Interview

Nadine Catherine: « aider les femmes à survivre dans un monde très compétitif »

Nadine Catherine, présidente du National Women Entrepreneur Council, veut donner un nouveau souffle à cet organisme. Elle se fixe pour but d’aider les femmes « à aller de l’avant » et « à avoir un cash-flow régulier ». [blockquote]« Je suis chez moi dans ma cuisine, il me faut un pot d’achard, je le commande sur le net. »[/blockquote]

Une passionnée

À 38 ans, Nadine Catherine, originaire de Quatre-Cocos, est une femme accomplie. Elle mène sa vie de femme entrepreneure tambour battant. Férue de connaissances et de nouvelles expériences, elle s’est initiée à la restauration, les ressources humaines, le management hôtelier, les leadership skills et la communication, entre autres. Elle ajoute une autre corde à son arc en s’associant avec le NWEC. Une aventure passionnante, car elle pense avoir beaucoup à partager.

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Vous présidez le National Women Entrepreneur Council (NWEC) depuis maintenant quatre mois. Un premier constat ? J’ai hérité d’une institution qui a énormément de potentiel. Mes prédécesseurs ont accompli pas mal de travail. Les bases sont là, mais il ne faut pas s’arrêter en chemin. En 2016, il faut foncer, aller de l’avant et aider les femmes entrepreneures à survivre dans un monde de plus en plus compétitif. Ce n’est pas du tout évident. Étant moi-même femme entrepreneure, je sais de quoi je parle. Il faut motiver tout le monde. Comment ? À travers davantage de formation ? Non, pas à travers la formation, car il y en a beaucoup eu dans le passé. Je penche plutôt pour le coaching, car chacune a son caractère propre, son potentiel, son produit, son marché. Et l’ambition de chaque entrepreneur diffère. Je veux les aider à aller de l’avant, à s’organiser, à avoir un cash-flow régulier. Pensez-vous que ce n’est pas le cas actuellement ? En tout cas, je connais de nombreuses femmes qui ont engagé leur capital depuis des années, dont les produits sont là, mais qui n’ont pas avancé. Cela me peine, car ces femmes n’ont pas investi pour le seul plaisir. Elles ont un but dans la vie, elles veulent aider leurs familles à progresser. Il est dommage que leurs produits ne se vendent pas, car elles n’ont pas su interpréter la demande du marché. Le NWEC peut les aider. Encore faut-il qu’elles fassent des efforts pour cela ? Effectivement, nous ne sommes pas là pour ‘spoonfeed’ mais pour les épauler. Malheureusement, certaines ne font pas d’efforts. Qu’est-ce qui les freinent ? Ne devient pas entrepreneur qui veut. Le chemin est difficile, encore plus pour une femme qui assume d’autres responsabilités à la maison. Le rôle du NWEC dans ce constat ? C’est là où mon expérience entre en jeu. Je vais changer, pour ne pas dire corriger, certaines pratiques. Je ne suis pas là pour juger. Chacun a ses raisons pour expliquer pourquoi des choses ont été faites d’une certaine manière. Par exemple ? Parlons des foires. Plus de 5 000 femmes sont enregistrées auprès du NWEC. Des foires ont été organisées un peu partout, et le NWEC n’a pu rendre justice à toutes. On ne peut organiser une foire que pour une centaine de personnes ! Il y a un souci de visibilité. Il faut changer cela. Il faut absolument que les femmes viennent nous voir à Triolet et à Phœnix. Mon but, c’est de valoriser ces centres et donner envie de venir aux femmes. Nous pouvons devenir une institution reconnue à Maurice. Il faut voir comment améliorer et vendre cette image. Il existe plusieurs centres qui initient les femmes à de belles aventures. Je veux transformer les choses. Plutôt que de vendre dans des foires, je veux lancer une école de l’entrepreneuriat féminin au NWEC. Vous voulez dire que les foires, c’est fini ? Je ne veux pas aller dans les foires, je veux des boutiques online. Je suis chez moi, dans ma cuisine, il me faut un pot d’achard, je le commande sur le net. Je souhaite que le NWEC devienne un business hub. Quand je me suis lancée, je n’ai eu aucun soutien, aucune facilité. C’est pourquoi je parle en connaissance de cause. Je ne veux pas que les femmes qui ambitionnent de se lancer connaissent les mêmes difficultés que moi. Sinon, elles se décourageront et abandonneront en cours de route. Est-ce une nouvelle orientation, une nouvelle identité, que vous donnez au NWEC ? Je veux faciliter la vie des femmes entrepreneures. Il faut tout réorganiser. Outre l’école, le centre deviendra un lieu de rencontre et d’échange. Les femmes pourront se rencontrer dans notre salle de conférences pour échanger leurs expériences, discuter de leurs difficultés, s’engager dans des partenariats. Elles pourraient y rencontrer leurs clients, tenir des conférences, inviter des femmes d’affaires qui ont réussi à partager leur parcours. Je pense à Jacqueline Dalais, par exemple. Intention fort louable… Mais est-ce réalisable ? Vous n’avez pas idée de mon caractère tenace, à quel point je tiens à ce projet. Tout cela sera en place bientôt. Quid du Women Talk Business Forum? Nous allons tout revisiter, y compris la loi qui régit l’institution. Quand? Cette année, je l’espère. Cette loi date de 1999 et a fait son temps. Naturellement, elle ne répond plus aux besoins du jour. Outre le NWEC, il y a la SMEDA qui œuvre pour les entrepreneurs. Qu’est-ce qui distingue ces deux organismes ? N’y a-t-il pas gaspillage des fonds de l’Etat ? Pas du tout. Le NWEC est un organisme dédié aux seules femmes. Nous devons les coacher et les motiver, aider les femmes à rattraper leur retard. Ce n’est pas l’objectif de la SMEDA. Les femmes ne se lancent pas dans de grandes initiatives : elles travaillent chez elles car elles ont aussi la responsabilité de la maison et des enfants. La SMEDA est plus structurée pour aider financièrement. D’ailleurs, un représentant de la SMEDA siège sur notre conseil d’administration. Il y a concertation et collaboration entre nos deux institutions. Le NWEC a-t-il les moyens de ses ambitions ? En tout cas, je me bats pour les avoir. Je frappe à toutes les portes. Mes priorités sont d’avoir un ‘staff’ motivé, un service à la clientèle irréprochable, des Business Development Officers entreprenants. Au final, vous voulez que le NWEC soit… Ouvert 24/7… Je sais que cela semble fou, mais c’est cela l’entrepreneuriat. On ne peut se limiter aux heures du bureau ! Je ne pense pas que tout le monde partage ma philosophie ou ma vision. Je voudrais qu’il y ait en permanence des femmes qui travaillent sur place, du lundi au samedi ; pour vendre des produits mauriciens de qualité ; faciliter l’épanouissement des femmes. Pour cela, il est impératif d’avoir le soutien institutionnel ? Je n’ai aucun souci à ce niveau. La ministre de tutelle me comprend et me laisse carte blanche. Je ne suis membre d’aucun parti politique. Je suis Nadine Catherine, femme entrepreneur de Quatre-Cocos et j’ai un vécu. Je suis là pour partager mon expérience. Mon message aux femmes : croyez en vos capacités. N’hésitez pas à solliciter le NWEC.
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