Le marin Alvin Maderse du MV Benita a été agressé à coups de barre de fer par son collègue Omar Taton. Il a, par la suite, sombré dans le coma trois jours durant. Mardi, il a relaté les faits à bord aux enquêteurs.
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Il a échappé à la mort. Agressé à coups de barre de fer, l’ingénieur Alvin Maderse est sorti de son coma mardi dernier. Il a reçu de violents coups à la tête. Désormais hors de danger, une équipe de la CID de Plaine-Magnien a pris sa déposition sur son lit de l’hôpital de Candos. Alvin Maderse, 28 ans, relate que le jeudi 16 juin, vers 22 heures, il se trouvait dans la salle des machines. « J’ai senti une présence derrière moi. Omar Taton m’a lancé : ‘Je vais te tuer’. Il m’a frappé plusieurs coups à la tête et sur le corps. Il était incontrôlable, j’ignorais le motif de cet acharnement », explique Maderse. La victime réussit à fuir son agresseur, âgé de 38 ans. « J’ai couru vers les escaliers pour me rendre sur le pont. »
Emergency stop
Au niveau supérieur, il n’y avait aucun marin pour le secourir. « J’ai eu le réflexe d’activer le bouton d’arrêt d’urgence (emergency stop) pour arrêter les machines. » Le moteur stoppé, tout le système est coupé, c’est la panique à bord. Tout l’équipage se mobilise pour voir ce qui se passe. Taton, craignant qu’on le trouve, se sauve. Ce qui donne du répit à Alvin Maderse qui court vers ses collègues pour réclamer de l’aide. L’agresseur, sachant que les autres marins se lanceraient à sa recherche, s’enferme alors dans la salle des machines. Nul ne pouvait plus y entrer, les issues étant verrouillées. Pour s’assurer qu’on ne le balance pas par-dessus bord, Omar Taton éteint tout le système, laissant le bateau dériver huit heures durant. L’Automatic Identification System (AIS) désactivé, les radars du NCG ne peuvent le repérer sur leurs écrans jusqu’à ce que le MV Benita s’échoue sur les récifs au Bouchon.
Le capitaine: « j’ai lancé un signal de détresse »
22 h 30. Le capitaine, qui ne contrôle plus le navire, lance un SOS aux autorités mauriciennes : le MV Benita avait besoin d’une évacuation médicale. « Je n’ai pas utilisé de téléphone satellite, mais une radio UHF pour communiquer avec les autorités mauriciennes. L’emergency generator sur le pont ne fonctionnait pas. »
Un membre d’équipage en moins
La CID de Plaine-Magnien a examiné la liste d’équipage du MV Benita: elle indique 24 marins. Or, les autorités locales n’ont compté que 23 marins. Selon le capitaine, le 24e marin n’est pas monté à bord, il est resté en Inde. La CID attend de recevoir la confirmation que ce marin philippin est vraiment en Inde.
Les marins: « le capitaine n’a pas donné d’instruction »
Vingt marins ont donné leurs dépositions à la police. « Après l’incident, nous attendions des instructions du capitaine. C’est quand le bateau a accosté à Mahébourg que le capitaine a demandé de jeter l’ancre, à 200 mètres des côtes, sans succès. Une deuxième ancre est jetée, ce qui ralentit le navire. Nous avions peur, nous avions enfilé nos gilets de sauvetage. Quand le bateau s’est échoué sur les récifs, nous ne pouvions plus nous jeter à l’eau en raison des fortes houles. »
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