus Lateriflora

Ces « appels à l’aide » sont fréquents, à en croire Kevin Ruhomaun. D’ailleurs, pas moins d’une vingtaine de plantes font l’objet de travail à l’étranger. Outre le conservatoire Botanique National de Brest et les Kew Gardens de l’Angleterre, le Missouri Botanical Garden des États-Unis prête aussi régulièrement main-forte aux NPCS. 

Difficultés

« Nous leur envoyons, par exemple, des vegetative parts, soit des boutures. Ils ont des techniques et des équipements que nous n’avons pas à Maurice. Surtout, nous essayons de tirer profit de cette collaboration que nous avons avec eux », confie notre interlocuteur. 

De nombreuses raisons expliquent comment ces plantes se sont retrouvées menacées d’extinction. Les plantes envahissantes, les espèces envahissantes et la disparition des dispersers figurent parmi elles.  

Plantes envahissantes. Il existerait, selon Kevin Ruhomaun, un gros problème de plantes envahissantes, qui prolifèrent dans le milieu naturel des plantes endémiques. En effet, des plantes exotiques asphyxieraient les graines lorsqu’elles tombent au sol, ce qui les empêche de germer. 

Hibiscus Genevii
Hibiscus Genevii

Espèces envahissantes. Il s’agit essentiellement des animaux tels que les singes ou les escargots. Un singe, par exemple, peut cueillir une graine avant que celle-ci ne devienne mature. Du coup, la graine ne germe pas. Et par chance, si la graine parvient à germer, des escargots se nourrissent sur les plantules. 

Disparition des dispersers. Une graine a plus de chance de germer lorsqu’elle est éloignée de sa mother plant. Et pour cela, il faut que ces graines soient dispersées. Mais nombre de nos dispersers n’existeraient plus. « Dans le passé, il y avait de gros oiseaux et des tortues pour la dispersion de certaines graines. Désormais, nous nous retrouvons uniquement avec les chauves-souris. Là encore, il faut que ces chauves-souris soient d’un certain nombre pour que certains se déplacent avec la graine. Sinon, la chauve-souris mangera sur l’arbre et jettera la graine juste en-dessous », explique le directeur adjoint des NPCS.

Milieu défavorable. Certains arbres ne produisent plus de fruits, car ils se trouveraient dans des endroits qui sont vulnérables pour leur survie. Ils n’ont plus la force nécessaire pour produire des fruits ou des graines, étant envahis par des plantes envahissantes et ce, même si les NPCS procèdent à un micromanagement.  

Des plantes « diecious ». Il y a des plantes dont les fleurs sont mâles ou femelles et il faut les deux pour qu’elles se reproduisent. Au cas contraire, il n’y a pas de graines fertiles. Le problème, c’est que parfois il existe que des mâles ou que des femelles dans un endroit.

Photos : Thierry Verasamy (NPCS)

 

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