Le 25 avril 2024, la famille Boodhun domiciliée à Bhagelloo Lane, Mont-Fertile, accueillait son premier centenaire en la personne de Jasodah Boodhun, née Rajmun aussi connue comme Dadi Dewantee. Un événement qualifié de bénédiction et de bonheur pour cette vaste famille qui s’étend jusqu’au Canada et jusqu’en Australie.
Tout a concouru pour faire de l’événement une fête mémorable. Aux membres de la famille à Maurice, les voisins et quelques seniors de la localité également invités, s’étaient joints deux des petits-enfants de Dadi Dewantee, qui avaient spécialement fait le déplacement depuis le Canada et l’Australie.
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« Dadi voulait que tout le monde, ou presque, soit présent, dont les voisins qui se souviennent encore des jours où elle travaillait durement », explique son fils Jeeanduth, qui a l’habitude de répondre : « J’habite chez ma mère » lorsqu’on lui demande où il est domicilié. « C’est une manière pour moi d’indiquer que c’est ma mère qui me prend à sa charge et non moi. Car elle n’est pas un fardeau pour moi. Elle est une bénédiction », dit-il.
Les prières, en ce jeudi 25 avril, auxquelles assistaient quelque 60 personnes, toutes des proches, ont occupé toute la matinée. « Depuis son plus jeune âge, ma mère ne manque jamais de lire une page du Ramayana. Elle a fait de deux principes issus de notre livre sacré, les piliers de sa vie : la famille et l’unité. Il était hors de question de débuter ce jeudi-là sans la récitation de mantras, sloks et bhajans », fait ressortir Jeeanduth.
Les ressources dans les prières
Durant toute sa vie, Dadi Dewantee a trouvé les ressources nécessaires dans les prières pour affronter les duretés de la vie. Mais elle savait aussi que rien ne s’obtenait sur un plateau d’argent. « Kan ou nouri vas, bizin travay kouma bien dir », dit-elle.
L’aînée d’une famille de six filles, elle a appris l’hindi jusqu’en Standard 3. À son mariage à 15 ans, elle est allée vivre avec son époux Balkressoon Boodhun à Vacoas avant de le suivre à Mont-Fertile, à New-Grove.
« Comme toutes les dames de la localité, elle a élevé des vaches. Puis vers l’âge de 43 ans, après la retraite de mon père, elle a commencé à travailler comme laboureuse dans les champs de la sucrerie de Riche-en-Eau afin de payer mes frais de collège. Pour l’époque, Rs 20 était une grosse somme. Mon père, qui est décédé en 1990, a d’abord exercé comme sirdar au ministère des Travaux puis au Département des travaux publics », raconte Jeeanduth.
Ce dernier se souvient encore du réalisme dont faisait preuve sa mère durant ses années de dur labeur : « Elle disait que si vous aimez le chocolat et les glaces, vous devrez être aussi prêt à gouter aux oignons, aux calebasses et piments. Elle était très consciente que dans la vie, il y avait toujours des hauts et des bas, l’existence n’étant jamais une route droite et plate. Elle a toujours eu un côté philosophique. Mais je l’ai toujours vue comme quelqu’un qui ne baissait jamais les bras. Elle était animée de persévérance. Elle chérissait la vérité et elle avait le sens du sacrifice. »
« Bouyon bred mouroum »
Avant de connaître quelques ennuis de santé durant ces dernières semaines, Dadi Dewantee s’acquittait encore des tâches ménagères, ne négligeant jamais ses prières du matin. Jusqu’à ce jour, elle est restée végétarienne, avec une préférence pour les « bouyon bred mouroum » et le « satini koko ». Sans oublier les séries télévisées hindoustani, les films religieux et les chansons pieuses, les kirtann et bhajan sur YouTube.
« Elle avait horreur de rester sans rien faire, du bruit ou de dormir durant de longues heures. Pour elle c’était du temps perdu », confie encore Jeeanduth. Comme d’autres seniors de son âge, elle adore encore le chocolat. Avant, elle pouvait grignoter des snacks et des douceurs toute la journée.
« Elle rinçait puis coupait les légumes que mon épouse Devika allait cuisiner, poursuit-il. Elle mettait un point d’honneur à nettoyer l’évier, aussi faisait-elle constamment la vaisselle. Parfois, lorsqu’on ne la voyait pas faire ses prières le matin, moi et mon épouse on s’inquiétait un peu. C’était juste qu’elle ne s’était pas encore levée. »
Sa plus grande satisfaction a été de voir Jeeanduth accéder au poste de directeur-adjoint au ministère du Travail et d’avoir décroché une bourse d’études à la prestigieuse université d’Oxford. « Presque tous de mes sœurs et frères ont étudié jusqu’au secondaire, ma mère ayant toujours mis l’accent sur le fait que l’éducation est le seul moyen de s’en sortir. Le fait de n’être jamais allée à l’école lui a fait comprendre l’importance de l’éducation. Les petits-enfants, eux, ont accédé aux études tertiaires et accédé à des postes importants dans les secteurs public et privé. D’autres ont porté la flamme familiale plus haut au Canada et en Australie. Ces accomplissements sont véritablement des sources de bonheur pour ma mère », fait valoir Jeeanduth.
« Gayatri Mantra »
Pour la quelque centaine d’invités présents à la fête donnée dans un restaurant de la région dans l’après-midi du jeudi 25 avril, l’ouverture de la fête avec la « Gayatri Mantra » revêtait un sens particulier. « Tout le monde avait l’intime conviction que ma mère était bénie des dieux. Mais je me suis aussi dit que le fait d’avoir passé des journées entières dans l’étable auprès de ses vaches et même d’avoir respiré leurs excréments explique quelque part sa longévité. Aujourd’hui, la médecine ayurvédique fait ressortir que la nature possède des éléments qui permettent d’avoir une bonne santé et qui évitent de devenir dépendant des médicaments à composition chimique. Le grand âge c’est aussi l’harmonie entre le corps et l’esprit, ce que ma mère a réussi à atteindre », fait observer Jeeanduth.
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