Live News

Indice de corruption de Transparency International : Maurice progresse, mais il est sous surveillance

La situation est préoccupante selon Transparency Mauritius.
Publicité

L’indice de perception, publié par Transparency International jeudi, indique qu’il reste encore pas mal de boulot à faire pour permettre au gouvernement d’atteindre ses objectifs.

Sur le plan africain, l’Ile Maurice se positionne à la 5e position. Elle est devancée, dans l’ordre, par les Seychelles, le Botswana, le Cap-Vert et le Rwanda. Au niveau mondial, le pays se positionne à la 52e place, sur 180 pays, avec un score de 53. C’est un progrès par rapport à l’année dernière où elle occupait la 56e position.

« L’objectif avoué du gouvernement étant que Maurice atteigne un indice de 66, il reste du travail à accomplir », indique Transparency Mauritius, branche locale de Transparency International. 

Celle-ci précise que les récents événements, comme l’affaire Saint-Louis et ceux des deux derniers trimestres de 2020, n’ont pas été comptabilisés lors de cet exercice. « Les affaires qui défraient l’actualité locale actuellement devront avoir des répercussions l’année prochaine », précise l’organisation. Et à ce niveau, Transparency Mauritius tire la sonnette d’alarme et estime que « la situation est préoccupante ». 

Amédée Darga.
Amédée Darga.

« La République fait face à un déficit institutionnel du fait d’un népotisme désespérant, mais parfaitement légal si on s’arrête à l’aspect procédural. Certaines lois locales donnent plein pouvoir au Premier ministre et à ses ministres de nommer au sein ou à la tête des institutions, les personnes de leur choix, sans aucune obligation de motiver leurs décisions. Les lois n’ont pas été votées pour un petit groupe de protégés au détriment de la majorité. Le système démocratique, avec les élections générales qui permet au peuple de choisir ses représentants, a un objectif noble. Il ne faut pas qu’il soit instrumentalisé à des fins partisanes », estime l’ONG.

Indépendance

Transparency Mauritius note le nombre de crimes violents et estime que « le gouvernement a le devoir de rassurer la population et les institutions doivent assumer leurs rôles en toute indépendance. Il y a la perception que, face aux critiques, la communication du gouvernement est dépassée ou maladroite ».

Elle s’inquiète aussi du fait que les membres du gouvernement, « avec le Premier ministre en tête », utilisent des plateformes socioculturelles pour répondre aux critiques ou donner leurs points de vue. L’ONG ajoute que les organisations socioculturelles sont grandement financées par le gouvernement. 

Transparency Mauritius revient sur les mesures prises par le gouvernement par rapport à la liste noire du Groupe d’action financière (GAFI) et la liste grise de l’Union européenne. Elle estime que Maurice, avec son niveau élevé d’alphabétisation et de connaissance académique et technique, ainsi que son rayonnement, « n’aurait pas dû se trouver sur cette liste ». Et plusieurs gouvernements partagent ce tort.

L’ONG estime aussi qu’il est dommage que Maurice n’ait pu donner de réponse adéquate à une des faiblesses soulignées par le GAFI. Elle a trait au financement de la société civile. « Il est désespérant de voir que Maurice n’a pas cru nécessaire de légiférer par rapport au financement des partis politiques et des politiciens ainsi que des associations socioculturelles. Malgré le fait que Maurice ait ratifié la Convention des Nations unies contre la orrruption qui requiert, entre autres, que les pays signataires légifèrent pour une Freedom of Information Act et pour la criminalisation de la corruption au sein du secteur privé, ces lois se font toujours attendre. »

Mais, il y a du positif. Transparency Mauritius estime que des progrès significatifs peuvent être faits en peu de temps, et précise encore que la recette est simple. « Le gouvernement peut prendre une série de mesures courageuses dans le sens de la bonne gouvernance et laisser les institutions opérer en toute indépendance avec des personnes compétentes. Il peut faire voter des lois ayant trait à la libre circulation de l’information et au financement des partis politiques. Il peut s’assurer que l’Electoral Supervisory Commission ait plus de pouvoir. Il peut revoir le principe de nominations au sein des institutions et des corps parapublics. »

Faizal Jeerooburkhan.
Faizal Jeerooburkhan.

Le premier du classement de Transparency International est le Danemark. Le dernier est le Soudan du Sud. L’ONG se base sur six sources indépendantes pour élaborer son classement. Ils sont les indicateurs des conditions économiques et de risque 2019 de Global Insight, l’indice de transformation 2020 de Bertelsmann Stiftung, le service des risques 2020 de l’Economist Intelligence Unit, l’indice de l’État de droit de 2020 de World Justice Project, le Projet Variétés de démocraties (V-Dem v.10) de 2020 et l’enquête d’opinion 2019 auprès de cadres dirigeants du Forum économique mondial.

Dégringolade

Maurice fait du surplace et il est cinquième en Afrique. Toutefois, l’affaire Saint-Louis et les autres scandales qui ont suivi n’ont pas été pris en considération lors de cet exercice. Chuterons-nous lourdement ou est-ce qu’il a un moyen de redresser la barre avant le prochain exercice ? 
Amédée Darga, observateur sociopolitique, répond par une autre question. « Est-ce qu’il y a une volonté politique ? » L’ancien membre de l’Assemblée nationale fait comprendre que la réponse se trouve dans la question. Pour que Maurice améliore son positionnement au classement, il faut voir ce qui est fait pour qu’il ne s’enfonce pas. D’ailleurs, Amédée Darga explique qu’il faut se demander ce qui est fait par les décideurs politiques pour que la perception de corruption s’améliore à Maurice. 

Faizal Jeerooburkhan, un autre observateur, est convaincu que la situation se détériorera. Il souligne qu’il est automatique que la perception de corruption s’accentue avec les affaires qui ont surgi depuis celle de Saint-Louis. « Il y a des allégations de corruption au plus haut niveau et il faut prévoir une dégringolade au niveau de l’indice de perception ». Selon lui, le pays est dans un engrenage infernal et un scandale en cache un autre. Il ajoute que la population n’arrive pas à distinguer les vérités des faussetés. 

Pour lui, il faut un changement drastique de leadership. « Mais changer de parti au pouvoir reviendra au même, il faut changer le système en commençant par la Constitution et les nominations à la tête des institutions », affirme l’observateur. Pour lui, les dérapages des membres et dirigeants des institutions ne laissent présager rien de bon. 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !