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Géraldine Hennequin-Joulia : «Les partis émergents bloqués par le ‘First Past The Post’»

Amédée Darga, Cader Sayed-Hossen, Géraldine Hennequin-Joulia et Patrick Belcourt.

Dans quelle mesure l’électorat est-il prêt pour des changements ? Les nouveaux partis politiques arrivent-ils à séduire l’électorat ? Ce sont les questions que la journaliste Jane Lutchmaya a posées à ses invités lors de l’émission Au Cœur de l’Info sur Radio Plus le mercredi 15 mars 2023. Géraldine Hennequin-Joulia, leader d’Idéal Démocrate, était sur le plateau. Les autres intervenants étaient Amédée Darga, ancien ministre, Jérôme Boulle, ancien Deputy Speaker Cader Sayed-Hossen, du Parti Travailliste, et Patrick Belcourt, d’En Avan Moris.

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Amédée Darga souligne que 23 % d’électeurs se sont abstenus aux élections générales de 2019. « Cela veut dire plusieurs choses, mais principalement ça signifie qu’ils ne se retrouvent pas parmi le choix (de candidats) proposé », précise le directeur de Straconsult Africa Business Development Service (ABDS). Il ajoute qu’en 2019 toujours, 9 % des électeurs ont voté pour des nouveaux partis politiques et « cette tendance est à la hausse ». En 2014, 11 % des électeurs des quatre circonscriptions de Port-Louis n’ont pas voté pour les grands partis. Lors d’un sondage effectué en 2022 sur un échantillon de 600 personnes, 34 % ont signifié leur intention de ne pas voter pour un parti traditionnel et 19% n’avaient pas d’opinion. Dans un autre sondage effectué en 2022, ce sont 21 % des sondés qui ne veulent pas voter pour un parti traditionnel, alors que 29 % sont sans opinion. 

Géraldine Hennequin-Joulia confirme cet engouement pour les nouveaux partis politiques. « Il y a un nouveau dynamisme qui émerge, mais le principal verrou est le système électoral ‘First Past The Post’ (FPTP) qu’on a hérité des Britanniques et qui exclut les petits partis, les minorités ethniques et les femmes», affirme la leader d’Idéal Démocrate. 

Amédée Darga ajoute qu’avec le système ‘FPTP’, « les nouveaux partis tentent d’émerger, mais je n’en ai vu aucun réussir ». « Cependant, le MMM a réussi à émerger de ce système. Si on veut du changement, il faut en créer les conditions», soutient-il. 

Pour défier les grands partis, Amédée Darga estime que les partis émergents « doivent s’asseoir ensemble et s’allier ». « En se présentant seuls, ces mouvements vont fragmenter les votes alternatifs. Il faut une force commune. Par exemple, si un parti propose une femme comme Premier ministre, alors ce sera un signal fort », lance le directeur de Straconsult ABDS.

La leader d’Idéal Démocrate répond qu’il y a des discussions entre les nouveaux partis politiques. « Mais il faut comprendre le potentiel de chacun. Cela prend du temps, on ne peut pas se précipiter, il y a une question de confiance entre les partenaires. Je ne crois pas que les partis traditionnels sont prêts à présenter une femme leader ou comme Premier ministre. Mais un leader s’émerge par lui-même, on ne le désigne pas ».

Désir de changement

Pour Patrick Belcourt, les Mauriciens « ont toujours eu un désir de changement, mais les partis traditionnels se sont accaparé le pouvoir, le changement devient difficile ». Il ajoute : « Nous allons venir avec de vrais projets pour la démocratie locale. Nous venons avec des arguments valables. Les élections ne sont pas ‘free and fair’, ce qui bloque les nouveaux partis », dit-il.

Selon Jérôme Boulle, le problème vient du fonctionnement des partis politiques. Il ajoute que « les anciens politiciens ont besoin d’idées nouvelles, mais les nouveaux ont besoin de sagesse. Il n’y a pas besoin d’un véritable renouvellement, il se fera par lui-même si le fonctionnement le permet. Si la population ne veut pas que de nouveaux partis émergent, on ne peut pas la blâmer. Il faut rendre les partis politiques plus démocratiques », juge-t-il. 

Pour Cader Sayed-Hossen, « Navin Ramgoolam va emmener le PTr vers une troisième défaite consécutive si rien ne change dans le parti ». « Le PTr manque de profondeur et se concentre sur les critiques contre le gouvernement. Quand des structures ont les mêmes personnes en place, il y a une gangrène. Navin Ramgoolam a apporté de la grandeur au parti, mais quand le vent tourne, il doit le reconnaître », conclut-il. 

 

 

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