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Devises étrangères : un déséquilibre sur le marché causé par certaines banques

Des importateurs ont fait part d’une difficulté persistante pour obtenir des devises sur le marché ces dernières semaines.

Le Défi Quotidien révélait, dans son édition du 15 mai, qu’une banque a proposé à des importateurs de payer plus que le taux d’affichage pour obtenir des devises. Selon nos informations, plus d’une banque aurait entrepris la même démarche face au manque criant de dollars sur le marché. 

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Le marché intérieur des changes à  Maurice souffle le chaud et le froid depuis un certain temps. Au manque de devises sur le marché s’est ajoutée une pratique dénoncée par plusieurs demandeurs de devises. Les « Consolidated Indicatives Rates » de la Banque de Maurice ne sont pas respectés par toutes les banques du pays. Il s’agit des taux de change indicatifs consolidés de la roupie par rapport aux devises étrangères qui sont calculés par la Banque de Maurice comme des moyennes simples des taux de change indicatifs soumis par toutes les banques. Ils visent à donner une indication des taux de détail moyens en vigueur sur le marché au moment de la publication. 

À titre d’exemple, celui du dollar a oscillé entre Rs 46,51 et Rs 46,81 du 2 au 16 mai. Toutefois, des importateurs ont été étonnés et pris de court lorsque leurs banques leur ont proposé de payer plus que le taux affiché pour obtenir des devises. Ils se disent dans l’incompréhension entre une pénurie existentielle et le fait d’être contraints de débourser plus de roupies afin d’avoir les devises nécessaires. 

Selon Daniel Essoo, CEO de la Mauritius Bankers Association, la difficulté ressentie sur le marché des devises s’explique par le fait que depuis quelque temps, il y a eu une augmentation du coût du fret à cause des conflits au Moyen Orient. Cela, dit-il, vient augmenter le coût des importations du pays et peut mettre la pression sur l

L’une des sources de devises dans le pays, à savoir les revenus touristiques, se chiffre à Rs 23,98 milliards pour le premier trimestre 2024. Ce montant ne figurerait pas intégralement sur le marché. Une partie resterait sur le compte bancaire des opérateurs. D’où les appels au patriotisme du Gouverneur de la Banque de Maurice l’année dernière. 

Harvesh Seegolam avait à plusieurs reprises insisté sur le fait qu’il ne va pas tolérer les « disorderly conditions » sur le marché des devises. Or, un banquier fait comprendre qu’une banque ne peut forcer son client à vendre les devises qui figurent sur le compte de celui-ci. «  l se peut que le client accepte cependant de vendre ses devises à un prix supérieur à celui pratiqué sur le marché. La banque ne fera qu’office d’intermédiaire indirecte dans cette transaction, bien que le client ne vende pas ses devises directement au demandeur », argumente le banquier. 

Cependant, un ancien gouverneur de la Banque de Maurice est d’avis que la Mauritius Bankers Association (MBA) a un rôle important à jouer pour essayer d’améliorer la situation. « On ne voit jamais la MBA venir de l’avant avec des solutions pour ce genre de problème. C’est l’association qui doit faire une représentation à la Banque de Maurice. Dans cette histoire, ce sont les petites banques qui sont pénalisées », avance l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice. Concrètement, ce dernier propose que le régulateur publie chaque jour un taux de change qui doit être appliqué par toutes les banques. « Il est vrai que plusieurs banques n’ont pas de dollars, mais il ne peut pas y avoir de compétition sur la valeur de la roupie », poursuit-il. 

Par ailleurs, la MBA est-elle au courant de cette pratique menée par certaines banques ? Daniel Essoo répond que Maurice étant un centre financier international, le marché des devises est libéralisé. « Le marché des devises suit les mouvements de l’offre et la demande, mais fait l’objet de règles de conduite strictes de niveau international, sous la supervision de la Banque de Maurice, qui voit les transactions et les taux pratiqués par les banques commerciales », fait comprendre le CEO de la MBA. 

Or, le fait que les banques réclament plus que le taux d’affichage des devises risque de provoquer un déséquilibre sur le marché, souligne un banquier. Sollicitée pour une réaction, on est resté muet du côté de la Banque de Maurice. Le Défi Quotidien voulait savoir auprès du régulateur qu’est-ce qui explique la pénurie de devises sur le marché intérieur des changes en dépit des recettes touristiques. D’autres questions s’orientaient sur l’absence d’intervention de la BoM sur le marché des changes depuis le 1er avril dernier, le taux d’affichage plus élevé pratiqué par certaines banques et surtout les actions qui seront entreprises par la Banque centrale à l’encontre des banques concernées si cette pratique s’avère illégale. 

Interventions de la BoM sur le marché des changes en 2024

24 février : achat de 0,2 million de dollars
1er avril : vente de 5 millions de dollars 

Achats de devises par les banques et les cambistes au 1er trimestre 2024
Janvier
Dollar : 121 millions
Euro : 118 millions
Livre sterling : 16 millions
Février
Dollar : 124 millions
Euro : 145 millions
Livre sterling : 21 millions
Mars
Dollar : 146 millions
Euro : 120 millions
Livre sterling : 23 millions

Ventes de devises par les banques et les cambistes au 1er trimestre 2024
Janvier
Dollars : 178 millions
Euro : 63 millions
Livre sterling : 5 millions
Février
Dollars : 188 millions
Euro : 80 millions
Livre sterling : 6 millions
Mars
Dollars : 202 millions
Euro : 69 millions
Livre sterling : 8 millions
 


 

 

 

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