Deux moteurs d’une capacité de 15 mégawatts chacun ne sont plus en opération à la Centrale de St-Louis. Si le service de communication du Central Electricity Board (CEB) se veut rassurant, il ressort que, pour plusieurs techniciens, la situation serait « inquiétante ». Les abonnés ne seront pas pénalisés, insiste le CEB.
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Le Central Electricity Board rencontre de grandes difficultés pour identifier les problèmes survenus avec deux moteurs à la Centrale de St-Louis. Deux unités de 15 mégawatts sont hors service. « Le premier moteur, qui est tombé en panne, est ancien et le deuxième est plus récent » a déclaré le service de communication.
Cependant, ne voulant pas susciter d’alarme face à une situation que plusieurs ingénieurs de l’organisme qualifient d’inquiétante, l’on préfère relativiser en affirmant que la panne de ces moteurs est similaire à celle d’une voiture en panne et qu’il est maintenant nécessaire de procéder à la réparation. « Mais le plus important, c’est que nos abonnés ne sont pas pénalisés et qu’il n’y ait pas de délestage », assure-t-on au niveau du CEB.
Mais la situation est loin d’être aussi simple, selon des ingénieurs et techniciens du CEB. Certaines sources, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, soulignent que le CEB a rencontré d’énormes difficultés pour trouver les pièces de rechange nécessaires à la réparation de ces moteurs. « La difficulté à trouver les pièces de rechange pose un défi majeur. Elle peut être attribuée à divers facteurs, notamment la disponibilité limitée des pièces sur le marché, les délais de livraison prolongés ou même l’obsolescence des composants spécifiques des moteurs », explique une source bien informée.
On fait aussi ressortir que la rareté des pièces de rechange peut ainsi entraîner des retards dans les travaux de réparation, prolongeant ainsi la période pendant laquelle les moteurs restent hors service. « La recherche de pièces de rechange compatibles et de qualité adéquate peut également s’avérer être un processus complexe », poursuit-on.
Selon les données officielles du CEB, la Centrale de St-Louis a une capacité de production de 110 mégawatts et est équipée de sept moteurs de la marque Wartsila. Trois de ces moteurs, achetés en 2006, ont une capacité individuelle de 13,8 mégawatts. Les quatre autres moteurs Wartsila ont été acquis en 2017 sous le mandat de l’ancien ministre des Services publics et de l’Énergie, Ivan Collendavelloo, auprès de la compagnie danoise BWSC. Ces acquisitions avaient fait l’objet d’une enquête de la part de l’ancienne Independent Commission against Corruption (Icac) pour des allégations de corruption.
Selon le député Patrick Assirvaden, responsable du dossier énergétique au sein du PTr, il est impératif d’assurer la transparence dans la gestion de cette situation. Il souligne l’importance d’avoir une compréhension claire et précise de la situation actuelle. Il met en évidence la question de savoir si le CEB est actuellement contraint de puiser dans ses réserves pour compenser l’indisponibilité des deux moteurs de 15 mégawatts. « Que va-t-il se passer si d’autres moteurs tombent aussi en panne ? Il ne faut pas oublier que le CEB a, il y a quelque temps, acheté ces moteurs et ces moteurs ne sont aujourd’hui pas opérationnels », souligne-t-il.
Khalil Elahee, chargé de cours et expert en énergie, offre un point de vue distinct sur la situation. Selon lui, la mise hors service de deux moteurs de 15 mégawatts aurait pu poser davantage de problèmes en été. Il souligne que, comme nous sommes en hiver, la consommation d’énergie est plus faible, même si les gens continuent d’utiliser la climatisation malgré la saison. « Pendant les périodes de pointe où la demande énergétique atteint 450 mégawatts, l’absence de 30 mégawatts sur le réseau n’est pas aussi préoccupante. La situation actuelle permet de potentiellement compenser ces périodes de forte consommation grâce à la station de Champagne, qui dispose d’une capacité de 50 à 60 mégawatts », explique-t-il.
Ajouté à cela, Khalil Elahee souligne que les centrales à charbon de Terra et de St-Aubin peuvent également contribuer à compenser cette perte. Il souligne que la capacité de production de Terra est de 70 mégawatts et celle de St-Aubin, de 20 mégawatts. «Avec le soutien de ces deux centrales, l’absence de ces trente mégawatts est donc gérable», affirme-t-il. Notre interlocuteur soutient cependant que le CEB devra résoudre cette situation assez rapidement, du moins avant l’arrivée de l’été. Khalil Elahee dit finalement avoir confiance en la capacité du CEB pour gérer cette situation.
Une autre source au sein de l’organisme tient également à souligner qu’en 2022, lors du bras de fer opposant Terragen au CEB, où Terragen avait décidé de cesser sa production énergétique de 70 mégawatts en raison de la hausse des coûts de production, le CEB avait finalement réussi à gérer l’absence de Terragen malgré les critiques émises à ce sujet. « Si on avait été capable de gérer l’absence de 70 mégawatts en 2022, nous serons donc en mesure d’assurer pour ces 30 mégawatts », fait-il ressortir.
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